S03E07 – Poids, beauté et discrimination avec Coco Béliveau

(Musique d’intro)

Segment 1 : Introduction

Laurie : Allô allô à toutes avec un criss de gros E à cause c’est toujours ben la base essayer d’inclure tout l’monde! Pour celleux qui nous écoutent pour le première fois, toutEs ou pantoute, c’est comme comme la conversation qu’on aurait aimé avoir en se préparant pour sortir au bar avec ses autres amies mineures du secondaire, mais où personne se regarde dans le miroir en disant qu’elle se trouve laite.

Alex : Ça aurait été tellement cool! Aujourd’hui, on commence notre bloc de deux épisodes sur les normes et les biais sociaux. On parle aujourd’hui de discrimination liées aux normes de minceurs, dans une entrevue avec Coco Béliveau. Après l’entrevue, on va essayer de décortiquer certaines des façons dont la discrimination liée au corps se construit et s’alimente, notre part de responsabilité là-dedans, et on va parler de représentations positive et négative en lien avec l’apparence physique et le poids.

Pis aujourd’hui, on a la chance d’avoir avec nous à l’animation aujourd’hui notre collaboratrice Émilie Duchesne, qui va participer à au débriefing avec nous après l’entrevue. Émilie s’occupe de la transcription de nos épisodes cette saison-ci et a beaucoup de réflexions et de choses à dire par rapport au sujet de l’épisode, fait qu’on s’est dit: awèye viens jouer avec nous!

Emilie : Allô! Merci de me recevoir, je suis contente d’être là!

Alex : Yay!

Laurie : PIS on va conclure avec une participation spéciale mais récurrente de ToutEs ou pantoute revisitée à la fin de l’épisode. Une collaboration qui nous fait tripper ben raide pis qui va vous faire regretter d’avoir fait stop avant la fin si jamais c’est votre genre.

Alex : On commence cet épisode drette là, à la vitesse où on pogne les nerfs quand quelqu’un nous félicite d’avoir perdu du poids! Ici Alexandra Turgeon…

Laurie : et Laurie Perron!

Ensemble : Vous écoutez ToutEs ou pantoute!

Segment 2 : Présentation de la thématique et de l’invitéE

Laurie : Tout au long de la saison, on va explorer les thèmes choisis en les étirant sur deux épisodes, qui vont en explorer des facettes différentes, mais toujours avec la même approche féministe, queer, et interrégionale. L’un des épisodes va être plus intello-recherche-philosophique-remise en question de toute, et l’autre plutôt créatif-artistique-féérique.

Aujourd’hui, Alex me vole ma job, et nous propose une entrevue ancrée dans un univers créatif et artistique, mais elle revient en force avec plein de recherches et de réflexions nerds tout de suite après!

Alex : O.K., let’s go, on part ! Mais avant, side note, si vous voulez encore plus d’épisodes de toutEs ou pantoute où on continue de jaser des mêmes sujets sur des angles différents, considérez vous abonner à notre Patreon, au Patreon.com/toutesoupantoute! On a des bonus pas mal à tous les mois, pis on parle de ce qu’on n’a pas eu le temps d’aborder, de ce qui nous fâche, nous anime, etc. Par exemple, Laurie vient de faire une vidéo vraiment cute avec plein de recommandations de livres et d’œuvres en lien avec l’intimité. On vous donne aussi accès à nos entrevues sans montage. On vous donne plein de contenu supplémentaire, pis nous ça nous aide à financer notre projet.

Laurie : Vous pouvez aussi nous faire des dons non récurrents si vous avez peur de l’engagement, comme moi, les liens pour ce faire sont dans les notes de l’épisode! Pis aussi vous pouvez juste être là pis écouter, c’est déjà tellement hot.

Alex : O.K., on part! On vit dans une société où, pour certaines raisons qu’on va essayer d’explorer aujourd’hui, on a décidé qu’il y avait des corps qui étaient acceptables, des corps qui étaient considérés beaux et rayonnants de santé, et des corps qui sont considérés inacceptables. On est dans une société qui a aussi décidé qu’il y a une orientation sexuelle, deux expressions de genres, puis une couleur de peau, entre autres, qui sont mieux que les autres. On est dans une société où des normes sociales et des biais nous entrainent à vouloir changer notre apparence, ou à juger de manière positive ou négative les gens autour de nous en fonction de leur apparence. Pis devinez quoi, on est ben à boute de ça. C’est de ça qu’on va parler aujourd’hui, bien modestement, en faisant évidemment pas le tour de la question.

On va commencer notre épisode avec une entrevue que j’ai eu beaucoup de plaisir à faire. J’ai parlé avec Coco Béliveau, qui est artiste multidisciplinaire acadienne. Humoriste et justicière qui mélange humour, rap et réflexions toujours dans l’espérance d’être vecteur de changement social. J’admire beaucoup Coco, et j’avais envie de lui parler dans cet épisode, parce que je l’ai entendue plusieurs fois prendre la parole au sujet des normes sociales au sujet de la minceur et de l’apparence physique, et parce qu’elle a récemment créé un spectacle sur le sujet, avec une approche ma foi fascinante. On vous en parle plus longtemps dans l’entrevue.

On va revenir de l’autre côté de l’entrevue, comme d’habitude, pour continuer de parler de comment les normes sociales liées à l’apparence naissent et s’alimentent, de comment on se fait parler et on parle entre nous de nos corps, et de représentation des corps dans les médias et dans les discours d’experts. Tout ça avec notre collaboratrice invitée Émilie Duchesne. Je vous présente tout de suite mon entrevue avec Coco Béliveau!

Segment 3 : Entrevue avec Coco Béliveau

Alex : Allô Coco Béliveau! Bienvenue à ToutEs ou pantoute, merci d’être là!

Coco : Merci à vous de m’accueillir si chaleureusement ! Et de pas me faire quitter ma maison, ça j’aime ça! (Rires)

Alex : Moi je suis dans le Bas-du-Fleuve, ça aurait été un peu compliqué!

Coco : Toute une drive!

Alex : (Rires) Premièrement, la raison pour laquelle j’avais envie de parler avec toi particulièrement aujourd’hui par rapport au sujet de notre épisode, ben, en plus du fait que tu t’exprimes quand même régulièrement publiquement pis d’une façon vraiment pertinente, d’ailleurs, au sujet de la grossophobie pis des normes sociales par rapport à l’apparence physique, c’est aussi à cause d’un concept de spectacle que t’as fait y’a quelques années. Ce show-là s’appelait Laide, pis tu t’intéressais directement à la grossophobie. Dans ce show-là, t’as abordé le sujet d’une façon vraiment originale pis t’as mêlé un peu l’expérience presque scientifique à la création. Est-ce que tu pourrais nous parler un peu du concept de ce show-là?

Coco : Le spectacle Laide, c’était un spectacle sur la grossophobie, pis essentiellement, le processus du spectacle, c’était de perdre le plus de poids possible pour prouver que c’est différent la manière dont on est traité dans un corps mince. Moi, je le voyais de cette manière-là : Des fois, t’sais, quand un gars est sexiste, il a besoin qu’un gars lui dise qu’il a besoin d’être sexiste, parce qu’il va pas écouter une fille parce qu’il les respecte pas. Moi, je voyais ça de la manière que y’a des personnes minces qui ne vont pas trouver qu’une personne grosse est crédible parce que pour eux autres, les affaires sont trop intégrées. Je vais devenir mince et ensuite pouvoir expliquer, telle l’homme féministe, aux personnes minces le concept de la grossophobie, pis en ayant vécu dans les deux corps, je vais avoir les deux perspectives, fait que je vais pouvoir comprendre un peu d’où ces personnes-là viennent pis pourquoi elles auraient des blocages. C’est sûr que j’ai eu des découvertes qui confirmaient mes théories, pis d’autres qui étaient des réflexions aléatoires qui sont venues en cours de route dans le spectacle parce que je savais pas que ça allait être d’une telle façon, y’avait des affaires qui étaient très difficiles à essayer de soutenir ce rythme-là, pis ça a apporté de l’inspiration tout simplement sur le processus. Ça a été vraiment révélateur comme processus. Ça a été un fun spectacle à construire, j’ai beaucoup aimé ça.

Alex : C’est ce que je m’en allais te demander parce que juste au niveau de ta santé physique, ça a dû être super difficile, mais mentale aussi, ça a dû être vraiment challengeant.

Coco : Mentalement, oui, c’était dur. C’est surtout parce que j’aime beaucoup les défis intellectuels. De faire ça pendant, ça m’a pris un an presque et demi de construire ce spectacle-là, pendant un an et demi d’être immersé là-dedans c’était vraiment intéressant, mais c’est pas quelque chose que, même le processus de perdre du poids, c’est malsain et c’était mauvais pour ma santé, j’ai eu des répercussions de santé par la suite. Une des questions qu’on me demandait beaucoup quand je faisais des entrevues au moment où le spectacle est sorti, c’est « est-ce que tu prévois redevenir grosse après? », pis j’étais comme « ce qui va se passer avec mon corps va se passer avec mon corps! » Moi, j’ai toujours été une personne en santé, dans le sens où j’étais pas en train de manger de la pizza pis là j’ai décidé de changer ma vie. J’ai entrepris des méthodes extrêmes pour pouvoir rentrer dans un moule sociétal, mais mon corps est un corps qui devient gros. C’est juste comme ça, c’est pas tout le monde qui est fait pour être mince. C’est juste comme ça. C’est pour ça que j’avais besoin de faire le spectacle, parce que moi, quand j’étais jeune, j’avais beaucoup de difficulté avec le fait qu’on associait gros à laid. Moi, je me suis toujours trouvée belle pis je me faisais beaucoup dire que j’étais laide. Quand j’étais jeune, ma mère m’a mise sur une diète parce qu’elle savait que c’était très difficile pour les personnes plus grosses (ma mère, c’est une personne mince). J’ai eu toute ma vie cette contradiction, de dire « je vais vivre moins de préjugés si je le fais », fait que j’ai toujours été en yo-yo sur le poids. Fallait que je passe à travers de ça pour faire comme un point sur cette idée-là de faire des diètes pis de devenir mince pis que ça règle tout, parce que ça règle vraiment pas tout. Pis ça m’a pas donné d’estime d’être mince, mise à part que c’est un peu la poule ou l’oeuf, parce que y’a de l’estime qui vient de ça parce que les gens se mettent à te complimenter à tout bout de champ, pis tu te dis « crime, ça doit être hot », mais quand j’étais mince, j’avais vraiment de la difficulté à regarder mon corps parce que ta peau est plus slack, pis c’était vraiment quelqu’un d’autre, je me reconnaissais pas dans le miroir pis j’avais vraiment de la difficulté à concevoir que c’était moi que je regardais. Même, je regarde des photos de quand j’étais, je pense que je me suis rendue à, j’ai commencé à 260 livres, je me suis rendue peut-être à 180, pis je regarde des photos de ça pis je suis comme… (bruits de vomi). C’est pas moi, cette personne-là. Cette personne-là n’est pas moi, c’est quelqu’un qui est brûlée, complètement brûlé. Moi, le stand up que je fais, c’est que je vais dire les affaires que j’aurais besoin d’entendre. C’est vraiment ça mon processus au complet, je dis les choses que j’aurais besoin d’entendre. La grosse affaire que si quelqu’un a une question, y’a quelqu’un d’autre qui a une question, ce que nos profs nous disent tout le temps, ben c’est exactement ça pour moi le stand up. Moi, j’ai besoin de l’entendre pis ça me ferait du bien de rire de ça, pis ça va faire du bien à d’autre monde. Fait que je passe à travers ce processus-là parce que je sens que moi, comme tout le monde, a été truqué dans cette idée qu’on peut pas, on mérite pas de respect quand on est gros pis toutes ces affaires-là.

Alex : Je trouve que c’est quand même une grosse responsabilité pis une grosse charge, pour toi particulièrement, mais pour d’autres personnes qui sont activistes pis qui parlent de n’importe quel sujet lié à leur apparence ou à leur identité dans leur art. Je t’ai entendue dire que tu te sentais quasiment obligée ou une responsabilité de parler de ses affaires-là.

Coco : C’est sûr que c’est plate d’être une personne grosse dans la société dans laquelle on vit. C’est plate d’être dans un corps gros parce que c’est quelque chose dont t’es jamais dissocié. Quand t’es mince, t’es juste une personne qui est en train de faire quelque chose, t’es juste une personne talentueuse, t’es juste une chanteuse, t’es juste un gna gna. Si t’es un mannequin dans les normes, t’es juste un mannequin. Mais si t’es une mannequin grosse, t’es pas juste une mannequin, t’es une femme grosse. Un des commentaires que j’ai beaucoup eu quand j’ai commencé à faire du stand up, parce qu’avant je rentrais en dansant parce que j’aime ça danser, pis moi je trouvais pas ça drôle parce que je suis grosse, je trouvais juste que c’était drôle d’être vraiment énervée, pis je reçois un message un moment donné qui dit : «heille, t’es tellement confiante de danser devant les gens comme ça, comment tu fais, moi je suis grosse aussi pis je pourrais jamais ». J’étais comme… j’ai compris l’idée des gens qui disent que t’es courageux d’être confiant quand t’es gros parce que les gens ils veulent pas ça, mais pour moi c’est pas une nécessité d’en parler. Je sens que puisque j’ai un mal par rapport à ça pis que d’autre monde ont mal, je le fais pas parce que c’est ma responsabilité, mais parce que j’aurais besoin que quelqu’un le fasse pour moi. C’est sûr que oui, y’a des moments où je me sens obligée, mais c’est tout simplement parce que je me le fais remettre dans la face tout le temps, ça reste toujours un peu dans le top de mon subconscient quand je suis en train de penser à des idées pour des jokes, je suis toujours en train de réfléchir à ça parce que ça arrête pas d’être remis dans ma face. (Rires) Je suis un peu tannée d’en entendre parler! J’aimerais ça, le privilège que ce serait de s’en câlisser, pardonnez mon vocabulaire, mais comme, ça serait tellement un privilège de pouvoir m’en foutre pis de pas penser à ça pis que ce soit jamais mentionné, que je rentre sur scène pis que je parle de ma vie pis ce soit juste une vie et non « cette fille-là parle de c’est quoi être gros dans un couple »… je parle juste d’être dans un couple. C’est juste que mon corps me suit, il est visible et je peux jamais m’en dissocier. Pis je sais que je suis midsize, qui disent, où y’a des personnes qui sont plus grosses que moi pis y’a des personnes qui sont plus minces que moi qui se trouvent grosses aussi, fait que je me trouve dans ce territoire-là où c’est plus compliqué d’en parler. Mais je suis contente, dans un certain sens, d’avoir repris le poids, même si je care pas vraiment à propos du corps que j’ai, c’est vraiment juste un véhicule pour moi, mais je suis contente d’avoir repris le poids parce que je préfère pouvoir aider. Si je suis mince, un moment donné, l’autre moi s’oublie pis je deviens juste une personne mince, pis même si j’ai déjà été grosse, c’est vraiment, je peux pas être un exemple de confiance. Pis je suis même pas en train de dire que les gens ont besoin d’avoir de la confiance, l’estime de soi ça devrait même pas être sur la beauté, mais je suis contente parce que je peux marcher à l’entour avec ma bédaine pis juste être comme bien, pis ça fait chier du monde, pis tant mieux! (Rires) Je suis contente que moi, je peux faire ça, pis j’espère que ça peut aider quelqu’un.

Alex : C’est tellement sûr que oui. J’ai le goût de faire une question un peu Inception parce qu’on est en train de faire un retour médiatique sur ton processus, mais j’ai le goût de t’entendre sur les conversations que tu as eues avec les médias par rapport à ton show, quand t’étais en préparation ou quand t’étais dedans, pis le public aussi en fait. C’est quoi que tu sentais comme réaction? Trouves-tu qu’on est prêts, comme société, à parler de la grossophobie de la façon que tu voulais l’aborder? Est-ce que les réactions étaient beaucoup par rapport à « combien de livres tu as perdu, tu pognes-tu plus avec les gars »… comment la conversation était?

Coco : C’est sûr que ça a été mentionné parce que je pense que c’est ce qui est le plus le fun à entendre, c’est dans tout ce qui est sensationnaliste : « Ah ouais, les gars, y pensent de même! » Pis oui, ils pensent de même, c’est sûr qu’ils pensent de même, c’est l’affaire qu’on sait le plus! Mais dans les médias, ça dépend des personnes qui m’ont interviewée, ça dépend de leur niveau de sensibilité par rapport au sujet, t’sais, si c’est une femme ou un homme, les questions… t’sais, ça a vraiment été différent dans tous les cas. J’ai été respectée en grosse majorité dans mon processus. Je pense que y’a certaines personnes, dans certaines entrevues, que ça été plus dûr, parce qu’ils insinuaient qu’être gros, c’est pas être en santé, c’est être paresseux, pis c’est plate, parce que tu fais l’entrevue avant que les gens voient le spectacle, fait qu’ils ont pas vu tout le bout où j’explique ça, pis je peux pas l’expliquer à l’intérieur d’une entrevue très courte. Je pense qu’on est prêt à en parler parce que y’a vraiment eu une belle réception pour ce spectacle-là, pis je pense que les gens veulent en parler parce qu’ils sont pas bien, pis c’est un sujet qui les intéresse, parce qu’ils cherchent une réponse à cette affaire-là. Le spectacle n’offre pas nécessairement de réponse, c’est sûr que ça parle beaucoup d’estime de soi, ça parle beaucoup des études qui ont été faites sur la grossophobie de façon humoristique, fait que je pense que dans le spectacle, on ressortait avec certains outils et on se sentait moins seuls pis on partait plus informés, mais je pense pas que ça réglait tout. Ça, j’aurais vraiment aimé ça! (Rires)

Alex : Ben non! (Rires) On va pas partir avec ce but-là non plus, là. Je trouve ça intéressant, parce que ça montre que tout le monde a ces questionnements-là pis tout le monde se sent un minimum pas ben dans leur corps, complexés, tout le monde a ces réflexions-là pis ça donne rien à personne.

Coco : Je pense que l’affaire du corps, c’est vraiment, sans vouloir utiliser le mot épidémie, mais je pense que dans le conscient collectif, le corps est vraiment présent. Ça fait que ce sera jamais démodé d’en parler, je pense que c’est même un super bon moment de se questionner sur où est-ce qu’on en est avec ça, parce qu’on essaie d’avancer et on essaie de changer comment on fonctionne.

Alex : J’ai le goût d’amener ça encore plus vers ton métier pis ce que tu fais dans la vie, parce que je t’ai entendu dire en entrevue que t’as senti qu’en perdant du poids, on accordait plus d’attention pis de crédibilité à première vue, t’avais moins besoin de te prouver pis d’être super funny, mettons, pis au contraire, en existant dans ton corps habituel, tu sens qu’il faut que tu prennes plus de place pour exister ,au niveau de la place que tu prends et de ta personnalité, pour être vue pis pour être entendue, pis je me demandais si tu pensais que ça a comme un lien avec le métier que tu fais pis comment l’humour pis les standards de beauté se rejoignent dans ta vie.

Coco : C’est sûr que, pis c’est même pas juste l’humour, c’est l’industrie en tant que telle, je pense que y’a des types de corps qui sont associés à des choses. Par exemple, il y a très peu d’animateurs et d’animatrices qui sont gros, comme quand tu regardes n’importe quelle émission de télé québécoise, c’est rare que tu vas voir des personnes plus grosses, tout simplement parce que les corps plus minces sont associés à plus présentables, plus professionnels. Y’a le Horns and Halos effect, que ça s’appelle, pis c’est genre, on attribue à des personnes qu’on trouve plus sexy des qualités plus positives pis on attribue à des personnes qu’on trouve moins dans la norme des qualités négatives. C’est juste comme ça que ça marche : sur le marché du travail, une personne mince va être avantagée face à une personne grosse, parce que ça fait plus professionnel, plus propre. Y’ont fait une étude où est-ce qu’ils montraient des personnes minces couchées sur un divan à du monde, des personnes grosses couchées sur un divan à du monde, pis ils demandaient de sortir des adjectifs. Pour la personne mince, c’était « il se repose, il prend un break », pour la personne grosse c’est « il est paresseux, il est lâche ». T’sais, il y a des termes qu’on a associé aux corps, pis je pense que ça affecte comment les gens les perçoivent dans les milieux professionnels, tout simplement parce qu’ils se disent : « Elle, elle va être une bonne animatrice, elle est énergique, elle est toute petite, pis est vite ! » Tandis qu’on va dire : « Elle est un peu grosse, elle est lente » … Y’a juste des associations qui se font automatiquement qui, malheureusement, ça devrait pas être de même. Je pense pas que tout le monde fait ça, je veux pas rentrer là-dedans, je suis sûre que y’a des gens qui sont super bons pis qui prennent les gens pour qui ils sont, mais il y a des affaires qu’on intègre sans s’en rendre compte. C’est ça que c’est. Tout le monde a de quoi. Faut juste que tu te dises : « Faut que je fasse attention, faut que j’essaie d’être ouvert », parce que même moi j’ai des associations négatives, tout le monde a de la grossophobie internalisée et du racisme internalisé. Donc oui, ça affecte comment les personnes me voient dans le milieu, t’sais, on le voit tout le temps, comment les gens sont félicités dans les médias quand ils perdent du poids. Je fais référence à n’importe qui, P-A Méthot pis Kat Levac, ça c’est des humoristes, fait que c’est sûr que c’est comme « regarde comme il s’est pris en main ! » Y’a tellement un narrative qui a été installé que c’est dur de se dire qu’on peut rester de même pis que les gens se disent « YES ! Elle, elle travaille fort. Comment ça qu’elle travaille pas fort pour être mince ? » C’est sûr que je l’ai vu en première main, les gens qui viennent me voir pis me toucher les bras pis me dire « Tes bras sont rendus tellement petits, wow ! Ton ventre, Oh my gosh ! Good job ! » Pis t’sais, j’aurais pu être en dépression.

Alex : As-tu l’impression qu’il y a une intersection entre l’humour, ou être drôle, pis, j’ai l’impression que y’a des attentes des fois à ce que les personnes grosses soient plus funny ou une pression chez les personnes grosses de performer socialement d’une façon différente, est-ce que c’est quelque chose que t’as remarqué? As-tu une réflexion par rapport à ça?

Coco : Je pense que c’est des réflexes qu’on développe tout simplement parce qu’on a un besoin d’être perçue dans le vie, tout le monde a ce réflexe-là d’être acceptée pis compris pis vu, pis je pense que y’a juste des gens qui attribuent pas d’importance aux personnes grosses, et ça fait que y’a comme un manque d’attention, pour moi, qui s’est développé à quelque part. Je me suis dit qu’il fallait que je sois plus pour que les gens regardent dans ma direction, faut que je parle plus fort, faut que je prenne de la place. Je pense que ces affaires-là viennent peut-être d’être en dehors des attentes, justement. J’essaie de me défaire de ça, pis je pense que les gens m’écoutent pareil, mais c’est sûr que là, j’ai beaucoup d’expérience derrière ma cravate, pis c’est sûr que je m’y prends mieux au stand up, donc j’ai beaucoup de difficulté à discerner si les gens m’auraient accepté comme je suis, ou si j’aurais eu besoin d’être d’une certaine manière, c’est pas quelque chose que je vois clair dedans présentement. C’est sûr que, par exemple, en ayant été à l’École de l’humour où t’es avec tes pairs et ils te font des commentaires tout le temps, j’ai essayé beaucoup de styles différents pis y’a des choses que je faisais que les gens tripaient plus pis que c’était pas moi, c’était un persona de se taper le ventre, ou être plus agressive, des choses comme ça où est-ce que c’est juste, je pense que c’est archétype qui est agréable, on sait que ça fonctionne, c’est réconfortant parce que la personne se tape dessus pis c’est le rôle qu’elle est supposée de prendre. Je pense que les gens trouvent ça agréable parce que c’est dans la norme. Est-ce qu’on s’attend à ce qu’on se comporte de cette façon-là ? J’espère que non ! J’ai pas envie de rentrer dans des places pis que j’ai toujours besoin de, je sais pas, débouler des escaliers. Je pense au film, à la scène où ils chantent a capella, tu vois je suis vraiment pourrie avec les noms, mais y’a Fat Amy (la comédienne) qui déboulent les escaliers pis tout le monde est comme… y’a aucun moment où personne se revire de bord, sont juste comme « Fat Amy, c’est sûr que ça lui a pas fait mal ». Tandis que y’a des scènes où une fille mince trébuche pis tout le monde est comme « OH MON DIEU ! », mais elle, elle déboule carrément les escaliers… C’est fou comment les gens s’en câlisse ! Je sais pas si les gens s’y attendent, parce que y’a différents types de clown, y’a le straight man, le dummy, le plus intelligent, y’a des rôles qui sont attribués pis je pense que les gros ont été catégorisés d’une telle manière que c’est juste… pas une attente, mais c’est confortable de les voir comme ça.

Alex : Un stéréotype, ouais.

Coco : Ouais, c’est ça. Mais on fait un p’tit bout de chemin-là.

Alex : C’était mauditement le temps, on va se le dire!

Coco : (Rires) C’est pas drôle, mais c’est juste ça que c’est, pour l’instant. Le progrès, c’est très très lent, c’est frustrant.

Alex : Bravo pour ce que tu fais, pis je te souhaite de pouvoir parler d’autre chose si t’as le goût de parler d’autre chose, pis de pouvoir parler de ça si t’as le goût de parler de ça. En fait, je te souhaite de pouvoir t’écouter. Je voulais te remercier pour la discussion pis d’avoir passé du temps avec nous, c’est vraiment apprécié, pis full intéressant !

Coco : Ça me fait plaisir, j’adore parler à propos de moi-même !

Alex : (Rires) Merci !

Segment 4 : Retour sur l’entrevue avec Laurie, Alexandra et Emilie

Alex : Merci encore une fois, Coco Béliveau, pour le temps que tu as passé à discuter de ta démarche et de ton expertise sur le sujet. Qu’est-ce que vous en avez pensé ?

Laurie : Ah, mais là, Coco, on l’aime tellement ! J’ai vraiment tripé, pis j’ai vraiment aimé quand elle a parlé des animateurs et des animatrices de télé qui sont tout le temps minces parce que c’est vu comme plus dynamique et énergique… pis là, ça m’a fait penser à moi qui est fucking mince pis qui perds connaissance à chaque fois que je me lève debout parce que ma pression est trop basse, pis j’étais comme… Ah, O.K., ça c’est vu comme dynamique ! What the fuck ! (Rires) C’est tout.

Alex : O.K., section définition : dans l’épisode d’aujourd’hui, on parle pas mal de grossophobie, fait que je pense que ça vaut la peine qu’on passe un peu de temps à définir ce que c’est. La grossophobie, c’est la discrimination que vivent les personnes grosses. Elle peut être internalisée, envers nous-même, elle peut être envers les autres, elle est aussi systémique, dans le sens où le fonctionnement de notre société tend à systématiquement discriminer les personnes grosses. Emilie, je sais que tu as des choses à dire par rapport à la discrimination liée au poids et à comment c’est considéré différemment par rapport aux autres types de discrimination, entre autres dans les milieux militants.

Emilie : Oui, entre autres dans les milieux militants et je dirais, en fait, que c’est qui important de définir quand on parle de grossophobie, dès qu’on entre dans le sujet, et tu l’as très bienfait, d’ailleurs, c’est que la grossophobie, c’est une discrimination, c’est une oppression, pis elle est systémique. On peut pas a voir comme une simple histoire d’image corporelle parce que c’est pas juste « la société m’encourage à toujours être plus belle et mon corps n’est jamais parfait », ce qui est très valide en soi, mais ça, c’est une histoire d’image corporelle et c’est sûr que c’est encouragé au niveau de la société, mais pas autant au niveau systémique. Ce qui est souligné par beaucoup de personnes pis ce qui est de plus en plus constaté, c’est que les personnes grosses vivent de la discrimination au niveau systémique, donc la chance à l’emploi, du rejet social, des opportunités qui vont être manquées, l’accessibilité, aussi, parce que ça peut paraître niaiseux, mais c’est que quand on peut pas, quand un endroit, là je parle  vraiment d’un espace concret, donc ça peut être un lieu de travail, un restaurant, ça peut être n’importe où, une bibliothèque, par exemple, si les meubles, si les installations ne sont pas adaptés aux personnes grosses, ben elles iront pas dans ces endroits-là. Pourquoi c’est systémique, en fait, c’est justement parce que y’a pas une égalité des chances ici, et que c’est en raison d’une discrimination qui est liée à l’image corporelle. Pis ça, c’est dans la loi : la discrimination, c’est illégal, et pourtant, elle l’est sous toutes ses formes, et la grossophobie, c’est une de ces formes-là qui est la moins reconnue. Comme tu disais, dans les milieux militants, c’est une des dernières discriminations qui est acceptée. De moins en moins, parce que dans les dernières années, au Québec, je pense que le discours sur la grossophobie a beaucoup évolué, ça évolue quand même rapidement selon moi, alors qu’on en parlait pas du tout il y a quelques années, mais selon moi, dans les milieux militants, il y a quand même un effort à faire avec la gauche, je pense que c’est la dernière chose qui est acceptée. On va quand même dire que tout le monde est égaux, mais va encore voir le poids comme un choix, donc c’est plus ça ici que je pense qu’il y a un manque d’éducation, même chez les gens qui se disent eux-mêmes socialement woke, mais ils vont quand même traiter les personnes grosses comme si c’était leur choix de vivre ces discriminations-là alors que c’est beaucoup plus compliqué que ça.

Alex : C’est full intéressant, pis on va passer le reste de l’épisode à parler, en tout cas, à essayer de comprendre pis de discuter de comment ça que ça reste aussi présent alors que plein de preuves sont là pour séparer choix personnel et poids et pour séparer santé et poids.

Les normes pis les construits sociaux, ça se propage et ça s’alimente pis ça se contamine d’une personne à l’autre comme notre amie la COVID-19, mais comment ? C’est compliqué, mais j’ai trouvé, en faisant full de recherche, quatre raisons que j’ai le goût qu’on explore ensemble. Êtes-vous prêtes ?

Emilie : Bien sûr !

Alex : Raison 1 : Les discours de la culture des diètes, en eux-mêmes, tout le marketing autour, pis là, je te vois lever les yeux au ciel, Emilie, mais tout le marketing autour de la culture des diètes est un vecteur de propagation des biais grossophobe, parce que premièrement, l’industrie de la diète c’est quoi, c’est toute l’industrie autour des régimes pis de favoriser la perte de poids, mais ce qui est fatigant, avec cette culture-là, c’est que toutes ces compagnies, ces personnes-là vont créer énormément de matériel qu’on va considérer comme des sources scientifiques valides, vont faire des études, vont sortir des statistiques, etc., pis tout ce discours-là va participer à alimenter cette vision du poids comme étant dangereux, comme étant quelque chose qu’on veut se débarrasser, pis la minceur comme étant la norme à atteindre.

Emilie : Oui, absolument, pis là-dessus j’ajouterais que le discours là-dessus a beaucoup shifté, de faut « faire une diète pis avoir un déficit de calories, c’est pas bon de trop manger » jusqu’à récemment, toute la culture de la diète était centrée sur perdre du poids, alors que maintenant, ils ont été vraiment brillants, parce qu’ils y vont avec l’approche du Wellness, t’sais, du fait que « Ah, ben là, c’est pour ta santé, tu fais pas une diète pour maigrir, tu fais ça parce que tu veux être en santé ! », mais c’est le même discours qui est déguisé, qui est enveloppé différemment. On dit que l’individu a tout le pouvoir pour bien arriver à ses fins si il le veut et que c’est sa responsabilité, mais t’sais, l’alimentation, c’est pas une vertu, osti. C’est souvent, en fait, un témoignage ben plus des privilèges. Si t’es une mère monoparentale pauvre au salaire minimum, ben ça se peut que t’aies pas le temps de faire ça, pis ça se peut que t’aies pas le réflexe de le faire parce que t’es même pas au courant de ces affaires-là, mais tu vois de la pub pis des trucs à la télé qui te disent que t’es grosse et que c’est de ta faute, ben là, ça marche pas.

Alex : Deuxième raison : la grossophobie pis la discrimination par rapport à l’apparence physique, ça se perpétue vraiment beaucoup aussi dans les discours pis dans les discussions qu’on a entre nous. Comme tu disais, c’est internalisé, souvent, donc c’est dans la façon dont on se considère nous-même, mais aussi, on fait partie de la machine dans la façon dont on parle de notre corps pis dont on parle du corps des gens autour de nous. Je sais pas si vous connaissez Aubrey Gordon, aussi appelée Your Fat Friend sur les médias sociaux.

Emilie : Oui !

Alex : C’est parmi les personnes qui font la meilleure job pour déboulonner plein de mythes par rapport à la culture des diètes. Elle nommait qu’en 2011, une étude portant sur les femmes étudiant à l’université révélait que 93% d’entre elles participent à un discours grossophobe par rapport à leur corps, quelque soit leur taille. Par exemple, tu te regardes dans le miroir en gang, pis tu te dis « Ah, je suis grosse, ah, j’ai de la cellulite, je me sens grosse aujourd’hui ». Ce genre de discours-là qui alimente, veut, veut pas, une façon de déterminer ce qui est un corps acceptable ou inacceptable.

Laurie : C’est immense, 93%.

Emilie : Ben c’est immense, mais ce n’est pas surprenant, je pense. Surtout, je sais pas de quoi ont eu l’air vos adolescences, mais c’est sûr que moi, j’étais, Aubrey Gordon s’appelle Your Fat Friend, ben j’étais la fat friend parce que je pesais 10 livres au-dessus de tout le monde, c’est ça une fat friend au secondaire. C’était vraiment ancré dans les discours pis avec aucune délicatesse par rapport à moi qui avait de vrais « problèmes » avec l’image, que moi, j’étais considérée plus grosse, mais c’est mes amies minces qui avaient la pire vision d’elles-mêmes. Ce que tu comprends, quand t’es l’amie grosse, c’est que tes amies aimeraient mieux crever que de te ressembler. C’est weird, comme discours, mais justement, pour les personnes femmes assignées à la naissance, on se le fait tellement mettre dans la tête rapidement. C’est terrible. Je sais pas, Laurie, tu me parlais du fait que t’étais un gros bébé, par exemple, pis que c’était grave. (Rires)

Laurie : (Rires) Oui, ben c’était épeurant, pis je dis pas ça parce que c’est la faute de ma mère, allô Maman, je sais qu’elle nous écoute, elle aussi, elle se l’est fait rentrer dans la tête qu’être mince, c’était mieux, pis qu’il fallait faire attention. Des régimes, je sais qu’elle en a fait pour les fins pis les fous quand j’étais jeune, ça lui faisait peur pis elle avait peur pour moi, parce que c’est une discrimination qu’elle voulait pas que je vive, entre autres. J’étais un gros bébé, dans ma famille, y’a du monde gros pis je pense que c’était effrayant que je reste grosse pis c’était donc ben soulageant quand, finalement, j’ai grandi mince… mais c’est-tu plate quand c’est obligé d’être un stress ! Ça a pas de sens.

Emilie : Oui, pis autant dans la façon dont ton enfant va être perçu, mais puisque c’est associé à la santé, aussi, si tu vois que ton enfant grossit, ça veut dire qu’il est malade, alors que c’est pas ça du tout. C’est juste son corps qui est faite comme ça. Moi, mon corps, il a essayé d’être le poids que je suis toute sa vie, pis quand j’ai décidé de le laisser, ben y’est pas venu plus gros que ça. C’est mon corps, y’est comme ça, pis d’essayer de le faire fiter dans un 130 livres, ça marchera pas. Mon corps, il veut peser 200 livres, ben je vais le laisser peser 200 livres, pis là, je mange ce que je veux, pis il grossit pas, c’est ça son métabolisme. Un moment donné, c’est pas une question de dire qu’un humain, ça a l’air de ça et quand tu diffères, t’as un problème, c’est une idée de si on mangeait tous la même chose, on aurait quand même pas tous le même corps. T’sais, y’a eu la gay panic, la satanic panic… je pense qu’on a la fat panic.

Alex : Tellement ! C’est une panique, vraiment.

(Rires)

Laurie, tu voulais parler de la désirabilité, par rapport à ça ?

Laurie : Ah, oui ! Tout le temps ! Je sais pas combien de fois c’est arrivé, entre moi pis Emilie, que mettons, on jase ensemble, pis là, notre perception des personnes, surtout des gars, on va pas se le cacher, est complètement différente, même si on les connait par le même contexte, qu’eux nous ont rencontré dans le même contexte. Je veux dire, on étudiait ensemble, on travaillait ensemble pis on se voyait tous les soirs, fait que les gens qu’on a rencontrés pendant trois ans, ils nous connaissent du même contexte, on a les mêmes valeurs, t’sais, c’est ma meilleure amie depuis des années… on se ressemble !

Emilie : Oui, je parle un peu plus fort que toi, mais c’est à peu près tout !

Laurie : C’est la même affaire, sauf notre poids. C’est pas mal ça.

Emilie : Oui, je suis plus grosse que toi, c’est tout !

Laurie : Pis c’est là que ça change complètement : moi, l’image que je me faisais de ces dudes-là, parce qu’eux autres nous renvoyaient pas la même affaire pis nous traitaient de manière complètement différentes parce que moi, je rentre dans le standard du monde avec qui ils voulaient coucher. J’avais moins de poils dans ce temps-là, parce que ça je l’ai senti en osti par après aussi, ça a shifté, pis c’était même un peu une décision que j’ai prise, de faire « O.K., fuck that, vous me voyez dans la rue, je suis un morceau de viande »… J’avais le feeling que fallait que je le fasse, que ça serait easy pour moi, pis que même si c’est tough, je suis capable de le faire. Pis là, à ct’heure, mon poil, c’est une partie de mon identité, pis ça, ça a joué sur la désirabilité aussi, pis je l’ai vraiment senti.

Emilie : Ce que je trouve que ça fait ressortir, justement, les gars qui nous traitaient pas de la même manière puisqu’on a pas l’air de la même chose pis que toi, t’es plus associé.e à des standards de beauté qui sont standards, justement, c’est toute la misogynie qui a derrière ça. C’est que ces gars-là avaient l’impression que parce que je ne corresponds pas aux standards de beauté, que je suis pas leur genre, ils ne me doivent pas du respect.

Alex : J’ai le goût qu’on parle aussi de représentation médiatique par rapport à l’apparence physique. Coco en a parlé dans notre entrevue, mais les représentations médiatiques des personnes grosses alimentent énormément l’image négative qui leur colle à la peau, mais d’un autre côté, des représentations positives, ça peut vraiment jouer pour beaucoup dans l’acceptation sociale des personnes avec tous types de corps, pis aussi dans le sentiment de légitimation des personnes concernées. Est-ce que vous avez des exemples de représentations négatives ou positives en tête ?

Emilie : Je trouve que, ouais, j’ai pas l’impression qu’il y en avait quand j’étais jeune, quand je grandissais. Les personnages gros étaient toujours des sidekicks, t’sais, la joke, le comic relief. Aussi, y’a l’espèce de, je pense à quand on inclut un personnage gay, mais que y’a aucune importance dans l’histoire, pis que là, on praise le film ou la série parce que y’a de l’inclusivité, mais cette diversité pis cette inclusivité-là, elle est artificielle. C’est que des personnes grosses, faut que y’en ait dans les médias, mais il faut qu’il y en ait aussi dans les writer rooms, les gens qui écrivent les séries, qui sont à la base de la création, pis il faut que les casting directors, ceux qui s’occupent de dire quel acteur va jouer ça, faut que tout ce monde-là s’entende. Il y a un nouveau film sur Elvis qui sort, pis la personne qui devait jouer sa mère, quand ça été écrit, le scénario disait que c’était une femme plus size parce que la mère d’Elvis était grosse. Pis là, le thriller vient de sortir, pis c’est Maggie Gyllenhaal, la sœur de Jake Gyllenhaal, qui va la jouer. Pis Maggie Gyllenhaal, on voit ses clavicules, elle est vraiment maigre, presque. Fait que je suis comme… O.K., comment c’est passé de ça à ça ?

Alex : Alors que c’était dans le scénario !

Emilie : On est justes effacés, comme si on existait pas, pis c’est la même chose que « Ah, avant y’en avait pas ! » L’obésité, pis ça, c’est le mot qui existe dans la société, qui est vu comme un problème. « Ça existait pas avant » … Ben oui, ça existait ! Mais si toi, en tant que personne grosse, tu oses pas aller vers des métiers où est-ce que tu vas être plus dans les médias, ou que tu veux jamais te faire prendre en photo parce qu’on te dit toujours que t’es grosse pis t’es laide, ben c’est sûr que dans 100 ans, on les verra pas les photos de moi, pis on va penser que tout le monde était mince pis beau. Cette représentation-là, excusez, c’était une grosse parenthèse, mais tout ce que je veux dire, c’est que c’est sûr que si on en voit pas dans les médias, quand on en voit dans la vie de tous les jours, on a l’impression que c’est un problème pis que c’est anormal.

Alex : Clairement.

Laurie : Ouais, pis c’est fou, tu parles des castings, mais comme, je travaille un peu en cinéma dans les dernières années, pis à quel point dans les scénarios mêmes on intègre des caractéristiques par rapport à l’image que ça changerait fuck all. On s’en fout, on a pas besoin que le personnage soit petit, grand, mince, les cheveux noirs, whatever. On aurait pas besoin qu’il soit blanc, non plus, mais spécifié dans le texte. Pourquoi ? Fuck all. Dans un roman, c’est pour qu’on puisse bien se l’imaginer parce qu’on va pas le voir à l’écran… là, il va y avoir un acteur ou une actrice qui va le jouer. On a pas besoin ! En tout cas, j’ai un petit problème avec ça.

Alex : C’est intéressant, je savais pas.

Laurie : Ça serait pas obligé, mais c’est pratique courante.

Alex : J’ai un dernier canal par lequel se propage les préjugés grossophobes, mais vraiment, et non le moindre : c’est les discours « experts ». On pourrait parler des campagnes de sensibilisation qui sont faits par les gouvernements, les écoles, pis qu’on voit partout depuis qu’on est enfant par rapport à la grossophobie et au danger de l’obésité, mais là, on va manquer de temps, fait qu’on va se concentrer sur un volet particulier de ce type de discours-là, c’est les discours médicaux, ou les discours qui relient le poids et la santé. Emilie, t’as touché rapidement à ça au début, mais y’a de plus en plus d’études scientifiques qui remettent en question carrément les risques de comorbidité liés au poids, poids égal risque pour la santé et risque de mort, pis on nomme de plus en plus qu’un des plus grands risques pour la santé liés au poids, c’est de faire des régimes à répétition, c’est d’être moins bien pris en charge dans le système de santé, donc d’avoir des traitements médicaux de moins bonne qualité, voire de ne pas aller consulter parce que t’as peur de pas avoir un bon traitement, et des risques pour la santé mentale liés à la discrimination.

Emilie : Ben je suis contente qu’on aborde ce sujet-là parce que c’est une passion pour moi et ça encore rapport avec mon best, le capitalisme. C’est, en fait, qu’on parle beaucoup de la culture de la diète, mais c’est l’industrie de la diète. Pis l’industrie de la diète, faut pas penser que nos médecins, pis même au Canada, parce qu’au Canada aussi, ça arrive, c’est pas juste aux États-Unis parce qu’ils ont pas un système de santé qui est public, mais ça arrive ici aussi, c’est qu’on a décidé d’inventer la problématisation d’être gros. Le mot obésité a été inventé par des soi-disant experts, mais y’a tellement de choses qui sont utilisées qui sont révolues depuis le début. Par exemple, l’IMC, en anglais BMI, c’est l’indice de masse corporelle qui est utilisé dans les bureaux de médecin pour dire à la personne « tu n’as pas ton indice maximal de santé et tu dois donc perdre du poids. » Ben cet indice-là a été inventé à la fin du XIXe siècle, à peu près en même temps au même moment où on disait que les femmes étaient hystériques pis fallait jusqu’elles aient des orgasmes pour arrêter de chialer et que c’était pas en raison de la discrimination qu’elle vivaient au quotidien qu’elles viraient complètement su’l top, mais en même temps, il y avait un gars qui travaillait sur le BMI, sur l’IMC, pis qui disait : « Heille, ça, c’est pour classer les êtres humains de façon mathématique, mais ne l’utilisez surtout pas dans les bureaux de médecin pour soigner les gens pour dire s’ils sont en santé ou pas ». Pis là, y’a quelqu’un qui avait compris la première partie, classifier les humains, qui mais avait pas compris l’autre partie, pis qui a dit « Wow, that’s genius ! », pis il a décidé de prendre ça pis d’utiliser ça en médecine. Au cours du XXe siècle, il y a vraiment eu une espèce de médicalisation de l’apparence corporelle grosse et à ce moment-là, ben y’a eu des dérives. Tout ce que je vous dis là, j’ai pas appris ça par cœur, mais c’est dans un article de The Atlantic qui s’appelle How Obesity Became a Disease, pis c’est vraiment un article super qui résume un peu cette histoire-là. Un des faits qu’on a adoré moi pis Laurie quand on a lu cet article-là, c’est qu’un moment donné, il y a des millions de personnes qui en une nuit, sont devenus obèses…

Laurie : Oui, mais comment est-ce possible ?

Emilie : Mais comment est-ce possible ? Est-ce qu’ils se sont réveillés et ils pesaient 40 livres de plus ? Non, non, non. C’est parce que y’a un panel « d’experts », justement, qui a décidé que l’IMC, maintenant l’indice de masse corporelle qui voulait dire que c’était problématique, c’était à partie de 25 au lieu de 27. Pis là, la raison très scientifique derrière tout ça, c’est parce que 25, c’est plus facile à retenir.

(Rires)

Oui, c’est ça, cue laugh from the crowd. Genre, ça a pas de bon sens. Mais ce qu’ils ont pas dit, aussi, c’est que de mettre plus de gens dans cette catégorie-là, ben ça veut dire que c’est plus de gens qui sont accessibles à des traitements qui peuvent être prescrits, pis ils sont prescrits, pis ça, ça s’en va dans l’industrie, pis l’industrie fait de l’argent et en redonne à ses pushers, les médecins! Wow. Là, ça commence à être réfuté, l’IMC, par de plus en plus d’experts, mais moi, y’a quelques années, j’ai eu des problèmes, j’ai eu des gros problèmes digestifs et j’ai du aller chez une gastro-entérologue qui m’a fait vivre plusieurs épisodes de grossophobie qui pourraient être une série en soi, mais la première chose qu’elle m’a dit quand je suis entrée dans son bureau, quand je lui ai demandé ce qu’elle pensait que c’était, avant de m’avoir fait faire des tests sanguins, avant tout, elle m’a dit qu’il fallait que je perde du poids, pis elle m’a calculé mon IMC dans ma face sur son Iphone pis elle me l’a montré. Dis-moi en quoi ça, c’est un traitement avec de la dignité et qui est juste, aussi, scientifiquement. En quoi, ça, t’as même pas les données devant toi, pis t’avais décidé qu’il fallait que je perde du poids. Après ça, elle m’a fait faire des tests de sang pis un mois plus tard ils m’ont rappelé parce que Ah! je saignais pis il savait pas de où dans mon système. Ah! Fallait pas que je perdre du poids, finalement. Elle m’en jamais reparlé de ça. Ridicule.

Laurie : Voilà.

Alex : Pis c’est des histoires qui sont à la pelle, t’sais, des personnes qui vont voir pour un problème en particulier pis qui reçoivent pas le traitement auquel elles devraient avoir droit en raison de ces biais grossophobes-là. Je trouve ça super important de nommer et de renommer, sans nécessairement vouloir mettre de blâme sur qui que ce soit, mais tout le monde, même les experts, on est humains, pis de la recherche scientifique, c’est toujours biaisé parce que c’est toujours fait par des êtres humains qui ont des préconceptions par rapport au monde, pis y’a rien qui peut pas être déconstruit pis qui peut pas être remis en question. C’est pas parce que ça vient de quelqu’un qui te le dit avec assurance et avec un suit blanc que c’est nécessairement vrai. Des fois oui, mais des fois non.

Emilie : Faut se rappeler que les médecins, c’est des personnes privilégiées dans la société parce que monétairement, oui, y’ont étudié, pis ils méritent l’argent, bla bla bla, il se le font assez dire, de toute façon, j’ai pas besoin de le répéter, mais le rapport de force est inégal dans le bureau du médecin. T’es là, pis c’est quelqu’un qui est censé être haut-placé dans la société, qui est une référence en science et qui te dit ça à toi. Comment tu veux dire « T’as pas raison, mon osti! ». T’es pas équipé. En tant que personne grosse, on a comme pas le choix d’aller chercher, t’sais, moi, je suis rendue que j’arrive dans un bureau de médecin pis je suis prête, je suis rendue aux coups, j’arrive pis je suis comme « m’a le fesser, m’a le fesser dès qu’il me le dit! », pis il faut que j’arrive armée de toutes les connaissances que j’ai pour me protéger. Ça devrait pas être ça. Je devrais pouvoir recevoir des soins pis être comme « Ah! O.K.! »

Laurie : Oui, toi, t’arrives déjà avec un bout de la job de fait, pis c’est ça qui est dangereux, c’est qu’à moment donné, tu vas te fier à ce que tu peux, à Google, à tout ce que tu peux aller chercher. Ça devient fou après, c’est tellement stressant, mais toi t’arrives déjà avec ton diagnostic différentiel. C’est soit ça, soit ça…

Emilie : J’ai pas le choix de faire ma pré-recherche.

Laurie : Pis après comme, fais ta job! « Ah non, c’est parce que t’es gros! »

Emilie : « Ton otite, ça doit être parce que t’es gros! »

Alex : Bon, on espère qu’on vous a fâché autant que nous autres, on est rendu.es fucking crinqué.es contre les normes et les biais grossophobes dans notre société. On espère qu’on vous a outillé pour cette réflexion-là, on va mettre full de liens dans les notes de l’épisode par rapport à tout ça, pis, c’est pas parce qu’on veut participer à une industrie capitaliste ou quoi que ce soit, mais on va continuer cette conversation-là dans un bonus patreon auquel vous pouvez accéder à partir de 3$ par mois, fait que si ça vous tente de continuer de nous entendre chialer, vous pouvez! (Rires) Mais d’ici là, je pense que c’est ce qu’on avait à dire pour cet épisode-là.

Segment 5 : Assis-toi sur ton sofa avec ton inconfort avec Miriame Gabrielle Archin

Miriame : My turn ! Y’a beaucoup de choses qui ont résonnées chez moi dans l’entrevue avec Coco Béliveau sur lesquelles j’aimerais faire du pouce. Une de ces choses-là, c’est quand elle parlait du genre de malaise qui vient du fait d’être gros, mais pas trop, genre. C’est un aspect de mon identité avec lequel je struggle, parce que, ben, déjà, de un, je pense que ma grossophobie internalisée est la chose avec laquelle j’ai le plus de difficulté et sur laquelle je travaille fort, autant par rapport au regard que je porte sur les autres que celui que je porte sur moi. J’ai comme une fixation sur avoir un ventre plat depuis aussi loin que je me souvienne. Pis aussi parce que, t’sais, je suis pas mince, mais on peut pas vraiment me qualifier de grosse, pis la chose que je me fais dire à presque tous mes rendez-vous médicaux, c’est « ouais, t’as un léger surplus de poids, mais pas trop, ça serait pas une mauvaise idée de perdre du poids ». What does that mean? Cette phrase me hante à chaque fois que je me regarde dans le miroir ou que je pense à ce que je pourrais donc faire pour mes douleurs chroniques, parce que c’est souvent associé à ce surplus de poids, mais pas trop, mais qui serait pertinent que je perde. C’est comme être pogné dans un genre de limbo weird, limbo pas le jeu, limbo, you know, when you’re dead and you cross over, you know, that limbo. En tout cas.

En pensant à cet aspect de mon identité pis écoutant l’entrevue, j’ai tout de suite pensé au fait que tout ce qui entoure la grossophobie est un très bon exemple par rapport à la complexité de l’intersectionnalité, de comment être opprimé pour un aspect de son identité n’efface pas le privilège qu’un autre aspect peut nous apporter. C’est un tantinet boiteux, mon affaire, mais it does make sense. Hear me out. Je sais que moi, mon expérience chez le médecin ne va pas être aussi traumatisante d’un point biais sociaux liés au culte de la minceur qu’une femme ou personne AFAB blanche qui est plus grosse que moi. Mais en même temps, cette personne-là ne va pas vivre une expérience traumatique d’un point de vue de tout ce qui concerne les oppressions raciales. And I feel that it is way easier to relate with a fat white woman than any other women in terms of discrimination dans le monde de la médecine, parce que bien que ce soit pour des raisons différentes, bien qu’une femme noire peut bénéficier de son poids et qu’une femme blanche grosse peut bénéficier de sa blancheur, d’une part comme de l’autre, notre crédibilité est moindre à cause d’un aspect de notre physique qui n’a absolument rien à voir avec notre santé. Pis la première fois que j’ai eu ce genre de réflexion, c’était à moment donné, j’avais fait un post sur Insta par rapport à comment je détestais aller chez le médecin ou aux urgences à cause de l’invalidation constante du personnel de santé, pis y’a une femme blanche grosse qui m’a inbox en me disant : « T’sais, je comprends. » En tant que femme noire, avoir des femmes blanches qui nous disent qu’elles comprennent, c’est frustrant, because usually you don’t, mais à ce moment-là, I was like, she actually can understand, because she is going through the same thing. For different reasons, but the same thing. And even though it is true, faut se rappeler que les oppressions sont interreliées, donc, t’sais, l’expérience d’une femme noire grosse a rien à voir avec mon expérience ou l’expérience d’une femme blanche grosse.

D’ailleurs, let me tell you about how fatphobia is rooted in racism. Oui, oui! Nous sommes presques tous au courant que les standards de beauté comme la minceur n’ont pas toujours été comme tels. Au contraire, à une époque, ce qui était considéré comme désirable était des corps bien en chair. So what happened? Slavery. Yes, we go back to that. En faisant mes recherches, j’ai découvert Sabrina Strings dont le travail se penche sur la question du sexisme et du racisme dans l’Histoire. Elle est aussi l’auteure du livre Fearing the Black Body, pis dans une entrevue avec NPR, elle nous parle de ses découvertes. Dans le fond, le changement de cap quant aux standards de beauté coïncide avec le développement de la traite n*grière. Parce qu’après un bon 200 ans, give or take, la couleur de peau n’était plus un indicatif de supériorité assez efficace dû au métissage, comprendre ici aux agressions faites sur les femmes noires mises en esclavage, mais bon, poursuivons. Il fallait trouver un autre moyen de marquer la supériorité des personnes blanches. C’est à ce moment-là que la race a transcendé la couleur de la peau pour inclure des caractéristiques comportementales. Les philosophes français de l’époque ont décidé qu’étant donné que les personnes noires avaient un penchant pour la luxure et la gourmandise et ce, sans retenue, ben elles étaient grosses. Donc, du même coup, ces mêmes philosophes s’entendirent pour dire qu’étant plus civilisées et ayant un mode de vie plus respectable, les personnes blanches se devaient d’être minces. Dans ses recherches, Sabrina explique qu’elle a trouvé des annonces de magazine datant du XIXe siècle qui encourageaient les femmes blanches à manger le moins possible afin d’être minces et que cette minceur serait le reflet de leur christianité ainsi que de leur supériorité raciale. That is true. L’auteure se penche également sur la question de l’indice de masse corporelle qui a été qualifié d’erroné en partie parce que le test prend pas en compte certains aspects de la réalité d’une personne qui pourraient affecter sa santé, comme par exemple l’accessibilité alimentaire. Mettons, les fast foods à chaque coin de rue pour les quartiers les plus défavorisés, donc les quartiers où résident le plus de personnes racisées, versus les épiceries fines à chaque coin de rue dans les quartiers majoritairement blancs. You know. Elle mentionne aussi le fait qu’il y a en fait aucune recherche pour backer le fait que l’IMC élevé est une cause directe de problème de santé, ce qui nous emmène aux structures oppressives, so yeah, we can blame this one on y’all ancestors.

Pis vous vous souvenez quand j’ai dit que les femmes noires were the least respected, en partie parce que la majorité des mouvements politiques ont été fondés par ces femmes noires, mais qu’elles s’en trouvent tout de même invisibilisées, well, the body positivity movement n’en fait pas exception. Aujourd’hui, quand on pense au body positivity movement, la majorité du monde vont avoir en tête les Ashley Graham de ce monde, ou les Tess Holliday. Y’a aussi un organisme qui s’appelle the Body Positive qui a été fondé par deux femmes blanches, mais ce mouvement découle du fat liberation movement des années 60, mouvement porté encore une fois par des femmes queer et des personnes fem noires, dont Margaret K. Bass, qui est une des premières à en parler par son essai Being a Fat Black Girl in a Fat Hating Culture. Donc, là-dessus, je vous laisse avec deux trois suggestions de pages Insta à suivre qui sont quand même vraiment le fun. La page Insta The Body is not an Apology, si vous vous souvenez, je l’ai mentionnée il y a quelques épisodes, y’a aussi Nao, qui est juste hot, pis sinon y’a la page My name is Jessamyn et la page de Rashida KhanBey Miller qui se pose sur le body positivity movement.

Sur ce, si y’a quelqu’un qui s’est senti inconfortable, ben qu’il aille s’asseoir sur son sofa avec, ou qu’il prenne rendez-vous avec moi, avec Your Black Best Friend. O.K., bye !

Segment 6 : Le mot de la fin

Laurie : Merci Miriame de nous avoir coupé la parole, c’est toujours un honneur ! On est même pas tanné.es !

Alex : Vraiment pas ! Merci Miriame.

C’est ce qui conclue cet épisode de ToutEs ou pantoute. Merci à Coco Béliveau d’avoir partagé ta démarche, tes connaissances pis tes réflexions sur le sujet d’aujourd’hui avec nous. Merci aussi à Emilie Duchesne d’avoir débriefé avec nous, on aurait continué, pis on va continuer à en jaser entre nous, y’a aucun doute ! On va revenir dans deux semaines avec un Take over. Ben oui, le prochain épisode est un épisode vraiment spécial qui est concocté d’un bout à l’autre par Miriame Gabrielle Archin, il porte sur le droit à la colère et aux discriminations associées à cette émotion en fonction de notre identité. Miriame parle avec Maya Cousineau-Mollen et Jolie-Ann Heroux-Brazeau et, mon doux, c’est vraiment une conversation brillante et inspirante, vous voulez pas manquer ça ! Mais d’ici là, dites-nous, est-ce que vous arrivez à être en paix avec votre corps même si le capitalisme veut surtout pas ? Est-ce que vous arrivez à être en paix avec votre médecin ? On a le goût de vous entendre pis de vous lire, donc gênez-vous pas pour nous écrire sur nos médias sociaux, on s’appelle ToutEs ou pantoute, pis on est sur Instagram pis sur Facebook, pis on a même un courriel, toutesoupantoute@gmail.com.

Laurie :Aussi, on vous invite à nous écrire si vous pensez qu’on peut s’améliorer d’une quelconque manière. C’est quoi nos angles morts ? Qui on oublie, qu’est-ce qu’on oublie ? Hésitez pas à nous aider à être meilleur.es, on est pleines de bonne volonté pis on sait ben que nos connaissances sont pas à la veille de la perfection. Si vous avez une passion, un talent, une expertise, pis que vous aimeriez partager ça aussi facilement que se répand un osti de post sur le wellness transphobe et grossophobe sur Instagram, écrivez-nous ! On sait pas dans quelle mesure on va pouvoir vous mettre sur la map, mais on va essayer ! On veut vous connaître et on est toujours à la recherche de nouveaux sujets, et de personnes de tous horizons pour en parler avec nous en ondes. On veut sortir de nos cercles !

Alex : Merci à Miriame Gabrielle pour son nouveau segment plus que rafraîchissant. Merci à Elyze Venne-Deshaies pour les brand new jingles, avec Christelle Saint-Julien à la harpe et Henri-June Pilote aux percussions et Marie-Frédérique Gravel au mixage et mastering. Merci à Odrée Laperrière pour notre visuel, Merci à Cassandra Cacheiro pour les photos, à Marin Blanc pour notre graphisme, Merci à Marie-Ève Boisvert pour le montage, Maïna Albert pour l’habillage sonore, Merci à Ève-Laurence Hébert pour la coordination et Melyssa Elmer à la gestion de médias sociaux. Merci à Émile Perron et Catarina Wieler-Morin pour notre site web. Merci à Émilie Duchesne pour la transcription des épisodes. Merci au Conseil des arts du Canada de son soutien, et finalement, merci à vous autres d’avoir joué avec nous !

Ensemble : Bye bye ! 

(Générique de fin)

Fin de l’épisode