S3E2 – Représentations de l’intime : hors du mythe de l’hétéronormativité avec Kezna Dalz (TeenAdult)

Segment 1 : Introduction 

(Musique d’intro)

Laurie : allô allô à toutes avec un criss de gros E à cause c’est toujours ben la base essayer d’inclure tout l’monde. 

Pour celleux qui nous écoutent pour le première fois, toutEs ou pantoute, c’est comme le compte que tu partages avec 7 inconnuEs (parce que ça te gêne de l’offrir à tes amiEs) pour avoir accès à ton site de porn féministe éthique sans débourser 40$ par mois. Si jamais vous voulez partager, écrivez-moi!

(rires)

Aujourd’hui, on parle de représentations de l’intime hors du mythe de l’hétéronormativité et des standards de beauté avec une artiste visuelle sur qui on trippe autant Alex que moi, et j’ai nommé : Teen Adultt

Alexandra : Oui!  Pis on va continuer notre épisode avec une participation spéciale mais récurrente de toutEs ou pantoute revisitée, vers la fin de l’épisode, une nouvelle collaboration qui nous rend vraiment ecstatic pis qui va vous faire regretter d’avoir fait stop avant la fin si jamais c’est votre genre.

On va commencer l’épisode drette là, à la vitesse où on devrait intercepter nos jugements stéréotypés pour pas qu’ils se transforment en commentaires inappropriés sur les médias sociaux quand quelque chose nous prend de court. 

(rires)

Ici Alexandra Turgeon en direct de Trois-Pistoles…

Laurie : Et Laurie Perron, en direct de Saint-Prime, drette au bord de l’Ashuapmushuan, au Lac-St-Jean.

Ensemble : Vous écoutez toutEs ou pantoute!

(Intermède musicale)

Segment 2 : présentation expertE

Laurie : Alors officiellement bienvenue dans ce deuxième épisode de la troisième saison de ToutEs ou pantoute! Merci d’être là, encore et toujours, c’est vraiment un honneur de jaser avec vous, slash pour vous, slash… en tout cas, c’est un honneur!

Alexandra : D’ailleurs, si vous voulez encourager toutEs ou pantoute, on est sur Patreon, une plateforme qui permet de vous abonner à nous autres à partir de 3$ par mois pis ça vous permet d’avoir du contenu exclusif pis nous aider à payer notre monde pis notre matériel. Vous allez avoir accès, si vous vous abonnez, à des épisodes bonus, nos entrevues complètes avec nos invitéEs, pis des fois des surprises que vous recevrez par la poste! C’est au patreon.com/toutesoupantoute.

Laurie : Pis si jamais vous avez un peu trop de monnaie dans vos poches, qui trainent, ou dans vos craques de divan, pis que vous avez envie de juste nous la donner, de nous faire des dons non récurrents parce que vous avez, comme moi, peur de l’engagement, les liens sont dans les notes de l’épisode! Pis aussi vous pouvez juste être là pis écouter, c’est déjà tellement hot. D’ailleurs, je pense qu’on va arrêter immédiatement de parler de cash parce que… on est toujours ben anticapitaliste, voyons donc!

Alexandra : Ouais, c’est malaisant. 

Laurie : Aaah, O.K., j’ai mal à l’âme. Bon! Pour celleux qui nous suivent depuis un moment, vous savez sans doute déjà que les représentations de l’intime dans l’art me passionnent au plus haut point. On en parle souvent, en traitant de mille autres sujets, de l’importance de se voir et de se reconnaître dans les médias ou les œuvres grand public, pis aussi du manque de diversité flagrant dans ces mêmes lieux artistiques, mais on n’avait pas encore abordé le sujet de front, fait que ça me fait plus que plaisir de le faire aujourd’hui avec Kezna Dalz, alias Teen Adultt. Bon, mon accent du Lac qui ressort…

Plusieurs de nos auditeurices sont probablement familierEs avec son esthétique puisqu’on a pu voir ses oeuvres un peu  partout sur les médias sociaux, mais même en dehors de la virtualité, parce que son art s’infiltre partout! Certaines de ses oeuvres ont été exposées au Musée des Beaux-Arts du Québec dans le cadre de l’exposition — attention, je m’en vais parler en anglais —  “Opening A Dialogue About Body Liberation” (aux côtés de nos chouchous du Womanhood Project). Ses œuvres ont aussi servi de support visuel à une bière, des affiches, un test dans le magazine Cool — ça c’est pas rien —, et même, plus récemment, une ligne de sous-vêtements avec la compagnie Undz. Bref, il me semble clair que c’est, encore une fois, une star qu’on reçoit aujourd’hui, fidèles à nos habitudes, et ça se passe, drette là!

(Intermède musical) 

Segment 3 : Entrevue avec Kezna Dalz

Laurie : Allô, Kezna! Merci d’avoir accepté mon invitation et d’avoir subi les complications techniques et d’être encore là…

Kezna : Merci de l’invitation! 

Laurie : Pour commencer, j’aime tout le temps, en début d’entrevue, pour que nos auditeurices puissent avoir le temps d’apprendre à te connaître, commencer par te demander peut-être un petit topo de c’est quoi ton parcours artistique. Comment t’en es venue à être l’artiste que t’es aujourd’hui?

Kezna : Je pense que j’ai toujours eu un intérêt pour l’art, comme quand j’étais enfant, j’aimais vraiment ça dessiner, travailler avec le pastel pis des trucs comme ça, pis je pense que ça m’a suivi au secondaire, au cégep, etc. J’ai commencé au cégep en arts plastiques, mais après ça j’ai changé pour sciences humaines avec un profil plus politique. Même chose à l’université, j’ai étudié à Concordia en sciences politiques et en droits humains, pis dans le fond, après ça j’ai lâché pis j’ai travaillé, pis je continuais à faire de l’art. Après ça, j’ai vu qu’il y avait comme un intérêt grandissant pour ce que je faisais, les gens voulaient acheter et tout, donc ça s’est concrétisé, pis je me suis dit « ah, ben je pourrais peut-être faire ça de ma vie! »

Laurie : Ben oui! Puisqu’on peut, pourquoi pas le faire. Pour mettre un peu dans le bain celleux qui ne connaissent pas ton art, disons que, ben la quasi-totalité de tes illustrations montrent des corps, souvent nus, souvent noirs, parfois multicolores, avec seins, vulves, poils, courbes, bref, que du beau! Est-ce que c’est un choix artistique conscient, pour toi, de mettre toutes ces parties-là, disons, non-aseptisées du corps, ou est-ce que ça relève vraiment de l’évidence, pis de ton réflexe créatif?

Kezna : Je pense que c’est un peu des deux. Au début, j’ai toujours trouvé important de montrer ce qu’on voit pas assez, pis je pense que ça vient d’un ras-le-bol de voir tout le temps la même chose, des corps blancs, imberbes, minces, les standards de beauté eurocentriques. Donc, je me suis dit que j’allais aller totalement à l’opposé de ça, pis là je le fais le plus souvent, parce que c’est devenu ce que je veux exclusivement faire, je pense que c’est important pis que je pourrais jamais assez le faire. 

Laurie : Y’a aussi beaucoup, dans ton oeuvre, de proximité physique entre des personnages qui ont tous des seins, des vulves, des fois, c’est comme plus sensuel, mais moi je vois aussi plein de solidarité pis de camaraderie, mais bon, c’est sûr que j’essaie toujours de trouver de la belle représentation queer, fait que t’sais, j’en vois, mais est-ce que ça fait partie de ce que tu cherches à montrer?

Kezna : Ah, oui, 100%! C’est sûr que y’a beaucoup de mes illustrations et peintures qui ont de la sensualité, mais les thèmes, du moins quand je travaille dessus, que j’aime explorer, c’est le self-love, la vulnérabilité, la solidarité, comme tu dis, c’est vraiment important pour moi de faire des personnages qui interagissent entre eux, autant si c’est le même personnage qui revient sur la même toile, mais différents états d’âmes, qu’un personnage avec des amis, des soeurs, etc. qui se supportent, pis qui sont justes bad ass ensemble, c’est important pour moi.

Laurie : Ouais, moi aussi j’aime ça. Je me demandais quel type de relation qui se mérite l’honneur d’être illustré par toi, mais c’est beau ce que tu dis, que des fois, c’est juste la même personne dans plein d’états d’âmes, je trouve ça ben beau. Est-ce que, quand tu crées en général, mettons au début, quand t’as commencé, ou même quand tu le fais actuellement, est-ce que c’est basé sur ta volonté de partager tes œuvres, ou c’est vraiment quelque chose de personnel? Est-ce que t’as ton public en tête quand tu crées, ou pas vraiment?

Kezna : Je pense que c’est un peu des deux, mais c’est plus pour moi que pour les autres. Dans le sens que, je suis toujours super heureuse que les gens puissent connecter à mes illustrations, pis c’est un des plus beaux cadeaux de pouvoir toucher les gens, à travers mon art, mais avant tout, je pense que c’est un réflexe pour extérioriser comment je me sens, ce dont j’ai envie de parler, des choses qui sont importantes pour moi, donc c’est vraiment un ramassis de ces trois choses-là, mais avant tout, c’est les émotions, c’est la façon par laquelle je m’exprime. Quand je ressens quelque chose de fort, ou pas, j’aime bien le dessiner, c’est ma façon d’extérioriser.

Laurie : Ah, cool! J’avais comme envie de te demander si tu considérais ton art comme étant intime, mais là je doublerais la question, dans le sens que est-ce ton art pis ton intimité, c’est deux choses différentes, ou si ça se rejoint, veut, veut pas?

Kezna : Ça se rejoint vraiment beaucoup. J’ai souvent l’impression de partager des grandes parties de moi à travers ma peinture pis mon dessin. Je pense que c’est très intime, que ça fait que c’est encore plus fou de le partager avec des gens, parce que tu te sens un peu vue, surtout quand les gens comprennent ce que t’as illustré, mais aussi, eux aussi ils apportent une autre interprétation qui fait tout autant du sens. C’est juste que ça crée un genre de partage émotif, et j’aime vraiment ça.

Laurie : Moi aussi, j’aime ça, ça adonne ben! J’ai envie de toucher à la notion de pudeur, aussi, quoique ça soit pas très présent dans ton art, on va se le dire! L’absence de pudeur, dans le sens de ce qui vaut la peine ou pas d’être mis en image, c’est quand même une des forces de ce que tu fais, selon moi en tout cas, je suis pas une grande critique d’arts visuels, mais bon! J’ai l’impression que y’a rien de trop banal ou anodin pour faire partie de ce que tu vas montrer. T’sais, moi mon intimité, ça englobe tout ce qui pourrait me rendre trop vulnérable pour que je prenne le risque de le montrer devant des gens en qui j’ai pas confiance, pis c’est un peu à ça que je pense quand je vois tes personnages dans le bain. La première image que j’avais vu de toi c’était celle de Calling my mommy, avec le personnage qui parle au téléphone en pleurant, c’est quand même des positions potentiellement vulnérables, slash très vulnérables, pis tu parlais tantôt de comment la vulnérabilité fait partie de ton processus, mais pourquoi c’est important pour toi de montrer ces moments-là?

Kezna : Bonne question! Je pense que c’est vraiment important parce que, si on dit ça de façon simple, on en voit jamais assez. Je trouve que même s’il y a beaucoup d’avancées par rapport à ça, y’a encore une grande place laissée à l’égo, pis « ah, ben moi, non, je suis pas vulnérable, c’est pas acceptable de se sentir d’une certaine façon » ou « y faut se contrôler, se limiter par rapport à nos émotions ». Je pense que, encore une fois j’essaie d’aller à l’encontre de ça, je pense que c’est important d’accepter pis d’être gentil avec soi-même par rapport à ce qu’on ressent, parce que c’est quand même toutes des émotions normales. Je pense qu’en les montrant comme ça à travers mon art, si ça peut faire du bien, dans le sens que quelqu’un qui se sentait seul et qui n’osait pas en parler, pis voit ça pis se dit « ah, ben oui, ça c’était moi hier soir dans le bain, ou sur mon lit en train d’appeler ma mère! » Pis t’sais, j’ai 25 ans, j’ai pas 14 ans, même si mon nom c’est Teen adultt, pis t’sais, je pourrais très bien appeler ma mère aujourd’hui pis être en train de pleurer, comme je pourrais tout autant le faire dans 20 ans, pis c’est tellement pas grave. Les émotions, ça a pas d’âge, pis je pense qu’il faut les accueillir. 

Laurie : C’est drôle parce que t’as aussi absolument le contraire dans tes représentations des personnages, parce que y’en a plein qui sont pas en train de faire une action précise mais qui sont full unapologetic pis fierce pis dans une mer de couleurs, pis là je me disais… quand on veut juste mettre un personnage comme ça pis montrer sa force, comment tu choisis dans quelle position, dans quelle posture tu vas le placer?

Kezna : Je pense que j’ai les postures qui donnent l’impression que le personnage est vraiment confortable, ce qui est drôle, parce qu’ils sont tout nus! Je pense que j’aime bien jouer avec ça pis montrer que c’est pas grave être tout nus pis c’est confortable, pis ils pourraient être en train de faire n’importe quoi, mais sont tout nus (rires). Je trouve ça drôle de jouer avec cet aspect de vulnérabilité-là, encore une fois. Sinon, j’aime beaucoup les postures qui ressemblent à celles d’un personnage qui danse, mais pas comme pas nécessairement bien. Genre, juste un peu awkward, mais c’est pas grave, t’sais, comme quand tu vas danser, ou que t’es chez toi pis que t’entends une chanson cool pis que tu te mets à danser : tu sais que c’est pas beau, mais c’est pas grave! 

Laurie : Je pense que toutes les auditeurices peuvent s’imaginer en train de faire ces mouvements peu gracieux, mais Ô combien libérateurs! D’ailleurs, depuis tantôt, j’appelle tes personnages, des personnages, mais sans savoir si c’est vraiment des personnages fictifs ou des portraits, ou un mélange des deux. À quel point ton art, c’est toi, ton monde autour de toi, ou c’est complètement imaginé?

Kezna : Les trois! C’est sûr que y’a une partie de moi dans mon travail, mais je pense que c’est plus la partie émotive. C’est sûr que je dessine des personnages noirs, pis que des fois ils ont des grands cheveux frisés et tout, mais c’est rare que je me dis que c’est moi pis que je vais faire un portrait, je pense que c’est plus mes émotions qui se transposent sur mon travail. C’est plus des personnages imaginaires, je pense, ou des gens que j’ai vu dans la rue, pis que j’étais comme « Oh, j’aime cette coiffure ou cette forme de corps ». Je m’inspire de tout ce que je vois, en fait.

Laurie : J’ai vu que depuis le mois d’octobre, t’as une ligne de sous-vêtements. Si ça c’est pas se tailler une place dans l’intimité des gens, je sais pas c’est quoi! Comment ça feel d’habiller les gens avec des personnages tout nus?

Kezna : J’aime ça! Je trouve ça tellement cool! (rires) Pis y’a plein de gens qui m’envoient des photos. On a fait une collaboration d’un modèle seulement, mais j’aimerais ça éventuellement en faire d’autres avec Undz ou une autre compagnie basée ici, je trouve que c’est le fun pis, pour vrai, mes personnages sont souvent tout nus, mais pour ce qui est du confort, ils pourraient tout autant être en sous-vêtements de type boxers, parce que c’est tellement confortable, pis, je sais pas, j’aime beaucoup le confort dans la vie en général. C’était vraiment une belle collaboration à ce niveau-là, je trouve que ça se rapproche de ce que j’aime.

Laurie : Moi j’en ai, pis je les aime full! Je les conseille à tout le monde. On va mettre le lien. Ça c’est, disons, une exposition plus populaire de tes oeuvres, mais t’as aussi été exposé au Musée des Beaux-Arts du Québec, une exposition conjointe avec plusieurs artistes géniaux qui s’appelaient Ouvrir le dialogue à propos de la libération du corps. Est-ce que toi, t’arrives à mettre en mots ton apport personnel à ce dialogue-là? Qu’est-ce que tu veux apporter à ce dialogue sur la libération corporelle? 

Kezna : Je pense que, encore une fois, ça serait de parler abondamment de représentation, de couleurs, mais aussi, de corps différents… En fait, j’aime pas vraiment utiliser le mot différent, juste les corps qu’on voit pas assez. Juste un exemple, je parlais avec quelqu’un cette semaine, pis j’étais en train de dessiner, j’aime beaucoup m’installer dans des endroits autre que chez moi ou au studio pour dessiner, pis c’était un personnage tout nu, pis la personne était comme « Hein, ses seins sont donc ben pendants! », pis j’étais comme… wow. C’est rare que je participe à ce genre de discussions, ces temps-ci du moins. Voir que ça se dit encore pis que c’est choquant. Je réalise que c’est tellement internalisé que n’importe qui, même des personnes que tu pensais pas avoir ce discours-là, pis c’est quand même choquant, ces conversations-là. C’est important de pousser pis de continuer à parler de représentations, pis t’sais, c’est sûr que ça influence, les conversations qu’on a eues, parce que la personne à qui je parlais avait un corps similaire au personnage que je dessinais, pis c’est pour ça que ça m’a encore plus choqué, parce que c’est littéralement, ça pourrait être toi… Ça me donne la motivation de continuer à en dessiner, mais surtout de continuer à en parler, surtout dans un contexte d’amitié, parce que je sais pas… y’a pas juste une forme de corps. J’étais juste vraiment choquée! 

Laurie : Oui, c’est clair, pis sûrement, quand tu choisis de dessiner un type de corps ou un autre, sûrement que ce que tu fais, c’est de montrer à quel point c’est beau, en tout cas, ce qui en ressort c’est d’en montrer la beauté.

Kezna : 100%. C’est vraiment ça que j’apporterais, ce dialogue là. C’est vraiment juste de continuer de célébrer les corps normaux, mais pas assez montrés.

Laurie : Pis ça va peut-être finir par effacer la notion de corps différents justement, parce qu’on va se le dire, ils sont tous différents, c’est juste qu’on montre seulement un modèle.

Kezna : Exactement. 

Laurie : De façon ultra-globale, je me demandais, toi, est-ce que tu trouves qu’il y a de l’amélioration au niveau des représentations de l’intime un peu moins stéréotypées dans les médias en général? Ou pas tant?

Kezna : Je trouve que oui, surtout par les personnes… ben, dans les médias, le seul truc qui me chicote, c’est que oui, y’en a plus, mais je sais pas si c’est pour vendre. C’est super important, pis à la fin de la journée je suis heureuse que y’en ait plus parce que c’est vu par les gens pis ça s’incruste dans les cerveaux, mais je sais pas si c’est juste pour suivre une trend, pis je pense que ce que j’apprécie, c’est quand c’est vu de plus en plus pis que c’est des initiatives créées par des personnes qui sont concernées, comme des initiatives queer qui vont sortir, un photoshoot, juste mettre un message à partager avec les gens. J’aime quand les choses sont créées par les gens qui sont concernées, d’une certaine façon, pis ça, y’en a de plus en plus, pis je trouve ça vraiment le fun de voir ces initiatives, mais j’avoue que j’ai toujours un certain inconfort pis je me questionne quand ça vient des médias. 

Laurie : Pis, de façon très large, là on a parlé du corps, mais dans toutes les sphères de ce que peut représenter l’intimité, selon toi, qu’est-ce qu’on voit encore trop peu pis qu’on devrait montrer davantage?

Kezna : Des personnes trans noires en relation. Y’en a pas assez du tout, j’en vois quasiment jamais, pis elles existent ces personnes. Je pense que c’est ce qui manque le plus. Y’a beaucoup de représentations queer de personnes blanches, pis je suis super contente, parce que c’est de la représentation queer, mais y’a pas juste ça, pis j’aimerais ça que les jeunes surtout qui sont racisés pis sont queer ou trans puissent avoir eux aussi leurs modèles. Pas nécessairement toujours avoir à fouiller constamment, comme « Ah, cette personne est comme moi, c’est le fun! », t’sais. 

Laurie : Oui, c’est ça, pas avoir à aller fouiller sur les forums entre personnes trans pour arriver à se trouver des photos, juste que ça fasse partie du narrative. Qu’est-ce qui s’en vient pour toi dans les prochains mois à surveiller?

Kezna : Une exposition, à partir de presque fin janvier jusqu’à fin février avec plusieurs artistes incroyables, pis le thème ça va être les corps,  la représentation des corps, donc encore une fois, c’est pas très loin de ce que j’aime faire, je suis vraiment contente! Pis c’est une exposition avec juste des femmes racisées. J’encourage tout le monde à aller la voir, il va y avoir des informations qui vont déjà être sorties au moment où cet épisode sera sorti! Sinon, j’illustre un livre pour enfants qui devrait sortir en février 2022, si me trompe pas, peut-être un peu avant, mais j’ai très hâte, encore une fois, de la représentation, c’est par rapport à Jean-Baptiste Alaize, c’est l’histoire de sa vie, un coureur qui a été adopté par une famille française après avoir vécu le génocide au Rwanda, pis dans le fond, c’est sur sa vie parce que c’est un champion paralympien : il avait perdu sa jambe dans les attaques au Rwanda. Suite à son adoption, c’est devenu un coureur incroyable, et le livre d’enfants, c’est sur sa vie. Donc ça, c’est vraiment excitant pour l’année prochaine! Sinon, d’autres gros projets que j’ai pas vraiment le droit de dire, mais… ça inclut mon art, mais animé! C’est tout ce que je vais dire. (rires)

Laurie : Oh! Dis-en pas plus, mais nous autres on va surveiller. Merci vraiment beaucoup d’avoir pris le temps de jaser de ça avec moi.

Kezna : Je veux te remercier, c’était super sympathique de discuter avec toi, pis merci à toutes les personnes qui écoutent cet épisode!

Laurie : Yay! Merci beaucoup.

(Intermède musical)

Segment 4 : Retour sur l’entrevue avec Laurie et Alexandra

Laurie : Je me trouve vraiment chanceuse d’avoir eu cette entrevue-là, j’ai trouvé que c’était vraiment trippant avec Kezna. Toi Alex, qu’est-ce que ça t’a évoqué, tout ça?

Alexandra : J’ai tellement trouvé que c’était une conversation touchante pis vraiment fucking intéressante aussi. Sa démarche pis sa réflexion par rapport à son oeuvre rend son oeuvre encore plus intéressante, je pense. Mais, une des chose que j’ai le goût de soulever dans votre conversation, c’est le fait que, parce que tu parles des représentations de l’intime, entre autres, aujourd’hui, mais le fait que l’art, c’est souvent une représentation de l’intime, peu importe si le sujet de l’oeuvre artistique, c’est une représentation artistique ou non, parce que ça part souvent des émotions pis de l’intériorité de l’artiste, pis là ça vraiment fait exploser mon cerveau quand j’ai catché ça. Je trouvais vraiment ça bollé comme point à aborder avec elle. 

Laurie : Oh non, on est encore mal pris! Dans le dernier épisode, on savait pas définir amour pis amitié, pis là on est pris à pas être capables de définir intimité non plus.

Alexandra : Bon point!

Laurie : Shit! Bon, j’en ai probablement déjà parlé dans le podcast, je suis pas certaine, mais personnellement, ma vie et ma conception du monde ont changé carrément le soir où j’ai écouté Rent, en 2007ish, qui est une comédie musicale. Je me souviens d’avoir fait le tour de St-Félicien en marchant pis en braillant sans comprendre que c’est qui pouvait ben m’arriver, parce que je ne connaissais rien de la crise du VIH-Sida, j’habitais encore chez ma mère tout en travaillant beaucoup plus que nécessaire, fait que j’avais aucun souci d’argent, pourtant, les struggles des personnages de Rent m’ont rejoint comme rien d’autre l’avait fait à date. Je sais pas c’était quoi, c’est peut-être la solidarité entre les personnages, leur marginalité de pensée, ou le côté vraiment queer, mais y’a quelque chose qui m’a reflété ce que je sentais en moi, pis ce que je voulais être, mettons. Ça a changé ma vie. Je trouve que l’effet de la représentation, c’est un peu ça : c’est de se rendre compte qu’on est pas tu seuls, pis pour celleux qui sont déjà pile dans la norme, ça peut-être l’air banal, mais quand t’arrives pas à trouver ta place dans le monde, ou à te créer un cercle d’amiEs qui te ressemble parce que tu détonnes pour X ou X raison, ça vaut tout l’or du monde de se sentir être une part de quelque chose, même si c’est juste via la fiction. 

Je me demandais, toi Alex, est-ce que tu te souviens des premiers moments où tu t’es reconnue dans des personnages? Qu’est-ce qui t’avait fait accrocher?

Alex : Mettons, les représentations plus mainstream, quand j’étais enfant ou quand j’étais ado, de c’est quoi une ado ou une enfant ou une jeune fille, me rejoignaient souvent pas, pis ça a comme accentué mon sentiment de pas être « normale », pis c’est beaucoup en tant qu’adulte maintenant, mettons, que je suis capable de déconstruire ça, parce que je pense que la représentation est de plus en plus diversifié. Je pense que c’est beaucoup dans les romans, en fait, plus que à la télé et au cinéma, malheureusement, parce que y’en avait moins, ou en tout cas, je savais pas où les chercher, mais, genre, c’est quand même kitsch, pis c’est quand même conservateur comme roman, mais Anne et la maison aux pignons verts, le personnage d’Anne, c’est une nerd, pis elle détonne aussi dans son environnement, est pas nécessairement « cool », mais elle, elle s’assume tellement, pis elle est tellement fière de ce qu’elle est, pis de sa différence, que c’est sûr que c’est un personnage qui m’a vraiment fait du bien, en fait.

Laurie : Je suis tellement contente que tu l’aies nommée, je trouve ça zéro kitsch! En même temps, je suis pas une référence, mais si t’avais eu personne, je pense que je t’aurais pitché dans face : « Non, mais même pas Anne, de la maison aux pignons verts? » 

(rires)

Alex : Malade! Ouais, je l’ai découverte quand j’étais genre, début d’adolescence. Ça m’a vraiment fait du bien. 

Laurie : Moi aussi, ça a un peu changé ma vie, mais pas autant que Rent! Mais bon… chacun nos titres! 

On a parlé d’asexualité dans le dernier épisode, mais on va pas se cacher que, très souvent, on associe intimité pis sexualité, fait que je vais commencer par là, mais c’est clair que si les frontières de la sexualité sont déjà floues, celles de l’intimité le sont encore plus. 

Alex : Ça fait full travailler mon cerveau, là.

Laurie : Ah, oui oui oui! Si je pars, mettons, des productions artistiques les plus intrinsèquement liées à la sexualité, je pense rapidement à la porn. On peut pas parler de pornographie dans un podcast féministe sans parler du male gaze. En effet, les hommes hétéros ont longtemps été pratiquement le seul public cible de la porno de masse… Je me permets de faire des petites suggestions alternatives d’options un peu moins hétérocentrées pis conçues un peu moins pour satisfaire les hommes straights. 

Fait que si je reste pile dans la porn, je vous conseille Crash Pad Series, qui est vraiment bon site de vidéos pornos féministes et queer (souvent lesbiens) éthiques, payant, mais c’est vraiment génial. 

Alex : Est-ce que il existe une définition, ou est-ce que toi, c’est quoi ta définition de la pornographie qui est éthique?

Laurie : Ben, c’est sûr que de savoir que les acteurs et les actrices sont consentants, ça semble con, mais c’est un point central. Payé.es, et bien traité.es, que tout le monde est bien traité dans la façon dont c’est fait, pis que souvent, les précautions sont prises en termes de santé sexuelle, aussi. Fait que, pour moi, y’aurait ça. Que les gens soient rémunérés pour vrai, pour leur travail, pis le font dans des conditions sécuritaires. 

Alex : Ouais, O.K., merci. On continue ta liste de recommandations. 

Laurie : Ben ma deuxième recommandation, c’est assez simple, ça serait Onlyfan ou n’importe quelle plateforme qui permet de soutenir directement votre ou vos fournisseureuses de plaisirs coquins. N’importe quoi qui vous permet de rémunérer la personne que vous aimez regarder en vous donnant du plaisir.

Sinon, je vous conseille aussi Oui.e, qui est un podcast de porn audio axé sur le consentement.

Alex : Mais là, Laurie, t’es tu en train de faire de l’autopromotion, par hasard?

Laurie : Ah, ça c’est gênant! Non, je fais pas d’autopromotion, je fais la promotion du projet de Catherine Jeanne d’Arc et de Charlie Bourdeau. Mais oui, scoop, si jamais vous l’écoutez, je suis dans un épisode… fait que, c’est ça. Vous tomberez peut-être sur moi! Reparlez-moi s’en, ou reparlez-moi s’en pas, je sais pas si ça me gêne ou pas. Allez l’écouter, parce que le projet en vaut la peine. (rires) Ça, c’était la partie de ma recherche qui impliquait de fouiller les sites pornos. 

Alex : Ouais, Laurie fait ben pitié parce qu’elle a été obligé.e de regarder plein de sites pornos pour sa recherche de cet épisode.

(rires) 

Laurie : Pauvre de moi. Mais là, à part mes propositions personnelles, j’ai fait mes recherches aussi, mes recherches théoriques. Je suis tombée sur un article intéressant de Julie Lavigne, qui analyse les oeuvres de trois artistes féminines sous l’angle de la métapornographie, je vais le mettre en notes d’épisode. 

Alex : O.K., qu’est-ce que tu veux dire?

Laurie : La métapornographie, dans le fond, c’est une façon que plusieurs artistes ont pris pour se réapproprier leur agentivité sexuelle, mais en mimant les codes de la porno traditionnelle et phallocentrée, mais en prenant le contrôle de l’oeuvre pis de la façon à la fois dont les actes sexuels étaient faits et dont les personnages étaient représentés.

Alex : Donc, c’est tu un peu comme des pastiches?

Laurie : Je pense que c’est Annie Sprinkle qui avait fait ça, c’était de reprendre exactement les codes de la porno traditionnelle, mais avec des drag kings, qui représentaient chaque personnage, pis les phallus étaient tous en silicone. Fait que, t’sais, juste aller biaiser ça, pis donc, le public cible s’en trouve changé, aussi. Ça m’a mis sur la route de plein d’artistes, justement, dont Annie Sprinkle, que je ne connaissais pas du tout, mais qui est une militante porn féministe radicale. 

Alex : Je la connais pas non plus. 

Laurie : C’était vraiment intéressant, j’ai passé des heures à fouiller ses affaires. Elle a comme révolutionné la pornographie, en passant d’actrice à réalisatrice, productrice, éducatrice sexuelle, et même sexologue. Elle touche à la sexualité au sens très large. Au début des années 1980, elle était déjà très reconnue en tant qu’actrice suite au succès de son film Deep Inside Annie Sprinkle, mais elle constaté que l’industrie de la porn hétéro ignorait complètement les impacts de la crise du VIH-Sida, pis comme elle avait plein d’amis de cette communauté-là, elle trouvait ça absurde, fait qu’elle a comme commencé à s’impliquer dans cette cause-là, pis à enregistrer des messages vidéos pronant le “safe-sex”, pis à essayer d’initier le port du condom dans les vidéos. 

Alex : Parce que c’était drette pendant la crise du VIH?

Laurie : Oui! Pis la porte, en ne représentant jamais de protections contre les ITSS, à un moment donné, ça diffuse l’idée que ça existe pas, veut, veut pas. 

Alex : Tout à fait, ça peut être full dangereux. 

Laurie : C’est fou, mais comme, personne s’est préoccupé de ses idées, fait qu’elle a lâché la porn mainstream, pis là elle s’est mise à produire, jouer pis diriger des projets qui ont dérangé par leur transgression des normes de genre, de sexe lesbien destiné carrément au female gaze, avec des acteurs et actrices trans. 

Alex : Est-ce qu’une partie de son oeuvre est accessible?

Laurie : Oui, vous allez pouvoir trouver plusieurs affaires, pis elle a écrit des livres aussi, il y a plein d’entrevues d’elle qui sont diffusées, pis, évidemment, faites attention, parce que le vocabulaire qu’elle utilise, entre autres, quand elle parle de transidentité, c’est du vocabulaire qui était utilisé dans les années 1980, 1990, pis aujourd’hui, ça sonne comme si c’était super transphobe, mais j’en ai fouillé pas pire, pis je pense que ses propos ont ben du sens, pis c’était très avangardiste. 

Alex : Ouais, c’est plus du vocabulaire qui est pas mis à jour plus que des idées transphobes.

Laurie : Exact! 

Alex : Cool! On va checker ça. 

Laurie : J’ai envie de mentionner les trois choses qui, selon moi, manquent cruellement dans la porn mainstream. 

Alex : Ah oui, vas-y!

Laurie :  Pis si t’as d’autres idées, tu les ajouteras, parce que c’est important. Première chose qui me saute aux yeux, c’est évidemment le consentement. On veut voir plus de consentement. Parce que c’est excitant, aussi.

Alex : Ben ça parait, une personne qui a pas de fun. Comme tu dis, ça fait fermer son ordi pis pas vouloir checker de porn pendant des années, là. C’est vraiment fucking traumatisant, c’est pas drôle. 

Laurie : Non, c’est ça. Pis c’est vraiment tentant, t’sais c’est teasant d’entendre « heille, ça te tentes-tu qu’on fasse ça? » Pourquoi pas? 

Deuxième point, la protection contre les ITSS, j’en ai parlé une couple de fois, mais, je trouve que c’est une facette de la sexualité qui, à force d’être montrée nulle part, ou du moins, pas dans les contextes consacrés au plaisir, mais juste dans des pubs, ça devient marginale en pratique aussi. C’est un des gros gros plus des CrashPad Series que je vous conseillais tantôt, parce qu’on voit souvent des condoms même sur les sex toys, genre sur la magic wand, même si le scénario inclut souvent un “couple”, ce qui normalement, dans la porn, implique du bareback

Pis mon troisième point, c’est : on veut voir plus de personnes en situation d’handicap pis de personnes grosses, et les actes sexuels différents pis que ces corps-là permettent. Parce que ça change carrément les actes, pis il me semble que ça ferait du bien de voir un peu de différence, parce que je sais pas vous autres, mais à moment donné, ça vire en rond!

Alex : Tout à fait. Pis oui, effectivement, t’sais, ça nous fait réfléchir pis prendre connaissance d’une façon intéressée par d’autres pratiques sexuelles qu’on connait pas parce qu’on est pas dans ces situations-là, par exemple. Genre, je pense à, bon c’est pas de la porno, on s’entend, mais dans Sex Education, une scène super importante pour la représentation d’une relation sexuelle avec une personne en situation de handicap, ça été filmé de façon super respectueuse, pis belle. C’était intéressant aussi, tout était beau là-dedans, pis c’était tellement hot d’avoir cette représentation-là, en fait, dans cette série-là. 

Laurie : Vraiment, pis c’était vraiment… très très sexu. C’était super émoustillant comme scène, elle est vraiment bien faite. C’est drôle, parce que j’allais exactement parler de cette scène-là. C’est comme un peu révolutionnaire, je trouve. 

Alex : Ben oui, parce que y’en a pas d’autres, en tout cas, pas d’autres aussi mainstream, en tout cas, qu’on est capables de nommer rapidement. Clairement, c’est une révolution, pis ça montre que ça peut être intéressant pour un public non-concerné aussi, pis ça peut être excitant pour tout le monde. 

Laurie : Absolument, pis je trouve que ce qui était vraiment beau, dans cette scène-là, c’est que c’était que le handicap était pas montré ni comme un obstacle, ni comme un objet de fétichisation, c’était juste… la réalité de ces deux personnes-là, pis, en tout cas, je trouvais que c’était ben beau. 

Mais là, justement, en quittant la porn, mais en restant dans la sexualité, je voulais parler de Sex Education, pis là je me disais, « tu l’as tu écouté Alex? », visiblement, oui. T’es quel personnage, toi, on fait-tu un sondage? 

Alex : Ah, esti, euh… je sais pas. Mais là, je viens de lire toi t’es lesquels, pis là, on dirait que je suis les mêmes. 

Laurie : On est qui? (rires)

Alex : Parce que t’as écrit que t’étais un mélange de Lily pis de Otis, pis je me reconnais quand même dans Otis pis dans Lily, qui est le personnage qui se questionne à propos de savoir si elle est asexuelle pis qu’elle est dans une relation homosexuelle plus tard, pis que c’est la weirdo un peu, pis elle a de la difficulté à s’assumer, pis son parcours est super touchant. Pis Otis, y’est plus, un peu, il est full empathique, il veut full aider mais il est maladroit. Pis il est super intelligent comme kid.

Laurie : Moi aussi, je suis un mélange de ces deux-là, mais j’aimerais ça être Ola, qui est vraiment ma préférée. 

Alex : Moi j’aimerais ça être Maeve, j’aimerais ça être bad ass comme elle. En même temps, elle a clairement des issues dans sa gestion des relations, donc en même temps c’est mieux de pas être Maeve. 

Laurie : Ah oui, come on, je sais que c’est spoiler, mais allez-y pour le polyamour, la gang, ça se fait votre affaire!

Alex : Hein, j’avais pas pensé à ça, je suis tellement fermée!

Laurie : Écoutez-le! C’est une de nos recommandations, dans le cadre du thème d’aujourd’hui. 

Alex : Vraiment. 

Laurie : autre recommandation de série, la série Non-Orthodoxe. C’est une série sur une jeune femme juive qui se marie au départ, pis qui essaie de faire son chemin dans la vie dans le contexte de sa religion et de son questionnement sur sa religion. Bref, là-dedans, y’a de la représentation de la sexualité comme étant le devoir conjugal. Je trouve que c’est quand même intéressant de voir ça à la télé du point de vue de la femme qui est active dans ses tentatives de réussir à accomplir son « devoir ». On des scènes avec de quelqu’un qui vient lui montrer des exercices pour mener à la réussite de l’acte pénétratif qui sont donnés relativement froidement. En tout cas, c’est vraiment une perspective différente de celles qu’on voit d’habitude à l’écran, pis je trouve que c’est important.

Alex : Je me rappelle de la scène où, au début, elle est complètement convaincue qu’elle a pas de vagin. Elle dit « non, mais moi j’en ai pas! », pis là, la personne qui est en train de lui expliquer les choses lui dit « ben oui, va voir, t’en as un », pis elle est complètement traumatisée, elle le savait pas, pis c’est une jeune adulte. Mais t’as raison, c’est une représentation très différente pis respectueuse, en tout cas je pense, je suis pas concernée, évidemment, mais ouais, super belle. 

Laurie : Oui, moi aussi j’ai eu une impression de respect. Si jamais vous êtes concerné.e par la série et que vous trouvez que non, écrivez-nous là-dessus. 

Moi, j’ai tendance à être très pro-représentations des pratiques sexuelles en autant que ça soit consensuel pis que ça soit montré comme tel, mais on peut aussi se poser la question, surtout à la lueur de notre dernier épisode, d’à quel point cette représentation devrait se faire dans l’espace public, parce que ça peut rendre certaines personnes mal à l’aise aussi. On en pense quoi? Trouves-tu qu’on en voit trop, toi, de la sexualité?

Alex : C’est vraiment une bonne question, mais je pense que peut-être. J’étais assez d’accord avec Gabriel par rapport à sa réflexion qui, pour lui, les milieux queer devraient être un safe space, mais il se sent pas représenté, pis y’a énormément de représentation de sexualité, pis lui il a pas envie de voir ça, pis il se sent isolé là-dedans, au-delà du fait que ça ne l’intéresse pas, il se sent pas représenté, donc je sais pas si y en a trop, mais y’a carrément un manque de représentations de personnes épanouies, féministes, queer, qui ne vivent pas de sexualité, qui sont asexuelles ou qui… sans qu’ils soient nécessairement asexuels pis qu’on en parle, parce que ça, évidemment y’en manque, mais aussi, de la représentation de personnes qui se sentent épanouies par d’autres facettes de leurs vies, ou des représentations où est-ce que c’est peut-être moins important, ou moins central, ou remis en question la question de la sexualité, du sexe, ça manque, ouais, je pense.

Laurie : Ça manque, pis y’a des fois où on pourrait vraiment se passer de la représentation de la sexualité, entre autres au niveau de la pub et du marketing, le sexe comme objet de vente, un peu n’importe quoi, souvent, je pense que je pourrais m’en passer. Quand y’a des représentations de la sexualité, je pense que si c’était fait avec une bonne représentation du consentement, ben c’est nono, mais ça laisserait le temps aux spectateurices qui ont pas le goût de voir la scène…

Alex : De savoir que ça s’en vient. Tu parlais de male gaze, tantôt, de la même façon que des fois, y’a une objectification des personnes d’apparence féminine pour aucune raison dans l’histoire, souvent c’est ça, le male gaze, qui est pas nécessairement un regard fait par un homme, mais qui est plutôt un regard typiquement objectifiant dans la façon de traiter les personnages féminins. Des fois, ça apporte rien à l’histoire, pis même chose pour le sexe, des fois ça apporte rien à l’histoire. T’sais, des fois, faut peut-être que ça soit là, mais des fois, on peut se le demander. Ça vaut-tu la peine?

Laurie : Exactement. J’ai le goût de revenir dans le thème principal de l’intimité, pis vous demander, enfin, qu’est-ce qui caractérise le plus l’intimité, selon vous? C’est quoi le summum de l’intime, est-ce que c’est vraiment la sexualité? Qu’est-ce que t’en penses?

Alex : Ben là, après toute cette discussion, clairement pas, mais pour revenir encore à ma discussion avec Gab la semaine passée, il parlait de contacts charnels qui sont non-sexuels. Je pense que ça peut faire partie des définitions plus physiques de l’intime, selon moi, donc des caresses, de la proximité physique, mais même à ça, je pense que l’intimité a pas besoin d’être des contacts physiques du tout. Je pense vraiment, j’ai le goût de parler de confiance, d’avoir l’impression d’être comprise pis de pas avoir besoin de se justifier, de se sentir comme « à la maison », comme une façon de représenter l’intimité. Qu’est-ce que t’en penses?

Laurie : Oui, c’est beau, je suis super d’accord. C’est tellement large, l’intimité. Pis là, je me suis pas cassé la tête, je suis allé.e voir dans le dictionnaire, premièrement, pis, selon le Robert, l’intimité, c’est « caractère intime et profond ; ce qui est intérieur et secret ». J’aime vraiment l’association entre intérieur et intime, ce qu’on est pas prêt à partager avec la totalité du monde. Ce qui nous appartient à nous, à quelqu’un. 

Alex : Qu’on veut protéger. 

Laurie : Dans le cadre des représentations, ben là, ce qui devient intéressant, c’est le partage de ce qui est intime pis qui est supposé être secret. Ça m’a poussé à lire des autobiographies, parce que je me suis dit, c’est le genre qui, de prime abord, semble la façon la plus authentique de partager son intimité, mais j’ai vite réalisé que ce que ça permet avant tout, c’est de donner aux artistes la possibilité de choisir la façon dont iels se représentent. De contrôler le narrative. Ça m’a fait pensé que, quand quand j’étudiais en littérature, on disait tout le temps que tout ce qui s’écrit devient, au moins partiellement, fictif, parce que ça repose juste sur la vision d’une personne, ou d’un groupe, et que les faits sont toujours manipulables. Ça me semble clair qu’il y a beaucoup de choses difficiles à fronter dans une bio, que le couvert de la fiction peut rendre exprimable. Pis après, est-ce qu’on apprend plus dans la fiction que dans la bio? Je pense que…oui. 

Donc par conviction profonde, on passe vite sur les bios, pis je vous amène à la fiction. 

Alex : O.K.! Mais je suis d’accord, parce que la fiction pis la créativité part tellement de l’intérieur, comme on disait tantôt, que je sais pas si je suis prête à dire que c’est aussi près qu’une bio, mais c’est certainement intime et personnel. 

Laurie : Ouais, pas nécessairement plus, mais ça dépend de ce que tu es prêt ou pas à partager. Ça enlève la partie gêne de « ça va m’être associé ». 

Bon, l’importance de se voir représenté dans l’art et les médias, c’est indéniable, on en a parlé, Kezna en a parlé aussi dans l’entrevue. De voir que des personnages qui nous ressemblent sont dignes d’assez d’intérêt pour trouver leur place dans des productions grand public, c’est essentiel pour le développement d’une estime de soi positive. On parle souvent de cet enjeu, et tant mieux, parce que c’est ultra important, mais j’ai le goût d’ajouter une deuxième raison pourquoi c’est important, la représentation, pis ça va peut-être un peu sonner  « manipulons le monde intolérant pour qu’il s’améliore », mais j’assume. Je pense que la représentation de diverses facettes de l’intime qui sont à l’extérieur des stéréotypes, ça permet au « grand public », ici ce serait pour désigner, mettons, les gens qui sont déjà fortement représentés dans les oeuvres artistiques, ça permet à ce public-là de développer son empathie. On a un certain pouvoir avec l’art, que ça devrait être un devoir de contribuer à la réflexion collective, de remettre en question l’ordre établi quand ça clash avec nos valeurs. Pis si on montre toujours les mêmes types de couples hétéros blancs minces sans handicap, mettons, ça devient un big deal quand un personnage hors de ces normes-là vit une histoire d’amour, pis là, ça se ramasse à la radio, dans des articles, même nous on en parle, parce que c’est nouveau pis que  ça fait pas partie de l’univers des possibles. Mettons, que ton personnage soit sourd et épanoui romantiquement et sexuellement  sans que l’histoire dans laquelle il est présenté traite uniquement de sa surdité, parce que les personnages sont souvent vraiment unidimensionnels, quand ils sont marginalisé. Me semble que ça pourrait faire du bien au grand public d’avoir la chance de s’attacher à des personnages qui ne sont pas calqués sur lui, ça rendrait leur réalité moins abstraite, pis ça les mettrait moins sur la défensive quand vient à lutter avec ces personnages marginalisés-là.

Alex : C’est fou comment on a de l’empathie pour des personnages qui existent pas au-delà des personnes qui existent. Pis, t’sais, en plus, du côté positif que t’apporte, je pense qu’en ce moment, les représentations des personnes marginalisées sont souvent vraiment dans la moquerie pis dans les stéréotypes, fait que vu qu’on a un espèce de, on prend la fiction pour la réalité parce que ça nous touche davantage, ben ces représentations-là, par exemple d’une personne grosse qui est tout le temps ridicule et paresseuse, pour aucune raison y’a tout le temps ce personnage-là. Je suis en train d’écouter Never Have I Ever, qui est super bon, mais qui a un personnage gros pour la seule et unique raison de faire rire de lui, ce que je déplore énormément, mais ces représentations-là restent dans notre non-empathie qu’on développe envers certains types de personnes. 

Laurie : Vraiment, pis aussi, on peut se demander des fois si le manque de représentation certaines catégories, c’est pas lié au côté marketing de l’affaire, t’sais, c’est vraiment vendeur que ton personnage principal soit gros, soit queer, soit noir, t’sais, y’a ces questions-là. Dans le cadre LGBT, j’ai réussi à retracer des statistiques, pis aux États-Unis, en 2020, il y avait à peine 2% des films au box office américain présentaient un personnage central queer, ou “expressing any kind of queerness”, fait que ça c’est quand même large, par rapport à 8% des américainEs s’identifient comme LGBT cette année-là. C’est Ellie Lockart qui a un PhD en communications, qui a étudié ça, pis dans une entrevue avec The Observer, iel explique que si plusieurs supposent que les films LGBT soient censurés ou pas faits de façon explicite parce que ce serait pas exportables, prétextant le climat anti LGBT de la Chine et de la Russie, mais leur argument ne tient pas la route parce qu’en fait, ces films-là rapportent parfois davantage à l’international qu’aux États-Unis en soi, pis il n’y a pas d’écart significatif en terme de visionnements entre les films d’une grande franchise présentant un personnage queer VS ceux qui en ont pas. Le constat, je pense qu’on doit booster la représentation pis on engage des scénaristes, réalisateurs, des actrices, des acteurs, queers, trans, en situation de handicap et noirs ou racisés. Je pense que ça ferait pas de tort! Hollywood, qui nous écoute sûrement, je pense que ça vaut la peine. 

Alex : C’est drôle, j’écoutais un podcast, You’re wrong about, qui est un de mes podcasts préférés, pis l’animateur disait qu’on dirait qu’Hollywood passe son temps à réaliser que les personnes queer pis les femmes sont un marché. Ils reviennent à cette réalisation-là, à toutes les années sont comme « Ah fuck, ce monde-là aussi y loue des films, ce monde-là aussi y stream sur Netflix », mais comme, écrivez-vous le sur un caliss de post-it, voyons! (rires) C’est épouvantable, arrêtez!

Laurie : Tellement. Pis je reviens souvent, dans cette épisode-là, avec la représentation des personnes grosses, mais je trouve vraiment que c’est vraiment, dans le marché mainstream, quelque chose qui manque vraiment beaucoup, pis dans l’étude que je citais, ben la personne a beaucoup étudié les films d’action pis super héros, pis t’sais, comme, y’en a pas de représentations de personnes grosses ou de personnes en situation de handicap, c’est genre… ça rentre pas dans les stéréotypes. En tout cas, on en veut!

Alex : Oui, tellement! Caliss.

Laurie : Bonm, côté littérature maintenant, dans cet épisode de recommandations qui ne finit plus, je vous conseille La fille d’elle-même de Gabrielle Boulianne-Tremblay. C’est vraiment un bon roman sur l’enfance d’une jeune femme trans hors-métropole. Tout cas, lisez ça, c’est vraiment, vraiment bon.

Alex : Vraiment, what a queen

Laurie : Pis aussi, le roman Grand Huit d’Ève Landry qu’on a reçu dans une saison précédente. Le queerness de la relation qui est dans le livre est sous-jacent à l’histoire, mais ça en est pas le centre. Je trouve que ça aussi, ça fait du bien, de normaliser les relations queers ou les relations intimes différentes sans que ça soit le centre de l’histoire. 

On a parlé beaucoup d’intimité dans l’art, on peut mais j’ai le goût de nous revirer ça de bord deux secondes et de parler un peu de l’art dans l’intime, notamment les façons dont on façonne ou modifie notre propre représentation, ou notre intimité, avec l’art. Je pense à la passion commune de plein de monde de la communauté queer des stickers, des patches, des macarons pour être sûr que la partie de notre intimité qui concerne notre identité ou nos préférences sexuelles soit visible. On peut se demander, est-ce que ça relève encore de l’intime quand on désire vraiment le fronter?

Alex : On a pas fini de répondre à cette question-là!

Laurie : On le sait pas! On peut penser aux artistes qui font du tatouage, du perçage, de la scarification ou n’importe quel type de modifications corporelles. C’est fou! La personne qui va pendant quatre heures te tatouer l’aine… j’veux dire, c’est intime. Je sais pas exactement ce que je veux dire là-dessus, mais clairement l’art pis l’intimité, c’est comme ultra inter-relié. Pis on parle même pas de la danse! Je vous conseille de réécouter notre épisode avec Sonia Palato parce qu’elle en a parlait vraiment bien, le lien entre le mouvement pis ce qui tient de l’intimité qui est difficilement exprimable avec les mots. 

Alex : Qui peut être mieux représenté par des mouvements pis par une émotion transmise par la danse. Oui, tout à fait. 

Laurie : T’avais-tu d’autres suggestions, Alex, de trucs à watcher? On a-tu fait le tour?

Alex : Ben là, c’est sûr que non! 

Laurie : Genre, ça se peut pas.

(Intermède musical) 

Segment 5 :  Assis-toi sur ton sofa avec ton inconfort par Miriame Gabrielle Archin

Myriame : Euh, c’est parce que… moi aussi, j’ai des choses pertinentes à dire sur le sujet. Fait que… je vais juste vous les dire.

Je vais vous avouer que le partage de Kezna par rapport à son art et sa relation avec l’intime a beaucoup résonné en moi. D’une part, par rapport à la représentation de l’intimité afro-queer, mais afro point, on pourrait dire, qui est soit inexistante, ou super pornographique, sans vraiment d’entre deux. Pis l’aspect pornographique dans ces représentations est pas l’intime, ne sont pas intimes, si je peux le dire comme ça. T’sais, le doux et le chaud qui vient de partager son intimité avec quelqu’un d’autre. Veut, veut pas, c’est de l’image que la majorité des notions qui nous ont été introduites, par des images, pis, oui, la représentation c’est super important, mais je pense que ce qui l’est encore plus, c’est de véhiculer des images douces, des choses qui mettent en scène une vulnérabilité, parce que nous sommes tous d’accord que de se voir représenté est une forme majeure de validation. Pis, pour nous, en tant que personne noire, de voir l’intimité et la sexualité dans ce chaud et ce doux que je mentionne depuis le début, ça nous donne aussi en quelque sorte le droit à notre vulnérabilité, pis ça crée aussi un espace où on peut s’éclipser de cette lourdeur par rapport aux charges politiques qui nous sont imposées, en plus de nous ramener à l’humanité de notre corps. Pis je considère que, personnellement, que ce type de représentation est un passage quasi-obligé dans la libération et la décolonisation du corps noir. Pis t’sais, l’art a toujours été un outil politique puissant pour flipper des narratifs, pis d’ailleurs, un des exemples qui m’a vraiment marqué, c’est celui d’un artiste visuel noir, qui s’est présenté à une de ses expos avec une femme blanche nue autour de son cou, qu’il portait comme un châle. Ça a provoqué un émoi chez les femmes blanches, dans le groupe féministe dans lequel l’image a été posté. Par contre, toutes les personnes noires du groupe ont vu ce qui devait être vu, en fait, c’était une référence à l’hypersexualisation des hommes noirs par les femmes blanches, en plus de faire écho à ce mythe du prédateur sexuel noir. Pauvre femme blanche si innocente, nécessitant tant de protection! En tout cas… en plus de ça, ça faisait aussi écho à la tendance que les femmes blanches ont jadis eu d’accuser à tort un homme noir ou un jeune garçon noir d’aggression, car elle savait très bien que l’homme en question avait aucune chance de s’en sortir. Fait qu’en une seule photo, moi et mes consoeurs en sommes venues aux mêmes conclusions. 

L’art est un espace important et puissant de toutes sortes de manières, même que pour certains, c’est le seul endroit sécuritaire pour exposer sa vulnérabilité. Cependant, je trouve ça important de souligner l’importance de faire attention à cette tendance d’instinctivement catégoriser l’art d’une personne BIPOC comme étant de l’art politique juste parce que c’est une personne BIPOC. Je vais vous inviter à approfondir cette réflexion, pis de faire un lien par rapport à la compréhension collective du corps noir et de l’espace qu’il a le « droit » d’occuper. 

Pour terminer, je vous invite à vous procurer les livres The body is not an apology de l’auteure Sonya Renee Taylor, pis je dis les, car il y a deux éditions et un workbook que je me suis commandée cette semaine, sur ma carte de crédit que je suis censée réduire au lieu d’acheter des trucs sur Internet. (rires) En tout cas.  Pour résumer, l’auteure nous amène à nous questionner sur la relation qu’on a avec le corps de manière générale, que ce soit le nôtre ou ceux des autres. À travers ça, elle nous pousse à déconstruire beaucoup de biais inconscients, en l’occurrence, celui qui nous dit, qui a fait en sorte qu’on a assimilé qu’il existe un bon type de corps, pis l’auteure navigue ces thèmes en élaborant ce qu’elle nomme comme étant the body terrorism et dans le fond, tout ça est créé, a été écrit afin de faire du travail de radical self-care, d’ailleurs, je pense que ça fait partie du titre. C’est un très bon livre, que j’ai lu, que j’ai pas encore terminé parce que c’était tellement bon qu’il a fallu que je le prête à mon amie, pis t’sais. D’ailleurs, quelque chose de même, c’est pas parce que l’auteure est noire que c’est un livre exclusivement pour les personnes noires. D’ailleurs, je pense que c’est dans ce livre-là que l’auteure elle-même le mentionne que c’est un livre pour tous, c’est super inclusive, mais évidemment à mettre au coeur de cette oeuvre les femmes noires, because you know, though, we’re so disrespected in those streets! En tout cas. Je pense que c’est autre chose à approfondir pour nos auditeureuses  blanc, blanches, l’idée qu’une oeuvre d’art, tous médiums confondus, présenté par un artiste noir ou POC est automatiquement que pour les personnes BIPOC. 

Ainsi, je vous dis à la revoyure, et si quelqu’un s’est senti inconfortable, qu’iel aille s’asseoir sur son sofa avec pour le regarder dans le blanc des yeux. O.K, bye! 

Segment 6 : Mot de la fin

Laurie : Bon, ben merci à Myriame Gabrielle Archin d’encore nous couper la parole. On commence à être tanné.es, mais je pense qu’on va l’être ben plus à la fin de la saison, parce qu’on est pas à veille de la renvoyer! 

Alex : (rires) Ben non, on l’aime!

Laurie : On l’aime! Donc, c’est ce qui conclut cet épisode de ToutEs ou pantoute. On se demande : pis vous, qu’est-ce que ça vous évoque, êtes-vous avides ou à boute d’entendre parler de sexualité? Vous rappelez-vous de la première fois où vous vous êtes reconnu dans des oeuvres d’art? C’est quoi pour vous l’intimité? On le sait pas, nous autres. 

Alex : Ouais, s.v.p., pouvez-vous répondre à cette question qui nous taraude? On a le goût de vous entendre, pis de vous lire, faque gênez vous pas pour nous écrire sur nos médias sociaux, on s’appelle toutEs ou pantoute pis on est sur Instagram et Facebook et on a  un site web, toutesoupantoute.com, pis même un courriel toutesoupantoute@gmail.com. Pas de raison de pas venir nous écrire. On veut vous lire!

Laurie : On vous invite d’ailleurs à nous écrire si vous pensez qu’on peut s’améliorer d’une quelconque manière. Si vous voulez nous souligner nos angles morts? Qui on oublie, qu’est-ce qu’on oublie? Hésitez pas à nous aider à être meilleur.es, on est pleines de bonne volonté pis on sait ben que nos connaissances sont pas à la veille de notre désir de ben faire. 

Si vous avez une passion, un talent, une expertise, pis que vous aimeriez partager ça comme une chlamydia dans une orgie de bareback sex filmée sans dépistage au préalable, écrivez-nous! 

Alex : (rires) Caliss!

Laurie : Ça dérape, les blagues. On vous répondra avec les protections adéquates, parce qu’on veut vous connaître et qu’on est toujours à la recherche de nouveaux sujets et de personnes de tous horizons pour en parler avec nous en ondes! On veut sortir de nos cercles! Help!

Alex : On remercie beaucoup Kezna Dalz pour ton temps et pour cette entrevue full intéressante. On va mettre les liens vers ses plateformes et ses multiples projets artistiques dans les notes de l’épisode. Merci à Myriam Gabrielle Archin pour son nouveau segment plus que rafraîchissant. Merci à Elyze Venne-Deshaies pour les brand new jingles, avec Christelle Saint-Julien à la harpe et Henri-June Pilote aux percussions. Merci à Odrée Laperrière pour notre tout nouveau visuel, à Cassandra Cacheiro pour nos photos, Marie-Ève Boisvert pour le montage et le mixage, Maïna Albert pour l’habillage sonore. Merci à Ève-Laurence Hébert pour la coordination et Melyssa Elmer à la gestion de médias sociaux. Merci au Conseil des arts du Canada pour son soutien. Et finalement : merci à vous autres d’avoir joué avec nous! 

Ensemble : Bye! 

(musique de fin)

Fin de l’épisode