S03E01 – Sex positivity, asexualité et épanouissement

Tout au long de la saison, on va explorer les thèmes choisis en les étirant sur deux épisodes, qui vont en explorer des facettes différentes, mais toujours avec la même approche féministe, queer, et interrégionale. L’un des épisodes va être plus intello-recherche-philosophique-remise en question de toute, et l’autre plutôt créatif-artistique-féérique.

Aujourd’hui, c’est Alex qui prend le lead, avec un épisode ancré dans son univers nerd et émotif.

Segment 1 : introduction

Laurie : Allô à toutEs avec un criss de gros E à cause que c’est toujours ben la base d’essayer d’inclure tout le monde! Pour celleux qui nous écoutent pour le première fois, toutEs ou pantoute, c’est comme la relation ambigüe super importante que tu entretiens avec une personne vraiment spéciale dans ta vie, à quelque part entre l’amour, l’amitié, la filiation pis l’entraide, dont tu pourrais pas te passer mais que t’es pas capable de définir avec des mots, évidemment.

(rires)

Alexandra : Aujourd’hui, on parle de la place de la sexualité dans nos vies, et dans notre société, notamment dans les milieux queers et féministes. J’ai eu le plus grand des bonheurs de parler avec mon ami Gabriel Guertin Pasquier, qui est acteur, auteur, chroniqueur, et que vous connaissez peut-être pour son statut de star de la télé-réalité depuis son passage à Si on s’aimait à l’hiver passé, saison 2. Gabriel m’a parlé d’asexualité, de son expérience personnelle mais aussi du bigger picture en lien avec cette orientation sexuelle.

On va continuer de jaser, après l’entrevue, à propos de la hiérarchisation des relations, de la frontière floue entre amour et amitié, pis on va se donner plein de vocabulaire pour démystifier « l’orientation invisible ».

Laurie : PIS on va conclure avec une participation spéciale mais nouvellement récurrente de toutEs ou pantoute revisitée, parce qu’on starte une nouvelle saison aujourd’hui, fait que ça va être vers la fin de l’épisode. Une nouvelle collaboration qui nous fait tripper ben raide pis qui va vous faire regretter d’avoir fait stop avant la fin si jamais c’est votre genre.

Alexandra : On commence cet épisode drette là, à la vitesse des larmes qui me sont montées aux yeux pendant toute la saison de Si on s’aimait aussitôt que Gab était à l’écran! J’ai tellement braillé…

(rires)

Ensemble : Ici Alexandra Turgeon et Laurie Perron : Vous écoutez toutEs ou pantoute!

(Intermède musical)

Segment 2 : présentation expertE

Alexandra : Allô! Heille, Laurie, bienvenue dans cette troisième saison de toutEs ou pantoute, esti c’est donc ben capoté. Comment tu te sens?

Laurie : Énervée, énervée en crime! C’est vraiment hot qu’on ait la chance de faire encore une autre saison, pis particulièrement parce que cette saison-ci, on a la chance infinie d’avoir une équipe plus grande que jamais. On va vous nommer tout ce beau monde-là à la fin de l’épisode, mais vous l’entendez sûrement déjà en fait, toutEs ou pantoute a fait peau neuve et on se peut pu, y’a plein de nouveautés… On espère que vous allez aimer ça autant que nous autres, mais on est vraiment excitéEs de vous présenter la version 2.0! Ou 3.0, pour saison 3? I guess, hein…

Alexandra : On vous propose à peu près la même formule que l’année passée, pour cette troisième saison : On fait 2 épisodes de suite sur un même thème, sur deux angles différents, un angle plus vu de mon angle intello-recherche-philosophique-remise en question de toute, mettons, c’est de même que je le résumerais, pis l’autre angle plus comme artistique-féérique-création de Laurie, mais toujours avec la même approche féministe, queer, et interrégionale. Nos thèmes pis nos invitéEs pour la saison sont INCROYABLES, pis on est super enthousiastes pis on a hâte de présenter ça.

Pis, si vous voulez encourager toutEs ou pantoute, on est sur Patreon, une plateforme qui vous permet de vous abonner à nous autres à partir de 3$ par mois pis vous pouvez avoir du contenu spécial exclusif pis nous aider à payer notre monde pis notre matériel, en fait. C’est au patreon.com/toutesoupantoute.

Laurie : Ou si jamais vous avez envie de nous faire des dons non récurrents parce que comme moi, vous avez la chienne de l’engagement, ou simplement parce que vous avez vraiment plein d’argent dans vos poches que vous savez pas quoi faire avec, ben c’est correct, on peut vous libérer de ce lourd fardeau, les liens pour faire ça sont dans les notes de l’épisode! Pis aussi vous pouvez juste être là pis nous écouter, c’est déjà tellement hot.

Alexandra : O.K., on commence!

Dans l’épisode d’aujourd’hui, j’avais envie qu’on se remette en question ensemble, par rapport à la place que prend la sexualité dans nos vies. Par rapport à certaines normes, en fait, qui sont établies, j’ai l’impression, par rapport au sexe, pis qu’on remet peu en question, parce que même dans les milieux militants les plus allumés – j’ai décidé de pu jamais dire woke, en fait, je dis allumé –, ben il y a certaines choses qu’on prend quand même pour acquises et dont on parle souvent en surface, de façon super normée pis j’ai l’impression qu’on se questionne rarement sur le pourquoi du comment.

On parle donc aujourd’hui d’asexualité, qui est une orientation sexuelle qui définit une personne qui ne ressent pas, ou très peu, d’attirance sexuelle pour d’autres personnes. On va aussi aller plus loin que ça, on va remettre en question  plein de normes en lien avec les relations interpersonnelles, les relations amoureuses, d’amitié, plus casual, pis je suis convaincue que cette conversation-là concerne toute personne qui a des relations dans sa vie… donc pas mal tout le monde. Des questions du genre: est-ce que le sexe est nécessaire pour une vie de couple épanouïe? Pis pour une vie épanouie point ? Quelle est la différence entre amour et amitié si on enlève la variable sexuelle? On va penser à ça.

On va commencer ça en grand avec une entrevue touchante, éclairante et divertissante. Qu’essé qu’on veut de plus, je sais pas!

Je vous présente mon invité, Gabriel Guertin-Pasquier : c’est un artiste multidisciplinaire montréalais. En plus de sa formation d’acteur, on a pu le découvrir dans la seconde saison du docu-réalité Si on s’aimait, sur les ondes de TVA. C’est un artiste queer et ouvertement asexuel, il se passionne pour l’écriture dramatique, les enjeux LGBTQ+, le buto, le costume et l’art performatif.

Sans plus tarder, je vous présente mon entrevue avec mon ami, Gabriel Guertin Pasquier!

Laurie : Yay!

(Intermède musical)

Segment 3 : Entrevue avec Gabriel Guertin Pasquier

Alexandra : Allô Gabriel! Bienvenu à ToutEs ou pantoute! Merci d’être là!

Gabriel : Ça fait grand plaisir, allô Alexandra!

Alexandra : J’ai le goût qu’on commence, vu que la sexualité, en fait, ça peut revêtir toute sorte de définitions vraiment différentes selon la personne qui s’identifie comme asexuel, j’avais envie que tu nous donnes ta définition à toi de l’asexualité.

Gabriel : Euh, oui, ben premièrement, faut savoir que l’asexualité, c’est un large spectre, où chaque individu a une absence totale ou quasi-totale de désir sexuel.  C’est le plus important, quand on parle d’asexualité. Pis, il faut pas mélanger avec l’aromantisme, qui est de pas vouloir une relation de couple, pis surtout avec l’abstinence, qui est une baisse passagère de libido, parce que l’asexualité, c’est vraiment une orientation sexuelle à part entière.

Pour ma part, dans cette orientation sexuelle-là, ben je me considère grey sexual, ou en français, asexualité grise, donc, je suis ouvert, très rarement, à une relation sexuelle, selon la confiance que j’aie envers mon partenaire, pis faut savoir que pour certains et certaines asexuellEs, y’a parfois un dégoût profond pour la sexualité pis ça on appelle ça apathie sexuelle, pis c’est pas du tout mon cas. Moi, j’ai quand même une certaine petite ouverture. Je me considère aussi homoromantique, donc j’ai envie de bâtir une relation amoureuse avec un autre homme, mais j’ai pas nécessairement envie de coucher avec, ou j’ai pas nécessairement de désir envers lui. Pis, aussi, faut préciser que, quand on dit absence totale ou quasi-totale de désir sexuel, on parle surtout de relations génitales, donc tout ce qui est fellation, pénétration, etc., pis on parle pas nécessairement de tout ce qui est désir charnel, donc tout ce qui est caresses, bisous, tout le kit, ben c’est complètement autre chose, pis un asexuel peut vouloir cette chaleur humaine-là au lit, mais pas nécessairement le côté plus génital.

Alexandra : C’est full important les distinctions que tu fais, pis ouin, ça trace la distinction aussi entre l’intimité physique pis la sexualité carrément. Pis c’est des choses qu’on a tendance à mettre dans le même panier.

Gabriel : C’est ça. C’est deux choses vraiment distinctes.

Alexandra : Full important. Par rapport à ça, pis par rapport à ton expérience personnelle, j’avais le goût de t’entendre par rapport à faire un coming out comme asexuel, ou ne serait-ce que parler dans une relation parce que toi, c’est ça, tu te définis comme, t’es pas aromantique dans le fond, tu veux des relations avec des gens, mais à moment donné, dans ta relation, il faut que t’aies un talk par rapport au fait que t’es asexuel, donc y’a peu de chances que t’aies le goût d’avoir des relations sexuelles. Comment c’est reçu? Comment le fait de parler d’asexualité ou de peu de désir sexuel est reçu par les personnes allosexuelles, qui sont les personnes qui ne sont pas asexuelles ? Est-ce que, genre, ça peut être reçu comme une attaque, quasiment, ou comme un jugement ? As-tu vécu ça comme ça?

Gabriel : Oui, j’en ai vécu quand même pas mal, j’te dirais. En premier lieu, ça fait peut-être deux, trois ans que j’accepte mon asexualité pis que j’ai les termes pour me décrire, pis avant ça, je connaissais pas du tout cette orientation sexuelle-là, pis je me sentais vraiment anormal, là entre gros gros guillemets, mais j’pensais avoir un problème de libido parce que j’avais pas les termes. Pis, ça a résulté que j’ai vécu beaucoup de relations sexuelles non-consentantes pis je pensais que c’était de ma faute de pas vouloir, pis là, maintenant que je l’assume à 100% pis que je le marque sur mon profil Tinder pis toute ça, ben j’te dirais que tout a changé, y’a beaucoup plus de curiosité, premièrement, ça reste très sain les questions qu’on me pose, c’est tout le temps dans la bienveillance, pis y’a un désir d’apprentissage, mais, ça m’est arrivé plusieurs fois en dating de vivre un certain climat malsain, dans le sens que la personne, sachant que j’étais asexuel, pensait pouvoir me changer. Me guérir…

Alexandra : Te guérir, comme si c’était une maladie…

Gabriel : Exact, pis c’était un peu comme un défi que la personne se donnait pis ben, « tu vas voir, avec moi, tu vas aimer ça », pis ça des phrases comme ça j’en ai entendues quand même souvent, pis on m’a même déjà dit : « ouais, mais c’est peut-être parce que t’es zoophile », pis t’sais, des trucs complètement pas d’allure. Donc oui, y’a une ouverture, mais en même temps y’a un côté qui est comme… j’pense que c’est vraiment à cause du manque de représentation dans les médias sur l’asexualité que les gens sont pas au courant pis ils font des associations bizarres. Ou genre, dans l’émission Si on s’aimait où j’ai participé, y’a eu des téléspectateurs qui m’ont écrit pour me dire « force-toi, sinon tu vas toujours être seul dans la vie »… Ben t’sais, tu peux pas dire à quelqu’un « force-toi de faire l’amour avec quelqu’un d’autre », ça on appelle ça le consentement, ça fait des années qu’on en parle pis, bon, j’te dirais que c’est un mélange entre bienveillance et incompréhension.

Alexandra : Ouin, c’est tough. On va reparler de ton passage à Si on s’aimait tantôt, mais je veux continuer un peu sur ça, sur la réception par les autres personnes parce que, tu parlais plus avec des personnes que tu connais pas ou peu, ou quand tu commences à connaître quelqu’un, mais je me demande, t’sais, dans une relation à long terme, comment ça se peut, pis c’est quoi le niveau de charge émotionnelle qui peut rentrer là-dedans, dans une relation de care avec l’autre personne aussi?

Gabriel : Je pense que c’est possible une relation amoureuse entre une personne allosexuelle et une personne asexuelle. Je pense que si y’a respect mutuel pis que y’a un désir de compréhension, c’est possible. T’sais, y’a beaucoup de personnes qui parlent de fréquence de relations sexuelles pis qui faut faire l’amour deux, trois fois par semaine pour un couple sain pis toute ça, pis en même temps, j’ai déjà aimé du plus profond de mon coeur d’autres hommes, pis j’avais pas besoin de ces relations sexuelles-là, pis j’pourrais vivre ma vie complètement sans relation sexuelle et je serais heureux pis épanoui, donc j’pense que c’est possible. Y’a certaines personnes asexuelles qui sont ouvertes à une relation polyamoureuse, donc en grande partie pour laisser l’autre partenaire aller voir ailleurs, entre guillemets, pour satisfaire ses besoins, ses envies. Mais pour ma part, je pense que c’est pas un modèle de relation de couple qui m’interpelle tant que ça, pis je suis pas nécessairement jaloux, mais j’aime la vision plus traditionnelle du couple. Je pense que c’est possible si le côté sexuel se traduit en tout ce qui est plus physique comme caresses, dormir collés, toute ça, t’sais si ça aussi, ça va bien pour l’autre personne, j’crois que ça peut résulter en une magnifique relation. Mais aussi, moi j’ai découvert la communauté asexuelle y’a peut-être deux ans, pis je pensais être complètement tout seul, mais par exemple, y’a le groupe facebook Asexuels Québec, qui regroupe des centaines de personnes asexuelles, pis je pense que ça pourrait être super intéressant d’aller voir plus loin avec un autre homme asexuel, pis d’éventuellement me respecter et me faire respecter un peu plus que les autres relations que j’ai vécues dans ma vie.

Alexandra : Ouais, c’est une réflexion que tous les couples doivent avoir, t’sais, de voir ça va être quoi les paramètres de la relation, pis comment on va faire pour que chacun se sente respecté et épanoui.

Gabriel : C’est ça, exactement, pis parfois, ben ça marche pas malgré des sentiments amoureux forts. Ça m’est arrivé récemment d’essayer de bâtir une relation avec quelqu’un que j’apprécie encore beaucoup, pis on avait des sentiments amoureux qui se développaient, mais j’ai aussi appris avec le temps que parfois, on est pas jumelé avec la bonne personne, pis que c’est correct d’avoir une très très forte libido pis de vouloir des relations sexuelles à tous les jours, pis si je suis pas capable de remplir les critères de l’autre personne, ben c’est pas grave. Y aura une autre personne pour moi.

Alexandra : Tout à fait. Je trouve ça tellement important qu’est-ce que tu dis par rapport à comme le stress de qu’est-ce qui est normal dans une relation de couple d’avoir comme sexualité. Même pour une personne qui se considère pas comme asexuelle, je pense que c’est full important de déconstruire ça, parce que ça met énormément de pression sur, genre, toutes les relations de couple, je pense.

Gabriel : Ouais, vraiment. La sexualité est tellement omniprésente dans notre société, pis même quand je parle avec des amis allosexuels, ben pour elles ou pour eux, c’est tellement important la fréquence, pis ils m’en parlent tout le temps : « mais là, on a pas fait l’amour cette semaine, j’pense que ça veut dire quelque chose, notre couple bat de l’aile parce qu’on a pas couché ensemble depuis un certain temps ». Au final, on a tellement de pression sexuelle sur tout le monde que quand arrive quelqu’un d’asexuel, ben là c’est comme, c’est impossible aux yeux de plusieurs personnes d’avoir une relation amoureuse. Mais c’est totalement possible, c’est un concept qu’on a établi en tant que société que la sexualité, c’était trop important, mais pas nécessairement.

Alexandra : Oui, carrément, c’est vraiment des affaires qui faut séparer les unes des autres pour, j’pense, tout le monde être mieux, mais c’était justement là que je voulais aller. T’sais, j’ai l’impression aussi que la sexualité est fucking centrale dans notre société pis dans notre façon d’ériger des normes sociales de c’est quoi les relations entre les personnes. C’est quoi d’être asexuel dans une société qui est comme ça?

Gabriel : J’te dirais que c’est pas mal difficile, soyons honnêtes. On est dans un monde hypersexualisé, pis autant que j’adore la culture populaire, tout ce qui est musique, films, émissions et compagnie, c’est bourré d’allusions sexuelles, de scènes sexuelles, pis à tous les jours je suis confronté à mon identité, pis de faire « est-ce que c’est normal que ça me rende un peu mal à l’aise? Que je me retrouve pas dans quelque chose qui est censée représenter ma communauté? » Pis ça m’est arrivé très souvent, t’sais ça semble anodin, mais à mettons, dans un nouveau milieu de travail, ça m’est arrivé plusieurs fois qu’on me pose des questions indiscrètes sur ma sexualité, juste comme ça, pour apprendre à me connaître, mais ça me rend totalement mal à l’aise, parce que j’ai pas envie de faire mon coming out comme ça à n’importe qui –même si je l’ai fait à publiquement à la télé–, mais d’en parler, c’est pas à tout le monde que j’ai envie de l’exposer comme ça. C’est rendu quasiment plus tabou dans notre société de dire qu’on aime pas le sexe, l’acte sexuel, que de dire « hier, j’ai baisé avec quelqu’un pis on a faite ça », c’est rendu tellement anodin dans les discussions, donc pour une personne asexuelle c’est difficile de se retrouver dans la société, de se trouver des alliés là-dedans, pis de se respecter, pis de pas se mentir, parce que ça aussi c’est quelque chose que j’ai fait très longtemps dans ma vie. J’ai menti aux autres et je me suis menti sur ma sexualité parce que je voulais rentrer dans le moule, je voulais trouver un partenaire, mais là, j’ai envie de me respecter, pis en me respectant, ça devient un peu plus difficile, parce que je suis encore plus confronté à mon identité sexuelle.

Alexandra : Oui, pis comme tu dis, la conversation est tellement pas rendue là, comparé à d’autres orientations sexuelles qui sont de plus en plus comprises en dehors des milieux queers, mais, ça pas été une charge de faire un coming out dans un milieu de travail, ou dans des milieux familiaux.

Gabriel : Exactement.

Alexandra : Ça amène beaucoup de discussions qu’on a pas nécessairement le goût d’avoir à côté de la photocopieuse.

Gabriel : Quand je disais simplement que j’étais gay, j’avais pas envie nécessairement de le partager à tout le monde, c’est parfois un jardin un peu secret, pis on est comme poussé à le dire directement dans les milieux de travail ou avec des inconnus pour briser la glace, mais en même temps, c’est parfois un peu intrusif.

Alexandra : On devrait pas avoir à faire ça nécessairement. Je me demandais aussi, étant donné que tu t’identifies comme homoromantique, j’imagine que tu fréquentes des milieux queer davantage. C’est comment, justement, tu parlais d’une société qui est très sex positive, ce qui peut être cool, mais ce qui peut être aussi difficile quand t’es une personne asexuelle. C’est quoi qu’il y a de particulier, mettons, dans les communautés queer par rapport à ça?

Gabriel : J’dirais, par mon expérience, que la communauté gaie masculine que je connais est encore plus sexualisée que dans ma vie courante de tous les jours, avec d’autres communautés. Donc, ça devient encore plus difficile au niveau dating, surtout avec les applications de rencontre, on parle de top ou bottom ou des choses comme ça. Avant d’entamer une discussion avec quelqu’un, pis de décider d’apprendre à le connaître, on pose des questions si pointues sur ta sexualité, pis quand t’es une personne asexuelle, te faire demander « Top ou bottom? », t’as juste envie de répondre « ben, aucun des deux! », donc c’est un peu bizarre, ça devient un peu malaisant. J’ai reçu tellement de dick pics non-sollicitées, pis tout ça, que c’est tellement sexualisé. C’est très bien, ça convient à beaucoup de personnes, mais moi, étant asexuel, dans cette communauté-là, c’est un peu difficile, pis quand je marche dans le Village à Montréal, ben j’ai un peu de difficulté à me reconnaître parce que partout les sex shops, saunas, noms de bars à caractère sexuel pis tout ça… Ça convient à plusieurs personnes de ma communauté, pis on pense que la communauté LGBTQ+, particulièrement masculine, est nécessairement plus ouverte à la différence, pis c’est le cas, mais je pense que parfois, je me sens rejeté et oublié au sein de ma propre communauté.

Alexandra : C’est clair… C’est souvent appelé l’orientation invisible, l’asexualité, c’est ça, c’est invisibilisé. J’ai le goût qu’on parle, finalement, de ton passage à Si on s’aimait. Premièrement, j’ai tellement braillé en te voyant, t’étais tellement bon. Ça avait pas de bon sens! C’est peut-être parce que je te connais, mais je te trouvais tellement ouvert pis bon, pis genre, intelligent, pis tellement des beaux kits tout le temps! Félicitations!

À cette émission-là, qui est en fait une télé-réalité de couple, de relation de couple, t’as relevé un défi que je trouve super impressionnant. T’as participé à un show sur les relations de couple en t’assumant pleinement comme asexuel. Dans une société où on a de la misère à séparer l’amour pis la sexualité, c’était comment de vivre cette expérience-là ? Es-tu content de l’avoir fait?

Gabriel : Ben premièrement, je suis vraiment content de l’avoir fait. C’était vraiment une très belle expérience, pis pour être honnête avec toi, je pensais pas faire une télé-réalité dans ma vie, mais c’était tellement important pour moi de mettre en lumière l’asexualité, que j’ai fait « heille, peut-être que ça serait une bonne opportunité d’en parler davantage. »

Alexandra : C’est pour ça que tu t’es inscrit?

Gabriel : Oui, de prime abord, ça a été vraiment ma motivation. J’ai fait, heille, on en parle tellement pas dans les médias, pis dans des groupes comme Asexuels Québec que je te parlais un peu avant, on en parle en permanence qu’il manque de personnages asexuels dans les séries, y’a aucun modèle nulle part, pis pour moi, c’était important de mettre en lumière cette orientation sexuelle-là. Après ça, y’a eu les thérapies, qui m’ont vraiment beaucoup aidé à m’apprécier davantage, pis d’accepter tout ce qui a pu se passer dans mon passé sexuel surtout, parce que disons que ça a pas été facile de m’accepter tel que je suis. Je pense que le plus beau cadeau de cette expérience-là, c’est que comme je te disais, je suis venu pour parler d’asexualité, pis y’a plein de monde qui m’ont écrit pour me dire que grâce à moi, grâce à mes mots, y’ont découvert qu’eux-mêmes étaient asexuels. J’en ai reçu des centaines de messages comme ça, pis les premiers, j’ai pleuré, j’étais genre « c’est fou à quel point le pouvoir des mots existe ». Pour une fois qu’il y a un asexuel à l’écran, ça permet à d’autres de s’accepter pis d’arrêter de se sentir bizarre pis quasiment inhumain. C’est fou comment, des fois, on se fait maltraiter dans nos différences, surtout quand tu connais pas tes termes, pis que tu sais pas trop qui tu es… Ça été un beau cadeau de savoir que j’ai pu aider certains et certaines.

Alexandra : C’est tellement émouvant, bravo. J’avais le goût de parler d’un truc en particulier qui m’a un peu surprise, mais que là, plus je fais des recherches sur l’asexualité, plus je comprends. Dans tes rencontres avec Louise, la thérapeute, vous avez parlé ensemble du fait que toi, personnellement, en relation, une fois que tu te sens en confiance, tu peux avoir envie de t’ouvrir davantage sexuellement à ton partenaire. C’est ça que tu disais au début quand t’as présenté ta définition, que t’as pas un rejet complet de la sexualité, que ça peut arriver que t’aies du désir sexuel. Donc ça peut être ça, aussi, l’asexualité? C’est un spectre?

Gabriel : C’est tellement un grand spectre, l’asexualité, pis mon expérience, pis mon passage à l’émission reflètent pas la réalité de tous les asexuels de ce monde. La population asexuelle, c’est peut-être 1% de la population mondiale, ça parait pas beaucoup, mais c’est quand même beaucoup de personnes, c’est un large bassin, donc chacun a une réalité différente pis faut pas croire que mon vécu, c’est le même que pour tout le monde. Pour ma part, oui, si j’arrive à faire confiance à mon partenaire, je pourrais développer un certain désir sexuel, mais très limité dans le temps, dans la durée, ça pourrait être une seule fois en trois ans, ou à tous les jours, je le sais pas, mais y’a plusieurs asexuels que pas du tout, que même avec une grande confiance, ils ont pas envie de faire l’amour et c’est très correct. C’est très valide. C’est ça que plusieurs pensent, que c’est impossible d’avoir aucun désir, pis j’ai envie de leur dire que non. On peut être heureux et épanoui sans sexualité, pis que c’est ben correct. Faut pas avoir une seule définition, c’est comme pour les autres orientations sexuelles, être gay, être homosexuel, chacun le vit différemment, on a tous un vécu. Faut juste pas mettre tout le monde dans le même bateau.

Alexandra : Full important. Pour finir, en plus de maintenant être une star de la télé-réalité, t’es aussi un acteur pis t’es aussi auteur et scénariste. Tu as écrit une pièce qui s’appelle L’asexualité des abeilles. Peux-tu nous en parler un peu?

Gabriel : Oui, merci de me donner une petite tribune. C’est un show que j’ai commencé à écrire il y a peut-être deux ans. C’était vraiment par volonté de parler d’asexualité. Ce spectacle, je l’ai présenté à Island Fringe Festival, à L’Île du Prince Édouard y’a deux ans pis ça s’est super bien passé. J’ai vraiment reçu une ouverture du public à essayer de comprendre ce sujet-là. Maintenant, je suis encore en écriture, mais sans trop en dévoiler, il y a des bonnes chances que le public va pouvoir redécouvrir mon travail, donc je suis ben excité! Ça parle énormément, oui, d’asexualité, pis c’est un peu autobiographique, mais ça reste une pièce de théâtre, mais je voulais aussi parler des violences au sein de la communauté LGBTQ+ pis de plein de sujets qui m’interpellent beaucoup. J’ai fait beaucoup de danse dans ma vie, pis l’art visuel me passionne, donc c’est un peu un melting pot de beaucoup de choses.

Alexandra : Multidisciplinaire.

Gabriel : Oui, je suis vraiment excité, j’ai vraiment hâte de le présenter!

Alexandra : Je suis excitée moi aussi! Merci tellement pour ton temps pis pour cette entrevue. Je te trouve vraiment excellent. Merci pour ton temps pis pour cette conversation-là.

Gabriel : Merci pour l’invitation!

(Intermède musical)

Segment 4 : Retour sur l’entrevue

Alexandra : Bon je vais avoir l’air d’un maudit disque brisé mais osti qu’y rock, pis je nous trouve tellement chanceusEs d’avoir eu Gab ici! Comment tu feels tout ça, Laurie?

Laurie : Je trouve que c’est vraiment vraiment une entrevue ultra-pertinente pis y’est tellement éloquent pis clair dans la façon dont y s’exprime que c’est vraiment… bravo pour le choix de l’invité, je trouve que c’est vraiment pertinent pour démystifier l’asexualité. J’ai juste le goût de rappeler que notre bloc qui implique deux épisodes a pour thème la sexualité et le féminisme, pis je trouve que c’est vraiment important de parler de l’asexualité dans un bloc sur la sexualité, parce que c’est vraiment, comme vous le disiez dans l’entrevue, une orientation sexuelle à part entière, mais qu’on met souvent de côté, pis c’est pas parce que y’a absence de sexualité, que c’est pas en lien avec le sujet.

Alexandra : Oui, tout à fait. J’ai le goût de faire une parenthèse parce que l’asexualité pis la sexualité, quand c’est écrit c’est deux mots différents, mais à l’oral ça sonne vraiment pareil! Servons-nous du contexte I guess, pis on va faire des efforts.

Laurie : On peut dire le sexe la plupart du temps pour parler de la sexualité.

Alexandra : Ça gosse, mais c’est une bonne façon d’éviter cette confusion. J’ai le goût de commencer par le pouvoir des mots, qui est une de nos passions communes. Je trouve ça full important de parler d’asexualité parce que plein de gens connaissent pas cette orientation sexuelle, pis qui sont peut-être des personnes asexuelles ou en questionnement, ben pensent qu’ils sont malades, pensent qui sont prudes, pensent qui ont un bloquage, qui doivent être guéris, parce que c’est pas « normal » de pas aimer le sexe parce que c’est comme… on a tellement l’impression qu’un être humain doit avoir de la sexualité ou du sexe pour être épanoui, mais c’est pas le cas de tout le monde. Comme Gab a dit, 1% des gens sont asexuels. C’est beaucoup de monde. Pis c’est full important, parce que y’a plein de monde qui se force pour avoir une sexualité qu’ils ne veulent pas, pis une fois que tu t’en rends compte, ça peut être vraiment tough de te rendre compte que ton consentement, il était peut être pas tout à fait là parce qu’il te manquait des informations pis il te manquait le « droit » de refuser, de pas en avoir du sexe.

O.K, je commence avec mes définitions!

J’ai lu un ouvrage quand même phare quand il est question d’asexualité, et de la signification du sexe dans nos vies, et je vais beaucoup m’inspirer des propos de son autrice dans l’épisode.Ça s’appelle Ace, What Asexuality Reveals About Desire, Society, and the Meaning of Sex pis c’est écrit par Angela Chen. Je vous recommande tellement ce livre-là, honnêtement, que vous vous posiez des questions ou non par rapport à votre identité, c’est vraiment révolutionnaire et tellement important. En fait, ce dont je veux parler, c’est un peu les différents types d’attirance qui existent outre l’attirance sexuelle, pis qu’on a tendance à amalgamer un peu. Gab a parlé de l’attirance sexuelle pis de l’attirance romantique, qui sont deux choses différentes, mais dans son livre Angela Chen parle aussi de l’attirance sexuelle versus l’attirance esthétique. Trouver quelqu’un vraiment beau versus avoir du désir sexuel pour cette personne-là, ça peut être mélangeant un peu, mais c’est deux choses différentes.

Laurie : Oui, tellement, bravo. J’aurais pas pensé à le découper pis j’aurais tendance tout le temps à me dire que c’est pas correct, dans ma tête, d’avoir une attirance qui est purement esthétique pis remarquer… j’avais comme tendance à me dire que y’avait quelque chose d’objectifiant là-dedans. Mais finalement, c’est deux affaires différentes. Quoi que ça peut l’être! Tout peut être objectifiant ou pas, dépendamment de notre approche.

Alexandra : Je pense que oui. Dépendamment de ce qu’on fait avec ça. Pis là, la troisième affaire, Gab y a touché un peu, mais moi en tout cas ça m’a complètement jeté à terre quand j’ai compris ça : la libido pis l’attirance sexuelle, c’est deux choses différentes. Une personne asexuelle peut en fait pratiquement, certainement, a besoin des fois de satisfaire des pulsions sexuelles, parce que c’est un être vivant pis ça fait partie de certains besoins un peu plus biologiques. Y’en a possiblement qui n’ont pas ces besoins-là, mais c’est pas, en fait ça va pas ensemble. L’orientation sexuelle qu’est l’asexualité, c’est l’orientation sexuelle qu’est l’asexualité, c’est de ne jamais, ou très rarement, avoir de désir pour une autre personne. C’est pas de ne pas avoir besoin de sexualité physiquement, pis l’excitation sexuelle aussi, qui peut être déclenchée par un toucher, ou par la vision de quelque chose, c’est encore quelque chose d’autre que la libido pis l’attirance sexuelle. C’est fucké hein! Prenons le temps de penser à ça.

Je pense que ça rend le terme asexualité mélangeant, parce qu’en fait, c’est pas une absence de sexualité, c’est une absence d’attirance sexuelle pour autrui, mais an-attirance sexuelle pour autrui c’est un peu mélangeant comme terme.

Laurie : Oui, en effet!

Alexandra : Je pense que ça vaut la peine pour les personnes en questionnement qui se disent « Ah, mais des fois je ressens le besoin de me masturber », ben ça veut pas dire que t’es pas une personne asexuelle.

Laurie : Ouais, pis comme, c’est pas parce que t’as pas de libido pendant de un long moment que t’es une personne asexuelle nécessairement. Ça peut être mêlant, parce qu’on comprend que les orientations sexuelles, tout comme les identités de genre, c’est quelque chose de fluide. Ça devient mélangeant, à quel moment… moi, je me suis déjà posé la question. Ça m’est déjà arrivé de passer un an sans aucun désir sexuel, pis je me dis « Ah, ben là, finalement, peut-être que je suis asexuelle », pis là à d’autres moment c’est comme « non, non, mais là ça serait, tous les jours pendant trois semaines », ça devient mélangeant. Encore là, j’ai pas de solution à ça, mais c’est intéressant de considérer les deux choses comme étant différentes, notre libido versus l’orientation sexuelle c’est deux choses différentes, pis d’ajouter à ça la question de la sexualité envers soi-même, déclenché par des objets ou purement biologiques, ben là, en tout cas… c’est le pont entre la libido pis la sexualité, je sais pas trop, mais y’a beaucoup d’affaires à aller réfléchir pis déconstruire par rapport à tout ça.

Alexandra : Pis c’est toutes des affaires qui faut pas trop se mettre de pression d’être capable de les découper au couteau, parce que un peut influencer l’autre sans arrêt. C’est des sentiments, c’est vraiment très intime comme réflexion, c’est difficile de pouvoir le comparer avec d’autres personnes pour savoir comment ils se sentent par rapport à différentes choses.

Laurie : Exact, pis dans la notion de l’importance des mots pis d’être capable de nommer les choses, faut pas oublier que c’est super important si ça nous fait du bien, mais c’est pas une obligation d’être capable de se définir pis de rentrer dans des cases pour avoir quelque validité que ce soit, pis c’est ben correct si le flou vous convient, moi le flou me convient ben plus que ben des mots, mais des fois, y’a quand même un mot qui pop que je fais « Ah, O.K, bon ça me fait du bien, je comprends mieux une partie de moi », mais c’est pas… faut que ça nous fasse du bien, c’est pas une obligation.

Alexandra : Oui, c’est full important. J’ai le goût de nous amener sur un autre sujet pis une autre réflexion parce que dans mon entrevue avec Gab, on a parlé des milieux queers pis de est-ce que c’est difficile d’être une personne asexuelle dans les milieux queer , mais j’avais le goût qu’on parle ensemble de ça, en fait, mais aussi les milieux féministes. Je pense que ça peut être difficile de se sentir comme une « bonne féministe » si le sexe nous rend mal à l’aise, voire nous agresse, voire nous répugne, ce qui est le cas pour certaines personnes asexuelles. Les féministes ont entre autres lutté pour que pas seulement les hommes, les hommes cis aient le droit d’avoir plusieurs conquêtes sexuelles dans une vie, voire simultanément, et qu’on puisse en parler sans que ce soit honteux pis que ça soit vu d’une façon positive, d’où le mouvement sex positive, mais si on est une personne qui aime pas le sexe, qui en a horreur, ou ben qui comprend juste pas c’est quoi le trip, mettons, mais qu’on se considère comme féministe, ça peut augmenter l’isolement, je pense, pis la remise en question. Qu’est-ce que t’en penses?

Laurie : Ben, vraiment, pis on dirait que j’ai envie de faire un parallèle qui peut-être est pas bon, mais me semble pas si pire, c’est que aussi, l’objectif du féminisme, c’était de se donner le plus de droits possible, pis on dirait que j’ai le goût de penser à une personne qui tripe sur la course automobile, la mécanique et les moteurs, mettons, qui s’adonne à être une femme, c’est vraiment important, selon moi comme féministe, de donner le droit à cette personne-là de triper pis d’assouvir sa grande passion pour les automobiles sans que ça soit brimé par toutes normes de genre qui font que c’est un milieu masculin. Par contre, est-ce que ça veut dire que moi, dans toutes mes conversations avec cette personne-là, ça va me tenter de parler de moteur pis d’automobile? Non. Est-ce c’est important que cette personne-là respecte le fait que ça me tente pas de parler de ça pis me parle d’autres facettes de sa vie? Oui. Je pense que quelque chose qui est au coeur de notre vie, comme la sexualité, le sexe, par exemple, moi j’adore parler de sexualité, mais est-ce que ça veut dire que ça doit être au centre de toutes mes conversations? Pas nécessairement. Ça fait partie de moi, mais je passe quand même plus de temps à faire à manger, jouer avec mes enfants, faire de la musique que ça, pis c’est toute des parties importantes de ma vie, c’est pas obligé de faire partie de toutes nos discussions et, par conséquent, je pense que dans les milieux féministes, on se devrait d’accepter que certaines personnes vont se battre plus pour un sujet que pour un autre, pis on devrait pas exiger nécessairement des personnes qui sont complètement répugnées par la sexualité d’être les personnes qui seront le plus front pour libérer la sexualité de tout le monde, parce que si on libère la sexualité de tout le monde, on se donne aussi le droit que ça nous tente pas pantoute, pis de faire fuck that.

Alexandra : Tout à fait. J’ai une question que j’ai le goût de te lancer, Laurie, parce que je me demande ce que t’en penses, pis parce que moi, ça m’a fait beaucoup réfléchir, je j’ai un peu comme teasé au début, selon toi, si on retire le sexe de l’équation, comme tu décrirais le sentiment amoureux pour le distinger, mettons, de l’amitié?

Laurie : (rires) C’est pas smatt! Tu sais que je suis la pire personne pour répondre à ça.

Alexandra : Je suis curieuse de savoir qu’est-ce que t’en penses.

Laurie : Personnellement, je suis incapable de différencier le sentiment amoureux du sentiment d’amitié et la sexualité que j’aie avec certaines personnes ne vient pas modifier nécessairement, si je les considère comme des amis ou des amoureux ou amoureuses, fait que j’ai vraiment de la misère à répondre à ta question, c’est quelque chose qui est, pour moi, tellement abstrait qu’est-ce qui différencie les relations.

Alexandra : Est-ce que tu trouves ça grave de pas savoir? Ou si, pour toi, c’est totalement satisfaisant de rester dans le…

Laurie : Moi, je m’en fous ben raide de pas le savoir, même que j’aime ça, je préfère considérer tout le monde comme des amis parce que moi, l’amitié, c’est ma valeur suprême, c’est le maximum, je ferais tout pour mes amiEs, pis c’est le plus haut niveau de proximité que je peux atteindre, j’ai l’impression, c’est de l’amitié, qui peut être ou ne pas être parsemée de sexualité. Pis souvent, j’ai tendance à me sauver à la course quand une relation devient ce que les gens à l’extérieur appellent de l’amour, soit finalement la définition du couple, qui se calque sur une de mes relations, j’ai l’impression, parce que finalement, si j’avais à le décrire, la différence, ça serait dans la perception des autres, pis ça serait avec la possibilité de calquer la notion de couple sur une relation.

Alexandra : Les normes sociales, un peu, amène la définition.

Laurie : Pis que là, ça devient de l’amour. Pis je sais que c’est pas ça, pis que pour des personnes qui ressentent une différence entre l’amour et l’amitié probablement que la réponse serait différente, mais personnellement ça m’enflamme de la même façon.

Alexandra : C’est intéressant, ce que tu dis, pis ce qui est fou, mais pas tant que ça dans le fond, c’est que personne le sait, pis personne est capable de le dire avec des mots tant que ça, mais oui, certaines personnes, mais aussitôt que quelqu’un va amener une définition, quelqu’un va être là pour la challenger. T’sais, les chercheurs pis les chercheuses, y’en a qui ont amené des listes de critères pour dire «O.K., ça, c’est de l’amour, ça c’est de la filiation » qui est une relation plus de famille, « ça, c’est de l’amitié », mais comme je disais tantôt, c’est des sentiments tellement intimes pis tellement difficiles à traduire en mots que, comment tu écris une définition par rapport à ça? Comment tu fais pour ne jamais la remettre en question? Tu ne peux pas. J’ai le goût de dire un peu des définitions qui sont ressorties pour qu’on puisse les challenger ensemble, si tu veux.

Laurie : Ah, oui! S’il-te-plait.

Alexandra : Ça vient encore du livre d’Angela Chen, qui fait un peu une revue de littérature par rapport à ça. Y’a un psychologue qui s’appelle Victor Karandashev qui a fait une étude vraiment intense. Il a parlé à du monde partout dans le monde pour leur demander de décrire avec des critères la différence entre amour et amitié, pour faire un recensement des critères les plus communs. Je vais t’en nommer quelques-uns.

L’infatuation, l’espèce de passion vraiment intense; l’idéalisation de l’autre personne; vouloir une proximité physique et émotionnelle; vouloir une exclusivité avec une personne; vouloir que les sentiments soient réciproques, overthinking le comportement de l’autre; adapter sa vie pour l’autre personne; avoir de l’empathie pour l’autre personne, etc. Pis là, je trouve ça vraiment intéressant parce qu’on peut s’asseoir ben longtemps toi pis moi pis remettre en question chacun de ces critères-là pis les faire rentrer dans d’autres types de relations, surtout toi, qui ressent pas le sentiment de la jalousie pis ne ressent pas le besoin de l’exclusivité du tout, je suis sûre que c’est pas dans ta définition de l’amour.

Laurie : Non. Clairement pas. C’est dans ma définition de qu’est-ce qui est vraiment effrayant, adapter sa vie pour l’autre, mais je le fais… pour mes enfants!

Alexandra : Ben c’est ça, c’est compliqué, pis je suis curieuse de savoir, vous, à la maison, quelle est votre définition de l’amour? Pourquoi on parle de l’importance du sexe dans nos vies? Dans l’épisode d’aujourd’hui, mais en général, pourquoi on devrait en parler plus? Je pense que c’est full important, parce que, comme tu le disais tantôt, j’ai l’impression que la société dans laquelle on vit tourne beaucoup autour de « l’institution » du couple, mais que y’a plus qu’une façon d’avoir des personnes significatives dans notre vie, que deux amis peuvent avoir une relation de care, de partage pis de soutien vraiment aussi importante qu’un couple, pis c’est vraiment bizarre que nos normes sociales sont basées autour du fait que deux personnes ont du sexe ensemble, t’sais, c’est ça que tu fais que t’es un item qui a de la légitimité dans notre société.

Laurie : Ça a dû être utile pour assurer la survie des enfants de notre espèce éventuellement dans le passé, mais là, je pense qu’on est prêt à être over it.

Alexandra : Ça va, là. Y’a assez de monde, on peut se calmer. Y’a d’autres façons de fonder une famille que d’être dans un couple hétérosexuel.

Laurie : Ah, criss oui! On pourrait en parler éternellement, j’espère qu’un jour on va en parler éternellement.

Alexandra : Oui, parlons-en plus! Tout ça me fait penser à notre tout premier épisode en fait. Je trouve qu’on fait comme un cercle complet vers notre premier épisode qui s’appelait « Veux-tu être mon amiE?», qui est un épisode sur les amitiés, sur les différentes façons de centrer l’amitié dans nos vies, pis c’est définitivement l’épisode sur lequel on a eu le plus de commentaires. J’ai l’impression que ça a tellement touché beaucoup de monde, pis que ça veut dire que les relations, la façon dont les relations sont hiérarchisées dans notre société, ben ça fait chier pas juste nous, c’est quelque chose qui satisfait pas beaucoup de monde.

Laurie : Ouais, c’est clair. Pis tsé je pense, mettons, au party de Noël, de famille, pour celleux qui ont des partys de Noël de famille, où on se fait évidemment toujours demander « t’as tu un p’tit chum, t’as tu une p’tite blonde? » et où c’est pris pour acquis que, si on a un p’tit chum ou une p’tite blonde, ben c’est personne-là va nous accompagner, donc si quelqu’un nous accompagne qui est pas notre chum ou notre blonde, ben là ça devient vraiment mêlant, pis je sens que ça a pas exactement la même légitimité selon les types de relations versus le couple, parce qu’en effet, le couple est vraiment central à la façon dont notre société est construite.

Alexandra : Ouais, fait que je pense que c’est pour ça qu’il faut qu’on parle de la place du sexe dans nos vies pis de la hiérarchisation des relations encore plus tout le temps.

C’est un peu le mot de la fin pour mes réflexions philosophiques, mais j’ai une petite section « recommandations et ressources » pour terminer. Je vais commencer par les ressources d’aide, d’entraide et de rencontres. En fait, y’en a plus qu’on pense. Premièrement, Gabriel en a parlé dans l’entrevue, le groupe Facebook, qui est un groupe privé, qui s’appelle Asexuels du Québec :que vous soyez sûrEs ou pas de votre orientation, vous êtes les bienvenuEs à vous joindre à ce groupe. Ils organisent des rencontres avec des expertEs, des discussions entre les membres, ils organisent des séances « asexualité 101 » pour mieux comprendre le vocabulaire. Il y a un sous-groupe de rencontres en ligne, pour les personnes qui souhaitent avoir des relations romantiques, mais non sexuelles, donc ça peut être une bonne façon de rencontrer. Je pense que c’est vraiment une excellente porte d’entrée si vous êtes en questionnement ou si vous êtes assumés dans votre orientation sexuelle de l’asexualité. Sinon, si vous êtes en questionnement, nos amiEs d’Interligne, les intervenant.es sont formé.es sur la question, pis Gris Montréal aussi, reçoivent des formations par rapport à ça, donc c’est des bonnes ressources vers lesquelles se tourner en ce moment. Le site Web Aven est un site vraiment complet avec beaucoup d’informations aussi, je vais vous les mettre dans les notes de l’épisode. Sinon, je vous encourage tellement à regarder la saison 2 de Si on s’aimait parce que pour vrai, vous m’en parlerez, si vous avez pas versé une larme, vous êtes vraiment weird, je comprends pas.

Laurie : On juge personne, mais on va vous juger sur ce coup-là.

Alexandra : Oh oui, ça c’est la limite.

Laurie : Aussi, je pense à la série télé Sex Education, je l’ai bien prononcé en anglais, êtes-vous fière, Éducation sexuelle en français, qui parle beaucoup de sexualité chez les ados, pis y’a un personnage qui est asexuel, entre autres, pis ça fait partie de l’émission, fait que c’est le fun. Représentation positive!

Alexandra : Oui! Donc on va mettre tout ça dans les notes de l’épisode. Coudonc, c’est tu tout ce qu’on a à dire sur ce sujet-là?

Laurie : On dirait ben!

(Intermède musical)

Segment 5 : Assis-toi sur ton sofa avec ton inconfort par Miriame Gabrielle Archin

Myriame : O.K O.K, mais je veux m’exprimer, moi aussi!

Bon, nous sommes tous au courant qu’il y a une panoplie de clichés qui sont imposés aux corps noirs. Right? Je pense que tout le monde sait ça. En 2021, c’est comme, basic. Si c’est du nouveau pour quelqu’un qui écoute… va falloir ramer plus fort, hein.

Anyhoo! Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais faire un content warning pour la mention de mots reliés aux violences sexuelles, donc vous êtes maintenant avertiEs. I’m just gonna dive in.

Ma sexualité m’a comme été imposée. En fait, pas mal toutes les femmes et personnes noirEs se sont vues imposer leur sexualité d’une manière qui nous a dérobé notre innocence. Y’a comme ce syndrome de l’adultification très précoce des petites filles et personnes enfants noirEs, en fait, j’irais même jusqu’à dire qu’on y a pas droit à cette innocence liée à la sexualité et à la découverte de celle-ci. En se faisant dérober si tôt de cette innocence-là, ben veut, veut pas, ça fait en sorte qu’on s’est faite jeter très rapidement dans la gueule du loup des violences sexuelles, pis en tant qu’enfant slash pré-ado qui vit ça, ça crée une dissonance cognitive par rapport à simplement vivre sa vie d’enfant slash pré-ado tout en se faisant reluquer et clairement catcall en revenant de l’école primaire par des adultes, parfois des adultes connus de la famille, ben mettons que quand la puberté frappe, c’est vraiment particulier.

Bref, ce syndrome est un héritage de nul autre que… l’époque coloniale et esclavagiste! So, hear me out. À l’époque où les femmes noires, ayant été mises en esclavage, se faisaient agresser quotidiennment par leur maître, la notion collective qui circulaient afin de justifier ces agressions était que, étant donné que ces femmes étaient des « débauchées sexuelles » et sans morale, ben les esclaves noirEs étaient inviolables. Oui, vous avez bien entendu. C’était la norme, en fait, de penser, d’agir, de véhiculer que les femmes noires étaient des dépravées et dans le fond, à cause ça, étaient inviolables. Déjà que la femme noire était considérée comme une sous-humaine, ben c’était considérée comme impossible de les agresser dû à leur nature de dépravée sexuelle or whatever that means. Bien évidemment, ceci faisait partie des multiples stratégies qui ont été appliquées pour déshumaniser le corps noir et justifier la mise en place de l’esclavage des personnes noirEs, on connait chanson (d’autres mieux que certains). Dans le fond, de la femme noire insatiable, de la panthère, de l’animal, ce que ça nous fait vivre, à nous, concrètement, c’est rajouter une autre couche de dualité entre être belle pour une noire et simultanément, être une case sur une bucket list, si je peux dire ça, même pour garder ça soft, mettons.

Pour ma part, cette dualité s’est vécue majoritairement à l’adolescence, au travers de ce que je croyais naïvement à l’époque être une double vie pour apprendre plus tard que, dans le fond, y’avait rien de secret pantoute. Anyhoo! Ma relation à mon corps et ma sexualité à l’époque se traduisait par le sentiment que j’étais indésirable pour la plupart des jeunes de mon âge, surtout blanc, mais ça c’est une autre histoire. Fait que ouin… disons que ma sexualité à l’adolescence était plutôt wild.

En dehors de cette dualité, l’environnement dans lequel on circule est encore moins sécuritaire pour les femmes noires, encore aujourd’hui. D’ailleurs, une recherche qui a été publiée par le journal Psychology Women Quarterly, a démontré à la suite de tests effectués sur 160 étudiantes universitaires blanches que celles-ci étaient moins portées à venir en aide à une femme se faisant agresser si elle était noire. Elle sentait, et je quote : « They felt less personal responsibility ». Oui… donc je vous laisse… I will let you connect the dots. (Soupir) Crissement fucked up.

Bref, malgré toutes les dualités que je peux vivre personnellement, en tant que femme noire bisexuelle, y’en a une que je vis tellement pas pis qui est tellement importante, c’est celle de naviguer toutes les choses que j’ai mentionnée plus tôt, mais en tant que personne noire asexuelle, tous genres confondus. Les laissés-pour-compte de notre arc-en-ciel. Déjà que la représentation afro-queer est quasi nowhere to be found, de façon mainstream, du moins, la notion de personne noire asexuelle est comme juste inexistante dans la pensée collective. J’avoue que je me suis fait aller le Google ben rapidement sur le sujet, pis… shame on you, shame on all of us. À quel point la pression liée à la sexualité mise sur les corps noirs est immensément violente pour les personnes asexuelles, compte tenu de tout notre héritage post-colonial. J’ai découvert un nouveau stéréotype : dans le fond, le seul référent d’une personne noire asexuelle est le stéréotype de la mamie. Mais quel est le stéréotype de la mamie, me demandez-vous? C’est le stéréotype de la travailleuse domestique super dévouée à la famille qu’elle sert. Tellement dévouée qu’elle est prête et qu’elle va volontairement sacrifier ses propres besoins. Ouin, ordinaire.

Pour finir, mes recherches m’ont crissement call out par rapport à mon identité de personne sex positive, cause, you know, sex positivity should include asexuality. En fait, le sexe positivisme a le devoir d’inclure l’asexualité, pis je vais définitivement approfondir mes recherches sur le sujet. Je vous invite à faire de même. Sur ce,  je vous dis, à la revoyure, et si quelqu’un s’est senti inconfortable à un moment ou à un autre, ben… qu’iel aille s’asseoir sur son sofa avec pour le regarder dans le blanc des yeux.

(Intermède musical)

Segment 6 : Le mot de la fin

Laurie : Bon, ben merci à Miriame Gabrielle Archin de nous avoir coupé la parole, sérieux. C’est notre nouvelle collaboration qu’on avait full hâte de vous présenter. Miriame est une artiste multidisciplinaire, comédienne, autrice, ça nous fait vraiment plaisir qu’elle collabore avec nous, fait que watchez-nous, ça va toujours continuer.

Alexandra : Oui, merci Miriame d’être là! On est full énervéÉs! C’est ce qui cva conclure cet épisode, ce premier épisode de la nouvelle saison de toutEs ou pantoute! On se reparle dans deux semaines, dans le prochain épisode, on continue notre réflexion au sujet des liens entre intimité, sexualité, féminisme et queerness. Laurie prend le lead du prochain épisode pis nous amène dans son monde créatif pour parler des représentations de l’intime et de la sexualité. Laurie a parlé à une artiste qu’on est à peu près sûrEs que vous connaissez pis qu’on aime perso vraiment full, j’ai une illustration sur mon mur, pis toi aussi Laurie?

Laurie : Non, mais j’en ai une sur mes bobettes.

Alexandra : D’ici là, on veut savoir : quelle place trouvez-vous que la sexualité prend dans nos vies, dans votre vie? En êtes vous heureux.se? Êtes vous capable de trouver la frontière entre l’amour et l’amitié ? Donnez-nous vos définitions, on hâte de vous lire! Gênez-vous pas pour nous écrire sur nos médias sociaux, on s’appelle toutEs ou pantoute pis on est sur Instagram et Facebook et on a même un courriel toutesoupantoute@gmail.com.

Laurie : AUSSI, on vous invite à nous écrire si vous pensez qu’on peut s’améliorer d’une quelconque manière. C’est quoi nos angles morts? Qui on oublie, qu’est-ce qu’on oublie? Hésitez pas à nous aider à s’améliorer, notre bonne volonté est pas mal plus grande que notre connaissance, on le sait, pis c’est ben correct! Mais on voudrait bien s’améliorer. Et, évidemment, si vous avez une passion, un talent, une expertise, pis que vous aimeriez partager ça de façon tout à fait platonique et passionnelle, écrivez-nous! On sait pas dans quelle mesure on va pouvoir collaborer à cette nouvelle passion entre vous et nous, mais on veut vous connaître et on est toujours à la recherche de nouveaux sujets, et de personnes de tous horizons pour en parler avec nous en ondes. On veut sortir de nos cercles! S.O.S.!

Alexandra : Merci encore une fois à Miriame Gabrielle Archin pour son nouveau segment plus que rafraîchissant. Merci à Elyze Venne-Deshaies pour les brand new jingles, avec Christelle Saint-Julien à la harpe et Henri-June Pilote aux percussions.

Laurie : Merci à Marie-Frédérique Gravel pour le mixage et le mastering de ces fameux jingles.

Alexandra :  Merci à Odrée Laperrière pour notre tout nouveau visuel vraiment fucking beau. Merci à Cassandra Cacheiro pour les photos de star. Merci à  Marie-Ève Boisvert pour le montage et le mixage. Merci à Maïna Albert pour l’habillage sonore. Merci à Émylie Duchesne pour la transcription de l’épisode. Merci à Ève-Laurence Hébert pour la coordination et Melyssa Elmer à la gestion de médias sociaux. Merci au Conseil des arts du Canada pour son soutien. Et finalement : merci à vous autres d’avoir joué avec nous!

Laurie : Merci, bye!

(Générique de fin)

Fin de l’épisode