S3E10 – Pratiques divinatoires et sorcellerie avec Myriam de Gaspé et Maryse Andraos

Segment 1 : Introduction

Laurie : allô allô à toutes avec un criss de gros E à cause c’est toujours ben la base essayer d’inclure tout l’monde! Pour celleux qui nous écoutent pour la première fois, ToutEs ou pantoute, c’est comme le petit espoir que tu ressens quand tu te lèves qu’y fait beau soleil, que tu feeles cute pis que t’as 5 coeurs 5 chances dans ton horoscope!

Alex : Ça, ça va ben! Pour ce tout dernier épisode de la saison, on termine notre bloc de deux épisodes sur la spiritualité et le féminisme en s’attardant sur les liens entre le féminisme, le queerness et les pratiques divinatoires et magiques. Laurie a rencontré les astrologues et autrices Myriam de Gaspé et Maryse Andraos pour discuter de leur vision décloisonnée de l’astrologie.

Laurie : Pis on va conclure avec une participation spéciale de ToutEs ou pantoute saison 3, à la fin de l’épisode. Une collaboration qui nous fait tripper ben raide pis qui va vous faire regretter d’avoir fait stop avant la fin si jamais c’est votre genre. 

Alex : On commence cet épisode drette là, à la vitesse où monte le « ah ben tabarnac » quand tu feeles instable pis que tu pognes une huitième fois la maison-dieu comme carte centrale de ton tirage de tarot.

Laurie : Ça m’arrive tout le temps!

Alex : Ici Alexandra Turgeon…

Laurie : Et Laurie Perron!

Ensemble : Vous écoutez ToutEs ou pantoute!

Segment 2 : Présentation de la thématique et des invitéEs

Alex : Tout au long de la saison, on a approché les thèmes choisis en les étirant sur deux épisodes, pis on en a exploré des facettes différentes, mais toujours avec la même approche féministe, queer, et interrégionale. L’un des épisodes était plus intello-recherche-philosophique-remise en question de toute, et l’autre plutôt créatif-artistique-féérique. Aujourd’hui, c’est Laurie qui prend le lead pour une dernière fois avec un épisode ancré dans son univers créatif et sensible. Avant de commencer, si vous voulez encore plus d’épisodes de ToutEs ou pantoute où on continue de jaser des mêmes sujets sur des angles différents, on vous propose de vous abonner à notre Patreon, au patreon.com/toutesoupantoute! On a mis des bonus à chaque mois depuis janvier pis on va continuer de vous mettre des petites surprises pendant nos grandes vacances d’entre saisons!

Laurie : Vous pouvez aussi nous faire des dons non récurrents si, comme moi, vous avez peur de l’engagement un petit peu… les liens pour faire ça sont dans les notes de l’épisode. Pis aussi vous pouvez juste être là pis écouter, mais là, pu maintenant parce qu’on est en petit break jusqu’à la prochaine saison. Bon… on y va!

Les pratiques divinatoires, en général, c’est un sujet très large, d’autant plus que je ne peux pas faire autrement qu’intégrer la magie et la sorcellerie dans tout ça. Dans l’entrevue, j’ai voulu m’intéresser plus spécifiquement à l’astrologie, parce que son essor fulgurant dans les communautés autour de moi depuis quelques années me fascine beaucoup, et aussi parce que je suis vraiment critique de cette forme de pratique divinatoire en tant que telle. J’ai aimé l’astrologie basic des horoscopes de journaux beaucoup dans mon adolescence, j’ai aimé ça tant que c’était un jeu, mais le côté ludique me semble presque disparu que ça dans certaines discussions autour de moi, pis ça me fait un peu peur, ça me chicote un peu. J’ai donc voulu en parler avec des pros!       

J’ai discuté avec Maryse Andraos, qui est titulaire d’une maîtrise en création littéraire, elle a été éditrice aux Éditions du remue-ménage et se consacre aujourd’hui à l’écriture. Elle a publié des textes dans plusieurs collectifs. En 2018, elle a remporté le Prix de la nouvelle Radio-Canada. C’est quand même hot. Moi aussi j’aurais aimé ça le gagner! Son premier roman, Sans refuge, est disponible chez tous les bons libraires (j’ai toujours voulu dire cette phrase). J’ai aussi parlé avec Myriam de Gaspé qui détient une maitrise en création littéraire. Ses recherches portent sur la poétique, la psychanalyse et le féminisme. On attend imminemment son premier livre qu’on a bien hâte de lire! On en parle dans l’entrevue. Toutes deux sont passionnées d’astrologie. Elles ont cosigné un excellent texte dans la revue Liberté (le numéro La disparition du ciel, on vous met tout ça en notes d’épisode) qui s’intitule Les firmaments suspects – Petite apologie de la croyance astrologique. Je vous lance dans l’entrevue à l’instant!

Segment 3 : Table ronde avec Maryse Andraos et Myriam de Gaspé

Laurie : Bonjour, Maryse Andraos et Myriam de Gaspé, merci d’avoir accepté mon invitation aujourd’hui!

Ensemble : Bonjour!

Laurie : Pour commencer doucement, pour que nos auditeurices apprennent à vous connaître, tranquillement, je me demandais si vous pouviez nous parler chacune de vos parcours, ce qui vous a poussé vers l’astrologie, pis concrètement, à quoi ressemblent vos pratiques astrologiques.

Myriam : De mon côté, ma découverte de l’astrologie, ça a vraiment été un hasard. J’étais en Argentine pour un échange étudiant, pis ma colocataire, qui était Argentine et qui s’appelait Agostina, elle était vraiment fan d’astrologie, pis un moment donné, elle m’a demandée c’était quoi ma date de naissance, elle a fait ma carte du ciel, pis à ce moment-là, j’ai vu à quel point c’était complexe, l’astrologie, beaucoup plus que ce qu’on peut penser. Les horoscopes dans les magazines, c’est ton signe solaire, mettons vierge, moi je suis vierge, pis là, je sais pas quoi, amour, argent, machin, mais au final, c’est immensément complexe, pis aussi, ce qui m’a intéressée, c’est que ça permettait de comprendre la complexité des personnes et des relations, aussi. C’est aussi beaucoup l’interprétation qui m’a intéressée. Qu’est-ce qu’on peut faire dire à ces cartes-là, finalement?

Laurie : Et toi, Maryse?

Maryse : En fait, j’ai été convertie par Myriam (rires)! C’est devenu quelque chose d’assez constant dans notre amitié, d’analyser les choses et les gens en fonction de l’astrologie. Moi, quand j’ai vraiment embarqué, j’étais dans une période de crise personnelle qui équivalait à mon retour de Saturne, qui est une période entre les 28 et les 31 ans où la vocation est appelée à se redéfinir, l’ordre de notre vie va changer, donc moi je suis vraiment tombée dans l’astrologie à ce moment-là. Je dirais que du côté plus concret de ma pratique, c’est plus aux cartes du ciel que je m’intéresse, donc à l’analyse des cartes du ciel davantage que les transits, donc comment les planètes bougent en ce moment. Je m’intéresse aussi énormément à essayer de comprendre, en fait, qui est l’autre, qui on est nous-même, comment on se définit dans la vie, est-ce qu’on avance, qu’est-ce qu’on va être appelé à avoir comme trajectoire.

Myriam : Si je peux me permettre juste de rajouter quelque chose : ça me fait penser que y’a aussi, je pense que toutes les deux, on fait ça, mais des rituels avec la pleine lune, la nouvelle lune, toutes les phases de la lune, y’a ce côté-là plus incarné du rituel.

Laurie : Si je vous ai invitée de prime abord, c’est parce que j’ai vraiment tripé sur votre texte, Les firmaments suspects, dans la revue liberté, on va le mettre en notes d’épisode, évidemment. Dans ce texte-là, vous parlez du fait que l’astrologie, c’est à la mode, particulièrement chez les milléniaux, pis dans certains milieux précisément. Faisant partie de la communauté queer, je confirme que c’est très présent dans la communauté, être queer sans connaître minimalement son ascendant pis la position de la lune à sa naissance, c’est pas mal s’attirer les foudres de pas mal tout le monde dans la communauté (rires). Qu’est-ce qui fait en sorte que l’astrologie est aussi populaire dans cette communauté?

Myriam : C’est pas nouveau, l’intérêt de la communauté queer pour l’astrologie, ça remonte pas mal aux années 60, avec la montée du New Age. Si on prend, par exemple, les lesbiennes séparatistes, elles ont vraiment rejeté les religions patriarcales et homophobes au profit de nouvelles religions comme l’astrologie, la sorcellerie, le tarot. En fait, c’est pas tout à fait des religions, c’est plutôt des formes de croyance, je dirais, pis ça, historiquement, c’était comme réprimé par l’Église pis la science, pis c’était aussi utilisé pour réprimer les femmes, donc elles ont relégitimé ce qui avait été délégitimisé, d’une certaine manière. Je pense que les queers recherche là-dedans une culture d’appartenance parce qu’ils en ont pas à la base, leur histoire a un peu été coupée, c’est-à-dire que y’a quand même plusieurs peuples où le queer était accepté, ça faisait partie, t’sais, chez les autochtones, les two spirits, en Inde, aussi. Avec la colonisation, vu que l’Occident s’est un peu répandu partout, on a comme coupé cette histoire-là, pis finalement, les queers blancs occidentaux essaient d’avoir une histoire à eux, une culture à eux. La magie, c’est quand même quelque chose qu’on a dit beaucoup comme étant, ça appartient à l’autre, ça appartient aux païens, pis le queer, c’est l’étrange, le bizarre, celui qui est rejeté, donc les queers ont vraiment essayé de se réapproprier ça, mais au-delà de ça, plus de façon contemporaine, je pense qu’avec la fluidité des genres, aujourd’hui, pis le fait qu’on est comme vraiment moins dans l’identification par rapport à l’orientation sexuelle, on dirait qu’on trouve une manière de s’identifier davantage à travers l’astrologie. C’est aussi un genre de code, je dirais, en tant que queer, on se reconnait à travers ça. Cela dit, moi, je connais pas mal de queers qui sont critiques de l’astrologie pis qui sont vraiment tanné.es de ça (rires), donc c’est sûr que le contre discours existe.

Maryse : Ça me fait penser aussi au fait que, t’sais, c’est une communauté qui pense aussi beaucoup aussi aux questions identitaires, qu’est-ce que l’identité, qui sommes-nous, qui suis-je, comment on fait pour se définir, tout ça dans un rapport qui peut être moins figé que dans d’autres conceptions, si on veut, pis je pense que l’astrologie permet ça, d’une certaine façon, parce que ça donne des clés sur qui ont est, mais en même temps, y’a une certaine latitude qui permet qu’on puisse l’interpréter comme on veut pis le resaisir, pis l’habiter vraiment.

Laurie : Ouais, c’est clair, y’a quand même plus d’options que dans la classique binarité des genres, que t’es homme ou femme, t’sais. Myriam, tu parlais tantôt du côté interprétatif de l’astrologie qui t’a rejoint au début, moi aussi, j’adore ce côté-là, ça me rejoint beaucoup, ça me semble relever moins de la croyance pis plus de la capacité à se remettre en question. Moi, là où je me perds, souvent, c’est du côté divinatoire, t’sais, de prédire l’avenir avec la carte du ciel ou le tarot, ou la cartomancie en général. Est-ce que, selon vous, les grands traits des personnalités des gens peuvent vraiment être devinés à la naissance par leur signe, position de leurs planètes, pis si oui, dans quelle mesure le côté divinatoire vous rejoint?

Myriam : Ben c’est vraiment une question intéressante, en fait, pis c’est une question nécessaire, je pense. Dans le fond, c’est la question du déterminisme : est-ce que les astres, les mouvements des astres ont une influence directe sur ce qui se passe sur la Terre, au niveau terrestre? Est-ce que y’a un lien de causalité ou pas? Les gens qui sont très sceptiques de l’astrologie vont dire « non, c’est de la foutaise parce qu’on peut pas démontrer que c’est vrai. » L’approche qu’on essayait de mettre de l’avant dans l’article, c’est quelque chose qui allait un peu à l’encontre de ça, c’est-à-dire que c’est une approche qui est plus inspirée de Jung, y’a des événements à la fois dans le ciel pis à la fois sur la Terre qui ont lieu en même temps, c’est ce que Jung appelle la synchronicité, pis nous, après ça, dans un geste d’interprétation, on perçoit le lien entre ces événements-là comme signifiant. Finalement, c’est une interprétation, pis après ça, on met des symboles sur le ciel, c’est-à-dire, par exemple, pourquoi les étoiles ont été reliées de telle façon, selon telle dessin? Pourquoi, après ça, c’était un poisson, pis après ça, pourquoi le poisson, ça avait une signification? C’est toute une symbolique qui relève de l’interprétation. Je pense que nous, notre approche de l’astrologie, c’est plutôt une approche interprétative, qui prend conscience du fait qu’on sait pas exactement c’est quoi le lien, mais qu’il existe cette science, bon, si je peux me permettre, entre guillemets, c’est très polémique, l’appeler science, on va dire discipline, qui existe, et qu’on peut essayer de voir ce que ça a à nous dire, cette affaire-là. Donc, pour revenir à ta question, moi, personnellement, pis je sais pas si t’es d’accord, mais j’ai l’impression que oui, par exemple un bébé qui va naître pis qui est prévu pour tel jour pis on va faire sa carte du ciel d’avance, je pense pas que la carte va nécessairement nous dire qui va être cet enfant-là, mais on peut tirer des grandes lignes pis après ça voir si ça colle, à travers ce rapprochement-là pis cette comparaison-là, trouver du sens. Mais moi, j’essaie vraiment de m’échapper de cette question-là de la causalité, parce que personnellement, je trouve pas que c’est une question qui est utile ou intéressante, c’est-à-dire qu’il faut la poser, mais faut vraiment sortir de ça.

Maryse : Oui, pis ça nous met prisonnier, aussi, d’un destin tracé d’avance. Je trouve que c’est le contraire de quelque chose qui est libérateur, finalement, de se dire que O.K., les étoiles sont placées de telle manière pis ça, ça veut dire que c’est telle chose qui va m’arriver. Même que je pense qu’on peut dépasser la carte du ciel pis être appelé aussi à passer les défis qu’on a.

Laurie : Dans votre texte, Les firmaments suspects, que je vais citer tout le long, fait qu’à moment donné je vais arrêter de dire le titre, ou pas, parce que y’est vraiment beau, bravo pour le choix du titre, vous décrivez vous-mêmes l’astrologie comme un mélange d’astronomie pis de religion. Est-ce que vous la considérez comme une pratique spirituelle, sinon un art, une science, un mélange? On touchait un peu au sujet il y a deux secondes, mais j’ai le goût de vous entendre.

Maryse : En fait, moi je serais tentée de dire que c’est comme un mélange de tout ça pis rien de ça à la fois (rires). C’est vrai, parce qu’on dirait que dès qu’on commence à le mettre dans une des catégories, ça fonctionne pas. Ce que je peux dire, c’est qu’à la base, si on fait un bref portrait de l’histoire de l’astrologie, l’astrologie a précédé l’astronomie. Dans le fond, en Égypte antique, y’ont commencé par faire un calendrier pis mesurer le temps à travers les étoiles, pis c’est en observant le ciel pis le temps, le calendrier, que là après coup, c’est devenu la prédiction de l’avenir. Aussi, les Grecs, par exemple, ont vraiment projeter leurs dieux dans le ciel, c’est-à-dire que le nom des planètes qu’on a aujourd’hui, c’est tous relié à la mythologie grecque, donc Mercure, c’est Hermès, c’est le dieu messager, Mars, c’est le dieu de la guerre. C’est pour ça qu’on disait dans l’article que c’est un mélange d’astrologie et de religion, je pourrais pu dire que c’est de l’astronomie aujourd’hui, ça c’est sûr, mais ce qui est intéressant, c’est que quand on commence, si on s’intéresse à l’astrologie comme discipline, on ouvre un bouquin d’astrologie, c’est tellement complexe que ça ressemble à une science, en fait, y’a tellement de données à analyser, c’est tellement, on dirait, Myriam me disait que y’avait un bac en en astrologie en Argentine.

Myriam : Y’a plusieurs formations spécialisées en astrologie.

Maryse : Oui, vraiment! C’est pas une science au sens où on l’entend avec la méthode scientifique qu’on a aujourd’hui, mais ça pourrait être considéré comme tel. Ça peut être considéré comme religion, parce qu’on a bel et bien des pratiques spirituelles, pis c’est aussi un art dans le sens de l’interprétation, pis nous, ce dont on parlait dans l’article, c’est qu’on conçoit un peu le ciel comme un texte à partir duquel on écrit notre propre texte. C’est ça que je répondrais à cette question, ma foi, un peu complexe!

Myriam : Pis t’sais, par rapport à la science, aussi, ça dépend ce qu’on entend par science. T’sais, c’est comme si on prend pour acquis une certaine définition de la science qui est vraiment une définition de notre époque, qui est basée sur la méthode scientifique, en fait, d’observations, d’hypothèses, la réfutation de l’hypothèse ou la confirmation, tout ça, mais t’sais, au final, ce mot a eu des définitions différentes selon les époques, pis ce qu’on essaie un peu d’avancer, c’est qu’on sépare beaucoup science et croyance, ou science et religion, spiritualité, tout ça, qu’on peut lier, mais au final, la science se base aussi sur une croyance : si on va vers quelque chose, c’est parce qu’on croit potentiellement qu’il y a un lien entre telle chose et telle chose, on veut creuser, pis dans l’astrologie, y’a aussi un savoir, un savoir qui est millénaire, pis qui est basé sur de l’observation empirique, c’est ça qui est super intéressant, c’est des gens qui ont regardé le ciel, qui ont tiré toute une série de conclusions avec ça, mais qui ont vraiment servi de tremplin pour l’astronomie, en fait. C’est important de se le rappeler, aussi, que ces frontières qu’on a aujourd’hui, qui ont l’air très impossibles à dépasser, elles sont poreuses.

Laurie : Maryse va nous lire un extrait de leur article que j’ai vraiment beaucoup aimé, pis après ça, je m’en vais vous poser des questions.

Maryse : Bien souvent, la version contemporaine de l’astrologie ne remet pas en question la source de la crise actuelle. On en fait un usage apolitique, qui répond à un problème systémique par une solution individuelle. Si le travail nous rend malheureuses, disent les horoscopes, alors il faut trouver un autre emploi en phase avec ce que nous sommes vraiment, avec ce que révèlent nos planètes. Il ne s’agit donc pas d’abolir le travail lui-même, de déconstruire les systèmes qui nous aliènent. De ce point de vue, l’astrologie n’est qu’une autre industrie du bien-être, où la connaissance de soi ne sert qu’à renforcer la productivité. Comme certaines approches du yoga, de la méditation et de la psychothérapie, elle s’ajoute aux poutres qui soutiennent l’édifice croulant du capitalisme.

Laurie : Fait que c’est pas une surprise pour personne qui écoute ToutEs ou pantoute que ça nous ait sauté aux yeux, ce passage, parce que le capitalisme, c’est pas notre meilleur ami, je sais pas pour vous.

Maryse : En effet.

Laurie : Je me demandais, par rapport à ce passage-là, comment l’astrologie peut être pratiquée de façon politique, pis au contraire, en quoi elle a le potentiel d’être concrètement anticapitaliste?

Maryse : Ben c’est sûr qu’on réinvente pas la roue, donc, ben d’abord, y’a un potentiel d’analyse des changements politiques, c’est-à-dire qu’en 2020, il y a eu toutes sortes de conjonction entre Saturne, Pluton et Jupiter, pis ça marque une grande transition au niveau de nos sociétés, y’a quand même eu le coronavirus, Black Lives Matter, tout ça, donc je pense que ça nous permet de décentrer le point de vue, en fait, pis de concevoir les problèmes sociétaux dans leur globalité. Aussi, comme certaines de ces conjonctions-là ont eu lieu pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale, donc c’est pour dire que souvent, l’astrologie peut nous éclairer sur ces grands changements politiques-là. Pis mettons, c’est super intéressant d’observer aussi le cycle des générations à travers Pluton. Pluton, c’est une planète lente qui va passer comme une quinzaine d’années dans un même signe, corrige-moi Myriam si je suis pas… oui, c’est ça, donc par exemple, si on pense à la Gen Z,  ils ont Pluton en sagittaire, donc ça va vraiment être des révolutionnaires, ça va être des personnes qui vont militer, moi je pense qu’ils vont vraiment travailler très fort pour empêcher la dégradation du climat, t’sais qui sont souvent très informés, très érudits à leur manière, pis eux, ils vont engendrer des changements dans la société, pis après, la génération Alpha qui s’en vient, eux, vont l’avoir plutôt en capricorne, donc ils vont davantage mettre en application ces changements-là, t’sais, capricorne, c’est le signe du travail, donc ils vont bosser vraiment très fort. Donc, on peut le voir en termes d’analyse politique, mais moi, je pense aussi que les rituels qu’on organise entre nous, plus concrètement, c’est assez intéressant parce que c’est des rituels qui coûtent rien. T’sais, dans le capitalisme, pour guérir du capitalisme, faut tout le temps qu’on paye, c’est-à-dire qu’on paye pour une thérapie, pour faire du yoga, comme on disait dans notre article, mais ces rituels-là ne coûtent rien. On les fait entre nous, c’est des petites communautés de care qu’on va créer à travers ça. À la nouvelle lune, par exemple, on fait des souhaits pour les six mois à venir, donc je pense que y’a quand même un geste anticapitaliste à travers cette pratique de l’astrologie.

Myriam : Pour moi, c’est plus dans le micro, dans le sens où ce que ça peut permettre, l’astrologie, c’est justement une conscience. Dans le fond, c’est une pratique spirituelle, fait que c’est dans notre rapport au monde que ça se joue, comment on investit le monde, comment on se conçoit nous par rapport au monde, comment on se conçoit dans nos relations avec les autres, pis ce que l’astrologie, ça permet, pis moi, c’est ce que ça m’a appris, ma grande leçon de l’astrologie c’est ça, c’est de porter une attention à la spécificité des relations pis de leur complexité, aussi. T’sais, tout le monde est différent, chaque relation est différente. Finalement, ça permet une connaissance de soi pis du monde qui implique un détail pis une écoute qu’on a pas le loisir d’avoir dans cette société-là dans laquelle on vit, où on a pas le temps, c’est de s’asseoir pis de réfléchir. C’est ça, d’ailleurs, le sujet du dossier de la revue Liberté dans laquelle on a écrit, ça s’appelle La disparition du ciel, pis c’était un numéro, justement, de la spiritualité dans les sociétés occidentales modernes, pis je pense que justement, de ramener ce côté-là, qui a complètement disparu, ce qui selon moi, va vraiment de pair avec le développement du capitalisme, ben ça permet de réinvestir le monde d’une autre façon, qu’il soit pas tout le temps lié à l’argent, en fait.

Laurie : Oui, pis parlant de ça, du maudit capitalisme, l’astrologie, a aussi été marchandisée comme à peu près tout dans la vie. Est-ce que vous pensez que cette marchandisation, mettons, la mettre dans les revues ou dans les journaux pour attirer un nouveau public, ou aux grandes applications comme Costar, est-ce que cette marchandisation-là nuit à la discipline, ou est-ce que ça augmente le nombre d’adeptes? Qu’est-ce qu’on en fait? Est-ce que Costar pis sa popularité, c’est positif ou c’est négatif pour la pratique astrologique?

Maryse : T’sais, l’astrologie, c’est pas quelque chose, je pense qu’on a toujours payé d’une manière ou d’une autre pour aller voir les voyants, t’sais, les personnes, les astrologues, c’est un travail qui mérite aussi d’être payé. Je pense que de ce côté-là, y’a pas vraiment de problème. Les applications comme Costar, c’est sûr qu’ils font vraiment beaucoup d’argent avec l’astrologie, mais en même temps, si ça peut permettre de démocratiser ce savoir-là, tant mieux. Le problème qu’on voit à travers ça, c’est Myriam qui m’en avait parlé, donc je surfe un peu sur ton idée, c’est que y’a beaucoup de ces applications-là, en fait, qui nous donnent pas accès au fonctionnement de l’astrologie, donc tout ce qu’on a, c’est des interprétations de ce que ces planètes-là disent sur notre compatibilité ou notre personnalité, mais on voit pas comment ça fonctionne, une carte du ciel, on peut pas s’autonomiser par rapport à ça, ça serait un peu ma critique par rapport à ça. Cela dit, je trouve ça vraiment intéressant la culture des memes d’astrologie, par exemple, je pense que y’a quand même une communauté qui se crée autour de ça pis que certaines personnes en tirent du cash, c’est pas tant, pour moi, c’est pas quelque chose qui est un truc pur à préserver absolument.

Myriam : C’est à la fois positif et négatif pour moi, parce que y’a une forme de démocratisation, pis ça c’est intéressant pis c’est important, parce que c’est bien que ce savoir-là, ça reste pas, que les gens puissent avoir eux-mêmes les clés pour interpréter un carte du ciel pis de comprendre c’est quoi l’astrologie plutôt que d’aller consulter un ou une spécialiste ou un ou une astrologue qui va simplement leur donner tout cru ce qui en est sans leur permettre de comprendre eux ou elles-mêmes. Faut qu’il y ait une démocratisation, mais faut pas que ça soit accompagné d’une simplification à outrance de ce que c’est, l’astrologie. T’sais, justement, Costar ça fait ça, ça dit rien de comment ça fonctionne, ça fait juste donner des vérités toutes crues, donc il y a un bon et un mauvais côté à ça parce que, je sais pas, la « bonne nouvelle » de l’astrologie se répand, ça existe, c’est utile, c’est le fun, pourquoi pas, mais des fois c’est le fun de pouvoir aller plus loin.

Maryse : Par exemple, par rapport à Costar, une de mes grandes critiques, c’est que je trouve qu’ils vont juste nous donner des petites descriptions précises, bon, telle planète en tel signe ça veut dire quoi, mais la carte du ciel en tant que telle, je pense qu’ils viennent de la rajouter, mais avant, on voyait même pas le graphique.

Myriam : Je pense que y’a effectivement des éléments qui sont évacués, donc ça fait que les interprétations, t’sais, si on prend en compte un plus grand élément dans la carte, effectivement, peut-être que les interprétations seraient un peu différentes. Y’a plusieurs interprétations possibles d’une même planète dans une certaine position, pis moi, j’aime ça rappeler ça toujours quand je fais des lectures de carte du ciel avec des ami.es, je leur dis ça, parce que je veux pas qu’ils pensent que c’est moi qui a la vérité pis que ce que je dis, c’est la seule interprétation possible parce que c’est pas vrai, y’en a plein, y’en a que j’ai oublié, y’en a que je ne sais pas. Tout ça, c’est infini, on a pas la science infuse, pis Costar non plus, certainement pas, d’autant plus que c’est généré par des algorithmes, donc c’est intéressant aussi, c’est de l’interprétation, mais générée par des machines.

Laurie : On se rapproche de la science, en tout cas! (Rires)

Myriam : Oui, c’est ça, exactement!

Laurie : Je vous cite encore une fois, avant de finir : « Prise au pied de la lettre, l’astrologie est parfois utilisée pour alimenter les schèmes patriarcaux, les préjugés, l’exclusion, ça s’est vu et ça continue de se voir dans les milieux qui pourtant revendiquent leur émancipation de la structure dominante. » Seriez-vous à l’aise de m’en dire plus sur comment l’astrologie peut alimenter ces schèmes patriarcaux pis l’exclusion? Et/ou, toujours des questions à mille questions, comment vous arrivez à éviter ces biais-là dans vos pratiques?

Maryse : Oui, ben d’abord, je peux y aller avec un exemple vraiment simple, l’opposition de genres avec Vénus et Mars, les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus. Y’a comme aussi des analyses qui disent que Saturne, dans la carte, ça représente le père, pis la lune, ça représente la mère, mais moi, j’essaie de sortir de ça dans ma façon d’analyser l’astrologie. Même du côté des signes astrologiques y’a cette binarisation, c’est-à-dire qu’un signe comme vierge, par exemple, ça va être vu comme un signe féminin et capricorne comme un signe masculin. Même cette dichotomie-là d’actif/passif, pour vrai, si vous faites des recherches sur internet pis vous regardez ce que les astrologues disent sur les positions planétaires, on est tout le temps dans ces binarités-là, pis moi je trouve ça vraiment fatigant, ça renforce en fait des stéréotypes avec lesquels moi j’ai pas envie de construire un monde où on parle dans ces termes-là. Y’a beaucoup de discours en astrologie qui ne sont pas critiques de ça, mais heureusement, y’a quand même, je pense que parmi les astrologues queers, y’a beaucoup de gens qui cherchent à défaire ça, par exemple, voir Vénus davantage comme les relations affectives, l’amour, Mars comme la libido, ça permet un peu d’éviter ces écueils-là. Ensuite, par rapport à l’exclusion qu’on peut vivre dans nos communautés sur la base de l’astrologie, c’est que y’a beaucoup de gens qui ont des préjugés par rapport aux différents signes, fait que c’est l’idée d’exclure quelqu’un dans un projet parce que cette personne-là, par exemple, serait capricorne. Je pense que l’astrologie, ça devrait plus nous ouvrir à l’autre que de nous fermer à l’autre, en fait.

Myriam : Pis cette exclusion-là qui est basée sur les signes, c’est complètement anti-queer, parce que c’est tellement figé de dire que tel signe est telle chose, qui est déjà une lecture précise qui est pas nécessairement la même pour tout le monde, pis en plus, c’est de dire que cette personne-là est ça, on va même pas laisser la chance que cette personne-là puisse s’exprimer ou montrer qui elle est. C’est le mouvement inverse de ce qu’est la queerness, pour moi c’est d’essayer d’ouvrir, de faire de l’air là-dedans, dans ces définitions-là. C’est paradoxal comme posture par rapport à l’astrologie, mais je pense que c’est essentiel si on veut avoir une lecture queer. Pis c’est ça aussi par rapport aux énergies féminines ou masculines, pour moi c’est vraiment fou qu’on dise masculin ou féminin, parce que c’est vraiment, genre, l’énergie dite féminine, ça va être une énergie en astrologie qui va être plus réceptive, plus dans l’écoute, qui va aller vers l’autre dans l’empathie, pis l’énergie masculine, c’est les décisions, l’initiative. Mais pourquoi on les appelle comme ça, pourquoi on les appelle féminin ou masculin? C’est juste des préjugés qui viennent du social, ça a aucun sens, fait qu’un moment donné, c’est changer les mots, parce que y’a rien de choquant de dire qu’il existe une énergie d’ouverture pis une ouverture d’action, oui, ça existe. Ce qui est choquant, c’est de vous associer à un genre.

Laurie : Avant de vous laisser, j’avais envie de vous demander ce qu’on surveille pour vous au cours de la prochaine année? Avez-vous des projets en cours à publiciser? Ou selon les astres?

Myriam :Ben moi je suis dans mon retour de Saturne, fait que c’est difficile. (Rires) Ben non, c’est pas vrai! De mon côté, je travaille à l’écriture de mon premier roman, qui va être un roman d’autofiction, en fait c’est une enquête psychanalytique, donc c’est comme un récit, si on veut, de thérapie qui parle de la bisexualité, la relation mère-fille, pis c’est comme autour de récits de rêves, pis y’a aussi des passages plus théoriques, fait qu’en ce moment je suis là-dedans à fond, pis sinon ben des projets de cabarets de poésie dans le Bas-St-Laurent, à Trois-Pistoles, j’habite à Trois-Pistoles. Pis astrologiquement parlant, peut-être organiser des petits ateliers, essayer de jaser un peu de ça dans mon coin.

Maryse : Ben moi, de mon côté, je viens de publier mon premier livre qui s’appelle Sans refuge aux Éditions du cheval d’août, donc c’est pas mal ça qui m’occupe en ce moment, je travaille à l’écriture de mon deuxième livre qui est une autofiction aussi, qui entremêle la théorie au récit. Donc je dirais que c’est pas mal là-dessus que je planche.

Laurie : C’est génial! Ben je vous remercie beaucoup!

Maryse : Merci encore!

Segment 4 : Retour sur l’entrevue avec Alexandra et Laurie

Laurie : Merci encore une fois à Maryse et à Myriam que j’ai eu vraiment du fun à faire. Toi Alex, est-ce que ça t’a fait réfléchir à des choses? Est-ce que t’as aimé ça cette entrevue?

Alex : Mon Dieu, c’est une de mes entrevues préférées de la saison! Peut-être que je dis ça à chaque semaine, mais j’ai trouvé ça vraiment fascinant pis je me reconnais full, ça m’a étonnée à quel point ça m’a parlé, en fait, parce que je ne pensais pas que c’était un sujet qui me parlait tant que ça, mais t’sais, la spiritualité et la religion, dans toutes les lectures que j’ai faites par rapport à ça, c’est full une façon de se construire pis de réfléchir à soi pis à son rapport au monde et tout, pis je trouve ça vraiment intéressant comment le vocabulaire pis les concepts derrière des religions monothéistes comme la religion chrétienne pis le vocabulaire dans une pratique comme l’astrologie sont en fait à peu près les mêmes. Ça me fait réfléchir à ma conception de la spiritualité pis de la religion.

Laurie : Ouais, vraiment, ça découle toute de la notion de croyance, au final, mais qu’elle soit païenne ou religieuse… mais oui, c’est vraiment intéressant. Avant de starter, on donne tu une ‘tite nanane à nos auditeurices fans d’astrologie? J’ai le goût de te demander : c’est quoi ton signe Alex? 

Alex : Oh, O.K.! J’ai la chance d’avoir une amie vraiment bolée en astrologie fait que je sais trois choses : mon soleil est en taureau, je suis ascendant balance pis ma lune est en scorpion. Je sais pas ce que ça veut dire, par exemple.

Laurie : Moi non plus je sais pas ce que ça veut dire, mais si ça vous éclaire sur la personnalité d’Alex, amusez-vous! (Rires) Moi, personnellement, je suis gémeaux, lune en gémeaux, ascendant… gémeaux. Fait que, ouais, c’est ça. Pis pour la position de mes planètes, je les connais par cœur, vous pouvez écrire à June Pilote, on a pratiquement les mêmes. Si jamais vous vous questionniez là-dessus depuis le tout début de la saison, voilà, on vient d’y répondre.

Alex : On aurait dû y répondre avant.

Laurie : On aurait dû y répondre ben avant! Bon, plongeons dans le sujet en profondeur. Je vais découper ce segment en trois parties : d’abord un questionnement sur les liens entre les croyances païennes et le féminisme et le queerness, puis, un éloge à n’en plus finir de Starhawk, ma nouvelle découverte, et finalement, une petite section recommandations.

Donc, première question : pourquoi divination, magie et sorcellerie sont si facielement associables au queerness et au féminisme? Je prévois pas donner une réponse aujourd’hui, c’est pas ce qu’on a l’habitude de faire, mais des pistes de réflexion. Dans l’entrevue, Maryse et Myriam ont soulevé la piste de la présence un peu moins de la binarité que dans la société pis que dans les religions monothéistes aussi. J’avoue que dans le cas de l’astrologie, ça me rejoignait quand j’en parlais, mais il reste pour moi une petite part de déterminisme qui me fait trouver que non, c’est pas aussi binaire, il y a plus d’options, mais on ne choisit pas son signe, ni sa Lune ni la position de quelque planète que ce soit au moment de notre naissance. Mais pour ce qui est des autres sciences occultes ou arts occultes, oui, je comprends un peu cette présence moins forte de la binarité. Ma deuxième hypothèse, c’est la volonté de se réapproprier, dans le fond, je vais le dire très grossièrement, ce qui n’a pas intéressé les DUDES™ et qui a donc été considéré comme ridicule. Toutes les croyances mises à l’écart autant que les identités queer et même les femmes pendant longtemps, toutes ces choses qui étaient trop sensibles et de donc de peu d’intérêt pour les hommes, ben de se les réapproprier pis de faire « Ben vous autres, vous avez pas voulu les considérer, ben voilà, c’est mon identité maintenant pis j’en fais une fierté ». Moi, ça me semble une piste de peut-être pourquoi ça peut se rejoindre, le fait qu’on les ait autant mis de côté.

Alex : D’une même façon que, je sais pas si ça va être un bon parallèle, mais l’art de la drag ou des arts comme le maquillage, la coiffure sont réappropriés entre autres parce que ça intéresse pas nécessairement les DUDES™.

Laurie : C’est probable. Ma troisième hypothèse va un peu dans le même sens, mais c’est basée sur l’éducation genrée des enfants, qui valorise la sensibilité pour les personnes assignées femmes, parce qu’elle vont prendre soin, idéalement. Comme les arts occultes, la magie, et les pratiques divinatoires reposent toutes sur la perception et le senti plutôt que sur des doctrines ou des livres, comme c’est le cas pour les grandes religions monothéistes, c’est logique que ce soit plus fertile comme terreau pour des personnes qui ont développé cette sensibilité et cette écoute des autres, ce pourquoi elles ont été réprimées pis qu’elles ont envie de se réapproprier.

Alex : Pis j’imagine aussi, tout ce qui est, mettons, y’a ben plus de personnes femmes ou queers qui vont consulter des psys ou faire vraiment une recherche pis une réflexion par rapport à notre subjectivité pis nos patterns, ça aide beaucoup, ces réflexions-là, toute la cartomancie, l’astrologie, etc.

Laurie : Oui, absolument, la volonté de se remettre en question constamment. Mais ayant aucune chance de trouver une réponse absolue, on vous laisse sur ces suppositions. Gênez-vous pas si vous avez d’autres idées de comment ça se fait qu’on s’y intéresse autant!

Alex : J’ai lu pis j’ai aussi entendu dans un balado fait par Olivier Bernard qui s’appelle Dérives qui parle un peu de la spiritualité pis des dérives de la spiritualité, entre autres de la réappropriation des tentes de sudation dans lesquelles une dame a perdu la vie, mais il se questionne beaucoup par rapport à un espèce d’effet de mode par rapport à certaines spiritualités qui ne sont pas des religions monothéistes comme la religion chrétienne ou musulmane ou juive. Il parle avec un théologien, dans cet épisode-là, pis c’est quelque chose que j’ai lu ailleurs, t’sais, dans l’histoire, quand y’a des grandes périodes ou les religions, les grandes religions mainstream perdent un peu de leur place ou sont moins suivis ou résonne moins avec le quotidien pis avec la vie des gens, ben y’a souvent un mouvement où les religions néopaïennes recommencent à prendre plus de place. C’est arrivé au Moyen Âge, c’est pas la première fois que ça arrive que, je dis pas que y’a plus de personnes qui s’identifient aux religions mainstream, mais dans un monde plus moderne, y’a des fois des gens qui s’en détachent pis qui sont intéressés par d’autres types de religion parce que ça fite mieux avec leurs valeurs. C’est intéressant de voir, c’est pas nécessairement le lien avec le féminisme pis la queerness, mais en même temps oui, parce que c’est des personnes qui se sentent moins appelées par ces religions-là pis qui vont explorer d’autres types, mais c’est intéressant de voir que c’est un mouvement qu’on a vu souvent dans l’histoire.

Laurie : Oui, pis c’est ça qui est à la base du néopaganisme, c’est le concept même des sorciers, sorcières ou des néopaïens, c’est de ramener ces croyances-là, pis il faut pas oublier que l’être humain a une partie de son cerveau consacré à la question de la foi pis de la croyance, ça fait partie de nous fondamentalement le besoin de croire en quelque chose. Ça peut être notre propre force intérieure, mais ça peut aussi être quelque chose qu’on a besoin d’aller chercher à l’extérieur.

Je me dirige tout de suite vers ma deuxième partie de segment où je m’en vais vous jaser de sorcellerie, parce que c’est un aspect aussi important de la spiritualité queer et féministe autour de moi. T’sais, l’image de la sorcière, c’est quelque chose qu’on essaie de se réapproprier beaucoup. Moi, je suis tombé.e sous le charme, sous le choc, sur le cul, en amour, tombé.e tout ce que vous voudrez avec Starhawk. J’ai pas fini de lire Rêver l’obscur parce que je l’ai découvert dernière minute en faisant mes recherches sur cet épisode, mais je le dévore à la vitesse de l’éclair. Je vous le conseille à 100%, pis j’avais envie de vous offrir une mini-initiation aux bases de sa réflexion pour vous donner le goût de sombrer, comme moi, dans l’abîme de la lecture.

Alex : Ben ça me tente parce que je la connais pas beaucoup, Starhawk.

Laurie : Je m’essaye à t’initier, pis après on le lira ensemble, ça va être le fun!

D’abord, Starhawk se définit comme une sorcière néopaïenne. Elle définit la magie comme “the art of changing consciousness at will”. L’art de changer sa conscience selon notre désir. Selon cette définition, la magie comprend la portion politique, dans le fond, pis moi, déjà là, j’étais pas vendue, mais ça me parlait, parce que j’aime pas quand ces pratiques-là sont complètement… ben j’aime quand elles sont ludiques, mais quand c’est complètement apolitique, c’est j’ai tendance à trouver que c’est juste un jeu pis que ça vaut pas vraiment la peine de s’y attarder autant.

Alex : Ouais, trop apolitique ou trop centré sur l’individu et non la recherche de changement politique et social. Ça peut être une espèce de dérive.

Laurie : Exactement, pis c’est ça qui est vraiment intéressant avec Starhawk, c’est qu’un des concepts clés de son livre, c’est le pouvoir du dedans, c’est le pouvoir qu’on a en nous qu’elle met en opposition avec les croyances du pouvoir sur, le « power over », qu’elle associe au pouvoir des fusils, de la violence, de tout ce qui implique d’agir sur la vie des autres, même le capitalisme. Le pouvoir du dedans, qui est d’ailleurs plus proche de l’étymologie du mot pouvoir, de podere qui est « être capable », elle l’associe à être capable de grandir, de créer, de construire, de faire des choix, de réfléchir, d’agir en général. Ça, c’est quand même une posture qui est plutôt individuelle, dans un sens, parce que le pouvoir du dedans, c’est vraiment nous, ce qu’on peut faire, mais justement, c’est pas ce qu’on peut avoir, mais bien les actions qu’on peut poser pour améliorer le monde dans lequel on vit, finalement, pis ce pouvoir du dedans-là, c’est aussi considérer ses besoins, ses émotions, ses désirs, bref, tout ce qui relève de la corporalité comme des forces, pas comme des éléments chaotiques de nature qu’on doit réprimer, qui doivent être contrôlés, pis ça c’est vraiment le cas, entre autres dans la religion catholique, assez évident, tout ça est associé à la femme, les épreuves corporelles de menstruations, d’accouchement, de grossesse, ça c’est tout la corporalité de la femme, pis Dieu, évidemment, est vu comme un homme et il est immatériel, il n’a pas de corps. Dans la vision de Starhawk, ça, le corps, c’est notre outil avec le pouvoir sur, c’est comme ça qu’on perçoit les choses, c’est comme ça qu’on peut agir dessus, pis ça fait partie de nos forces en tant qu’être humain. Selon elle, le pouvoir sur, ben c’est comme la source de la destruction du monde, le lien entre les atrocités qui peuvent être reliées ensemble par justement la volonté de contrôle qui mène à de la violence. Pour la citer encore une fois : « Si nous voulons survivre, la question devient : comment renversons-nous non pas ceux qui sont actuellement au pouvoir, mais le principe du pouvoir-sur ? »

Alex : Mais tellement, c’est ça, c’est qu’il faut changer les questions.

Laurie : C’est de la job, c’est une peu utopique de réfléchir à un monde qui va être complètement changé pis qui va passer de l’un à l’autre, on est creux en osti dans nos systèmes, mais ça fait quand même du bien de s’ouvrir un peu à ses possibilités-là pis d’au moins faire les changements à petite échelle.

Y’a un autre concept qu’elle développe qui est le concept d’immanence, qui est comme la conscience du monde qui est vraiment dynamique, interdépendant, en interaction pis infusé d’énergie mouvante. Pis selon elle, quand on considère le monde avec cette vision d’immanence, qui est d’ailleurs présente sous d’autres termes et formes dans plein de croyances autochtones ou polythéistes ou animistes, ben le pouvoir, c’est plus quelque chose qu’on peut poséder, c’est quelque chose qu’on peut faire. Cette notion d’immanence est indissociable de l’interconnexion, de l’intersectionnalité, qu’on commence à intégrer dans nos réflexions féministes, pis de la reconnaissance de la valeur de chaque apport, aussi minime soit-il, au portrait global de la vie. Pis tout ça, c’est de la sorcellerie! C’est de la magie! Au final, le mot magie qu’elle utilise, elle le dit elle-même, la magie, la sorcellerie, la Old Religion, c’est juste des choix de mots qu’on peut faire pis elle a choisi magie parce que justement, c’est un peu confrontant pis ça va piquer des gens, mais l’important, c’est ce que nous, on va en retirer. Y’a des images qu’elle décrit dans son livre comme l’image de la déesse dans laquelle je me reconnais pas du tout, mais même quand elle la propose, elle spécifie « prenez-le si ça vous rejoint ». L’important, c’est vraiment qu’une croyance, c’est pas nécessaire de la partager avec tout le monde, l’important, c’est de le vivre, d’en faire quelque chose qui a du sens.

Alex : C’est tellement subjectif, les croyances, encore une fois c’est des outils pour répondre au « mystère de la vie », pis c’est pour ça que t’sais, des mots comme magie peuvent être utiles parce que c’est des affaires qu’on peut pas avoir des réponses nécessairement tout le temps sans se faire appuyer solide, béton. C’est philosophique, ça me fait full penser ce que tu dis à toutes les réflexions que j’avais eues quand je préparais l’épisode sur les care, le fait que, moi, je relis beaucoup notre détachement de notre corps pis de notre espèce de désir de contrôle par rapport à ce qu’on considère comme des défaillances, mettons les menstruations, avoir mal à quelque part, être fatigué.e, mais qui sont plutôt comme juste des signaux que notre corps nous envoie pis qui sont juste le fait qu’on est en vie, pis ça me fait penser aussi à ce que notre invitée de l’épisode sur le care disait par rapport à notre relation avec les autres individus pis le fait qu’on est vulnérables pis qu’on est tous interconnectés pis c’est notre relation avec les autres qui nous rend vivants pis humains, mais qui nous rend, je sais pas, faisant partie d’un tout, d’un monde qui peut être magique ou qui peut ne pas être magique, mais en tout cas, c’est intéressant. Je trouve que ça fait beaucoup de sens, en fait.

Laurie : C’est abstrait parce que ça s’appelle la magie, mais au final, c’est tout aussi concret que n’importe quoi autour. J’avais envie de vous conseiller de suivre la page de mon ami.e Marie LaViolette sur Instagram pour du contenu vraiment intéressant en lien avec le tarot, mais avec la spiritualité en général, qui est créé par une personne qui a étudié la théologie pis qui est vraiment bollé.e en général pis qui est une artiste de feu, fait que y’a plein de beau pour alimenter vos yeux. Vous pouvez le voir d’ailleurs dans l’illustration qu’iel a fait pour ce bloc d’épisodes qui est vraiment géniale. Et dernière petite recommandation que j’ai, je peux pas clôturer cet épisode sans vous conseiller d’écouter ma chanson préférée à ce jour, je pense, mais y’en a plusieurs, faites pas le saut, mais une sublime chanson qui est Une sorcière comme les autres de la plus que sublime Anne Sylvestre. Je trouve que cette chanson exprime mieux que mes mots pourront le faire ever ma compréhension du lien politique entre la sorcellerie pis la féminité qui sont des forces craintes par la sacrosainte majorité patriarcale. C’est un des textes qui, même s’il a été écrit en 1975, demeure un des plus riches, sensibles et recherchés sur l’histoire des femmes qui a été chanté, à mon avis, fait que je vous la conseille fortement.

Alex : Rien de moins!

Laurie : On va faire un petit retour sur la saison dans quelques minutes, mais je pense qu’en attendant, j’aurais assez radoté sur le sujet! À moins que tu aies quelque chose d’autre à dire, Alex?

Alex : Ben non!

Segment 5 : Assis-toi sur ton sofa avec ton inconfort par Miriame Gabrielle Archin

Miriame : O.K.! C’est à mon tour de parler! Est-ce que c’est à mon tour? Vous avez fini? O.K., vous avez fini.

Premièrement, je suis vraiment stoked de parler de l’astrologie. Comme cela a été dit, l’astrologie, c’est une discipline complexe qui exige la compréhension d’une quantité astronomique (pun kind of intended) de notions. First thing first : pourquoi je crois en l’astrologie jusqu’à preuve du contraire? Je refuse catégoriquement de croire que l’immensité du cosmos placée juste au-dessus de nos têtes n’ait absolument aucune incidence sur nous. I mean, who the fuck are we to be immune, or to consider ourselves as greater than the entire universe? C’est la même logique que je suis quand je pense aux aliens : us human beings are the only form of life in the entire universe? Get the fuck out of here! Mais bon, en tout cas… jusqu’à ce que quelqu’un vienne me voir avec des preuves concrètes que ces deux choses n’existent pas, je fais le choix conscient d’y croire. I mean, perso, je trouve ça aussi effronté que le monde qui pense qu’avec le réchauffement climatique, c’est l’existence de la planète qui est à risque. As if la planète va pas juste se débarrasser de nous pis trouver le moyen de continuer à exister comme elle a fait ces 4,5 milliards dernières années.

En tout cas, revenons à nos moutons. La Lune et le Soleil et les astres sont des éléments importants de beaucoup de croyances ancestrales et/ou précoloniales, pis ces astres arboraient et arborent encore aujourd’hui l’identité de dieux et de déesses dans certaines de ces croyances. Si je prends par exemple le Vaudou qui est la spiritualité à mes ancêtres à moi, c’est considéré que le cycle de la pleine lune est le moment propice pour les rituels et les cérémonies des initiés, que c’est à la pleine lune que le voile entre le monde terrestre et celui des esprits est plus mince. D’ailleurs, ce soir, au moment où j’enregistre ce segment, c’est la pleine lune! Coïncidence? I do not know. Poursuivons. Y’a même en fait des croyances que certains hiéroglyphes présentés sur les murs de certaines grottes mettaient en scènes des prédictions diverses comme par exemple une future pluie de météorites. Y’a même une théorie, qui fait tellement de sens quant tu y penses, qui se veut que l’histoire de Jésus le fils soit une métaphore astrologique, une des raisons pour lesquelles le christianisme aurait démonisé l’astrologie. Vous êtes prêt.es? O.K.! La théorie va comme suit : c’est connu que toutes les anciennes civilisations vouaient un culte au Soleil et étudiaient son mouvement à travers les étoiles, car elles savaient que sans le Soleil, la vie ne pouvait exister. Donc le 24 décembre, Sirius, étant l’étoile la plus lumineuse de l’est, s’est alliée avec les trois étoiles les plus lumineuses de la ceinture d’Orion appelées Les trois rois. Rendu au 25 décembre, ces quatre étoiles pointaient vers un autre astre en particulier, le Soleil… the son. Ben non, la Bible veut que les trois mages se sont fiés à l’étoile la plus lumineuse de l’est pour se localiser en direction du fils, aka the Sun. Quant à Marie, elle représenterait la constellation de la Vierge, étant aussi référée comme la Maison du père, car août et septembre représentaient la période de la récolte. Funny enough, celleux nés sous le signe du vierge sont celleux qui sont nés entre le 24 août et le 23 décembre. Enfin bref, Bethléem, étant le lieu de naissance de Jésus, se traduit comme étant the house of bread. Maintenant, du 22 au 24 décembre, c’est le moment où le Soleil arrête son mouvement vers le sud, pis le Soleil s’immobilise au croisement de quatre étoiles nommées the Southern Cross qui quand on les regarde forment un crucifix, comme celle où Jésus le fils, the Sun, a perdu vie. La période du 22 au 24 décembre représente la période de la mort à cause des longues nuits froides empêchant la récolte. C’est le 25 que le Soleil recommence à bouger, 25 décembre, the birth of the son, Pâques étant the rebirth of the Sun, et aussi le moment où les journées devenaient plus longues. Fucked up, hein! Cette théorie va même jusqu’à définir les 12 apôtres de Jésus comme étant les 12 signes astrologiques et le concept de Jésus marchant sur l’eau comme référence au reflet des rayons du soleil sur l’eau. Fait que moi, perso, j’ai la gueule à terre, pis je suis pas encore tout à fait sûr de où je me situe par rapport à ça, but it makes a whole lot of sense, doesn’t it? Moi, en ce moment, j’ai offert seulement quelques aspects de cette théorie, but it goes on.

Pour revenir plus près de moi, la magie et le rituel occupent une place importante dans ma spiritualité, comme la spiritualité Vaudou ainsi que les croyances ancestrales africaines. By the way, je fais souvent la distinction entre Vaudou et croyances ancestrales africaines, mais les deux sont sensiblement la même chose. La seule différence, en fait, c’est l’avant l’esclavage et l’après esclavage parce que dans le fond, le Vaudou, c’est un amalgame en partie de croyances de 21 communautés africaines différentes. So, yeah, juste for your information. Pour continuer sur ce que je disais, venant d’une lignée vodouisante sans pour autant être pratiquante, tous pratiquent en fait la magie et les danses, c’est quelque chose qui circule dans notre famille. En ce qui me concerne moi, j’appelle ma magie the third eye, qui se résume à un instinct supra-ultra-réceptif. Pour moi, c’est comme un muscle. Plus je l’échauffe, plus il devient précis et plus je deviens capable de discerner. L’interprétation, les cartes de tarot ont aussi été mentionnées dans l’entrevue, pis ce sont aussi des éléments importants de ma pratique qui me permettent de communiquer avec les ancêtres, de recevoir leur message. D’ailleurs, pour la célébration du passage de 2019 à 2020, je suis allée à Lurey aux US pour une retraite et une des activités de cette retraite était un atelier d’astrologie. La personne qui animait cet atelier avait fait une prédiction et elle disait qu’elle savait pas quoi exactement, mais l’année à venir allait être une année marquée d’un événement intense et important d’un point de vue mondial, que l’année à venir allait marquer l’entrée dans un cycle lent, important et éprouvant d’un point de vue autant personnel que collectif. And what happened? We got Rona! Pis toute la première partie de 2020, lorsque je me tirais aux cartes ou lorsque je lisais sur les différentes phases de la Lune et des astres, je recevais systématiquement des versions du même message, que c’était un moment décisif, une transition difficile mais importante, la terminaison d’un cycle important avant un renouveau. Ce qui revenait aussi, c’était la notion de purge menant à un nouveau commencement, quelque chose de vraiment difficile, mais qu’il fallait passer au travers pour commencer un nouveau cycle tout aussi significatif, mais de manière plus positive, comme une récolte fructifiante. C’est aussi en 2020 que je suis tombée en dépression majeure, donc le global, le personnel, pis funny enough, plus on s’approchait de 2021, plus le message des cartes et des astres commençaient à flipper pour parler d’un nouveau commencement de nouvelles relations, de nouvelles étapes dans les relations, la découverte de soi, l’acquisition d’un apprentissage significatif. So if you ask me, magic, astrology, energy and all the in between was always there since before our time, and pour moi, the difference is if you allow yourself to pick up on it of not. Je vais conclure en dirais que la science et la spiritualité ne sont pas mutuellement exclusives. I think that this is one of the biggest lie, parce que la science est une continuité de la spiritualité et vice versa. La science, c’est mettre des mots sur ce qu’on ne connait pas, mais avant que ce soit prouvé, they were just beliefs. En tout cas. Peace!

Segment 6 : Retour sur la saison et mot de la fin

Laurie : Merci Miriame de nous avoir coupé la parole une ultime fois! Alex, j’peux pas croire qu’on va clôturer cette saison sans même faire un petit retour. Est-ce qu’il y a quelque chose que t’aimerais dire avant qu’on range nos micros pour l’été?

Alex : Ben je suis un peu emo, sans niaiser. Cette saison a été notre première saison avec une grande équipe, ça fait trois ans qu’on fait ToutEs ou pantoute, d’ailleurs trois ans avec Marie-Ève, mais là, ça été vraiment un privilège de voir le projet évolution selon la vision de toutes nos collaboratrices. Si vous êtes surtout des auditeurices et moins des checkeureuses de médias sociaux et de site web, on vous invite à visiter notre site web et nos médias sociaux, pour voir la façon dont des artistes visuel.les ont interprété le thème de chacun de nos épisodes cette saison, et pour voir comment nos collaboratrices Ève-Laurence Hébert et Marie-Ève Boisvert ont revisité plusieurs de nos thèmes dans des articles de blogue vraiment intéressants et remplis de recommandations culturelles. Ça été vraiment quelque chose pour moi de vivre ça.

Laurie : Oui, vraiment, pis on dirait que la largeur de l’éventail des options qui s’offrent à nous est passé de 5 pouces à 8 pieds grâce à notre équipe.

Alex : Oui, vraiment, merci beaucoup d’avoir été là. J’ai aussi beaucoup cheminé dans mes réflexions avec toi dans cette saison-ci, outre l’aspect plus créatif, les sujets qu’on a abordés m’ont vraiment fait travailler, pis je pense que de lire et de parler avec différentes personnes d’amour, d’amitié, de sexualité, de care, de religion, ça m’a vraiment fait cheminer, pis j’espère que vous aussi!

Laurie : Moi aussi, j’ai appris tellement de choses tant théoriquement que dans le sens d’intégrer des nouvelles choses, de comprendre plus profondément des notions qui vont changer ma façon d’agir au quotidien, pis pour ça je te remercie toi, Miriame pis nos invité.es parce que ça ma vraiment fait plaisir. C’est une des raisons d’être du podcast de pouvoir discuter avec des gens qu’on admire, pis c’est vraiment ce qu’on a pu faire cette saison-ci. Je suis full reconnaissante.

Alex : Moi aussi, full.

Laurie : On fait-tu une liste de nos highlights de la saison? Mettons qu’on a le droit à genre trois chaque.

Alex : Ouf, O.K. Ben là, moi une de mes découvertes ça été l’habillage sonore avec toutes les blagues qu’on peut faire avec l’habillage sonore, allô Maïna! Un de mes highlights, c’est les jokes autour du mot homme cis dans l’épisode 3. Ça m’a fait beaucoup rire et on en a beaucoup parlé, j’étais vraiment fière de cette blague. Toi, ta première?

Laurie : Je pense que ce serait ma lecture de Disability Visibility : Tales from the Twenty-First Century qui a été vraiment géniale, je vous le conseille, pis ma toute nouvelle découverte de Starhawk, je pense que c’est mes highlights de lecture.

Alex : Découverte de lecture, le livre sur l’asexualité qui s’appelle Ace, ça été une lecture qui a été une de mes préférées, pis ma discussion avec Gabriel Guertin Pasquier sur l’asexualité m’a vraiment allumée, m’a ouvert mille portes dans ma tête.

Laurie : C’est vraiment le fun quand ça fait ça. Mon deuxième highlight, ça serait mon entrevue avec ma grand-mère pour le rapprochement que ça m’a permis de vivre avec elle. Ça m’a beaucoup touché.e.

Alex : Oui, c’était une belle entrevue. Je suis contente que tu nous l’aies présentée.

Laurie : O.K., un dernier highlight, Alex?

Alex : Une entrevue aussi, c’est l’entrevue que tu as faite avec Maïli Giroux-Dubois. Je l’ai vécue comme une thérapie et je suis contente que ce soit comme figé parce qu’on va pouvoir l’écouter régulièrement. Des fois, on aimerait ça pouvoir réécouter nos séances de psy, mais là, on peut!

Laurie : (Rires) C’est vrai! Pis moi, je pense que mon dernier highlight, c’est définitivement la table ronde de Miriame avec Jolyanne et Maya Cousineau Mollen. Ça m’a appris beaucoup, pis j’ai appris beaucoup   du fait de pas être là, pis de juste l’écouter, mais à l’intérieur de notre propre projet. En tout cas, j’ai eu vraiment, c’était génial, c’était riche.

Alex : Ouais, vraiment un bon épisode.       

Laurie : Avant de vous laisser, si jamais vous avez l’habitude d’arrêter votre écoute avant les remerciements, j’ai le goût de vous demander de prendre le temps aujourd’hui de les écouter au complet, en ce dernier épisode, pour remarquer l’ampleur de notre équipe, c’est qui qui est là-dedans, parce que c’est du monde dévoué, du monde incroyable qui nous aide de semaine en semaine à réaliser ce projet.

Alex : Bon point! Fait qu’on va conclure ce dernier épisode de la saison 3 de ToutEs ou pantoute avec ça. Merci à Myriam de Gaspé et Maryse Andraos pour l’entrevue. Si tout va bien, on vous revient l’hiver prochain avec une toute nouvelle saison pis on espère qu’on va continuer de s’actualiser nous-mêmes comme des personnes qui pratiquent une spiritualité quotidiennement. D’ici là, dites-nous, croyez-vous à ça l’astrologie? Laissez-vous les feuilles dans votre thé pour lire l’avenir dedans ou ben donc ça vous écœure ben raide? Pis aussi, c’est quoi vos highlights de la saison vous autres? On a le goût de vous entendre, pis de vous lire, faque gênez-vous pas pour nous écrire sur nos médias sociaux, on s’appelle ToutEs ou pantoute pis on est sur Instagram et Facebook et on a même un courriel toutesoupantoute@gmail.com

Laurie : Aussi on vous invite à nous écrire si vous pensez qu’on peut s’améliorer d’une quelconque manière, c’est drôlement un bon timing entre deux saisons. C’est quoi nos angles morts? Qui on oublie, qu’est-ce qu’on oublie? Hésitez pas à nous aider à être meilleures, on est pleines de bonne volonté pis on sait qu’on est pas parfaites.

Si vous avez une passion, un talent, une expertise, pis que vous aimeriez partager ça avec nous comme Panoramix partage sa potion magique avec qui en veut bien, sauf Obélix… c’est pas juste ça! Grossophobie! Écrivez-nous! On sait pas dans quelle mesure on va pouvoir vous mettre sur la map, on veut vous connaître et on est toujours à la recherche de nouveaux sujets, et de personnes de tous horizons pour en parler avec nous en ondes. On veut sortir de nos cercles! Help!

Alex : Une toute dernière fois, merci à toute notre équipe sans qui cette saison n’aurait pas été aussi trippante, intense, productive et pleine de belles rencontres! Merci à Miriame Gabrielle pour son nouveau segment plus que rafraîchissant. Merci à Elyze Venne-Deshaies pour les brand new jingles, avec Christelle Saint-Julien à la harpe et Henri-June Pilote aux percussions et Marie-Frédérique Gravel au mixage et mastering. Merci à Odrée Laperrière pour notre visuel, à Cassandra Cacheiro pour les photos, à Marin Blanc pour notre graphisme, merci à Marie-Ève Boisvert pour le montage, Maïna Albert pour l’habillage sonore, merci à Ève-Laurence Hébert pour la coordination et Melyssa Elmer à la gestion des médias sociaux. Merci à Émile Perron et Catarina Wieler-Morin pour notre site web. Merci Émilie Duchesne pour la transcription des épisodes. Merci au Conseil des arts du Canada de son soutien, et finalement, merci à vous autres d’avoir joué avec nous !

Ensemble : Bye bye ! 

(Générique de fin)

Fin de l’épisode